Tout partait à nouveau à volo... Jeni ne contrôlait plus rien et pour être honnête, elle n'avait jamais contrôlé grand-chose, elle s'en persuadait pour ne pas mourir de peur à chacun de ses pas, toutefois elle savait, elle savait que le monde ne tournait plus selon ses règles, ni selon les règles des humains d'ailleurs, mais uniquement selon les leurs, selon ses monstres. Sa gorge lui brulait, ses yeux aussi, sans parler de ses genoux qui commençaient sérieusement à flancher, elle n'arrivait plus à rien, hormis tenir fermement sa chaise roulante, comme si c'était la seule chose qui pouvait l'empêcher de perdre pied. Elle fut bousculée, par un host sans doute, ou peut-être par un humain paniqué, en tout cas elle tomba à terre, s 'éloignant de Juliet, elle ne put même pas hurler son nom, la pauvre ne parvint qu'à tousser en se tenant au mur, tentant de se relever, difficilement. Jeni se mit à chercher avec sa main sa chaise, qu'elle parvint à récupérer, mais sa meilleure amie et sa cousine n'étaient plus vraiment dans son champ de vision et ça, c'était le pire de ce qu'elle pouvait espérer de tout ce bordel. Si Juliet devenait un host? Si Eileen devenait un Host? Que ferait-elle sans les membres de sa famille? Elle serait seule... Encore et toujours cette peur de la solitude plus ardente que celle de la mort. Pas le temps de philosopher, voilà qu'on la bouscule à nouveau, on l'attrape par derrière, quelqu'un tente de toute évidence de la contrôler, elle se débat, le frappe autant qu'elle peut, et se rappelle alors qu'elle a une arme... chargée... Sans vraiment réfléchir, et motivé par une autre détonation qui raisonne dans les tunnels, Jeni' rapproche l'arme de son visage, visant au hasard puisque l'homme, ou peut-être la femme , se trouvait derrière elle, les bras autour de son cou.

La belle parvint à tirer, elle ne le tue pas, heureusement, il semblait surtout touché à l'oreille, autant par la balle qui a effleuré sa peau désormais sanguinolente que par le bruit qui lui a sans aucun doute percé les tympans... tout comme pour la Busby-Brooks. Cette dernière tombe à genoux, les mains sur ses oreilles, la douleur est vive, presque insupportable. Elle n'entend plus rien. Tout est brumeux, comme si quelqu'un avait baissé le son presque au maximum, elle n'entend que des sons lointains, étouffés... C'est à ce moment-là que son regard croise Juliet qui s'enfuit. La fumée commence à se dissiper, pas assez pour qu'elle voie les choses clairement, cela dit, elle l'a reconnue, elle tient la main de quelqu'un. Sur le coup, elle imagine que c'est Eileen. Peut-être parce qu'elle désire ardemment que ce soit le cas... Persuadé que les personnes qu'elle aime sont en train de fuir, elle décide d'en faire autant , elle attrape sa chaise d'une main , se relève, et cours, se moquant de la douleur, de toute façon, à cet instant, chaque partie de son corps semble la faire souffrir et si elle s'écoutait, elle se laisserait simplement tomber au sol, tel l'être pathétique qu'elle pense être.

Le chemin paraît si long... en fait, elle n'est même pas sûre que ce soit la bonne route, et jusqu'au moment où elle aperçoit de la lumière, la belle imagine s'être trompée. La sortie est pourtant là... gage, plus ou moins, de sécurité. Elle accélère, terrifiée à l'idée qu'on l'attrape si près de but, et finalement, elle se retrouve dehors, à l'air libre, enfin. Jenibelle prends une longue inspiration, tousse légèrement, ses oreilles son encore douloureuse, elles sifflent, mais elle oublie se détail lorsqu'elle aperçoit Juliet … malheureusement, à ses côtés, ce n'est pas Eileen, mais plutôt la petite fille de tout à l'heure, la soeur du beau gosse brun, elle s'en souvient car elle l'avait entendu dire à la cohorte. Elle hésite durant un instant, y retourner serait du suicide. Mais c'est sa cousine qui est là-bas... La jeune femme décide donc de laisser sa chaise sur place et d'y retourner, mais à peine eut-elle fait deux pas qu'elle trébuche. Son genou flanche, douloureusement, elle retient un cris et comprends qu'elle ne peut plus y retourner, peu importe ses désires. Elle voudrait pleurer, mais elle n'y arrive pas, elle n'y arrive plus. Son regard se pose alors sur Juliet en train de s'en aller dans la forêt et elle décide de la suivre, rester à découvert étant plutôt stupide. Jeni' se relève, se retenant à son fauteuil, puis elle se traine difficilement à la poursuite de son amie, boitant, souffrant, mais, peu importe, lorsqu'elle se retrouve entre ses arbres et que Juliet la remarque enfin, elle se sent en sécurité, la prenant dans ses bras comme pour se persuader que tout ça est bel et bien vrai. La brunette croise très vite le regard de cette petite fille, perdu et terrifiée, elle lui lance un sourire et un « Tout va bien, ça va aller, ne t'inquiète pas, ton frère va nous rejoindre très vite... » pour la rassurer... même si elle ne croit pas à la moitié de ce qu'elle vient de lancer... Tout était fini maintenant... Ou peut-être que tout ne faisait que commencer.

À peine avais-tu retrouvé ta Juliet que le destin s'acharnait sur vous à nouveau. Boum, groupe d'host dans ta face, prends toi ça dans les dents Jim. T'es content maintenant ? Tu t'étouffes bien ? Y'a trop de fumée pour tes yeux clairs, trop de particules pour laisser ta gorge tranquille, à son état naturel. Tu tousses, plusieurs fois, crachant tes poumons le dos courbé. Tu dois te baisser, chercher l'air frais. Ta main lâche celle de Juliet, ton cerveau ne répond plus. Tu es en mode survie. Il commence à y avoir du bruit maintenant, vraiment beaucoup de bruit. Ils sont là, tout près et comme un con tu la laisses ta princesse, tu la laisses pour te joindre au combat. C'est la première fois de ta vie et tu ne les connais même pas ces gens. Le gaz grisâtre qu'ils ont lancé t'empêche de voir, alors tu envoies les coups à l'aveugle. Tu sens un masque sous tes doigts, et frappe aussi fort que tu peux. On t'avait toujours dit de ne jamais frapper les femmes, mais bon, c'était un cas extrême. Puis soudain, comme ça, sorti de nulle part un coup de flingue retenti. Merde, ça sent pas bon ça. T'essaies de revisualiser tes camarades de galères, de voir si l'un d'entre eux était armé. Julian l'était, du moins dans ton souvenir. Ça pas fait pas du bien quand même le bruit de la déflagration à quelques mètres, puis ça résonne c'te saloperie. Fait chier, tes oreilles bourdonnent maintenant. Tu te tiens au mur un instant pour retrouver ton équilibre. Tu voudrais retrouver Juliet. Il faut que tu la retrouves. Tu ne t'en remettrais pas si elle devait se faire kidnapper par ces empatafiolés d'aliens.  

Courant en sens inverse, t'essaies de revenir sur tes pas. Mais elle n'est plus là. Ta gorge te fais mal, t'as une boule qui grandit petit à petit, se coinçant dans ton œsophage. Tu l'as perdue. T'as lâché ta Juliet. Qu'est ce que tu as fait Jim ? Une part de toi espère qu'elle a réussit à s'enfuir avec les autres. L'autre te répète incessamment que c'est finit, qu'ils ont réussit à l'avoir.