Jamais Bridget ne se serait aventurée dans un endroit aussi glauque et peu éclairé sans une bonne raison. Au départ, elle était plutôt gaillarde, elle n’avait pas si peur que ça. Mais plus elle s’éloignait du bivouac, plus la lumière s’estompait, plus elle craignait pour sa vie. Mais quelle idée totalement dénuée de bon sens que de partir seule explorer les lignes abandonnées du métro de Cincinnati ! Certes, ce n’était pas sans raison qu’elle avait quitté le bivouac. Depuis quelques jours, Bridget avait fait la connaissance d’un mignon petit chat roux. Il devait être seul et abandonné lui aussi. Elle se demandait bien comment les hosts et les extraterrestres se comportaient avec les animaux.
Au départ, elle ne le voyait que très peu, puis ils sont très vite devenus amis à partir du moment où elle lui donnait régulièrement de quoi manger. Elle ne lui avait pas encore donné de nom. Par conséquent, elle avait l’air particulièrement niaise à appeler « Le Chat ! » dans l’obscurité du tunnel. Si elle le cherchait, c’est qu’il n’était pas venu manger aujourd’hui. Elle s’inquiétait d’une part, d’autre part, comme elle était relativement nouvelle, Bridget n’avait pas grand-chose à faire pour le moment. Personne n’osait encore mettre sa tête entre les ciseaux aiguisés de la jeune femme. Sa réputation la précédait oui, mais par jusqu’à Cincinnati. Elle ne faisait pas grand-chose de ses journées, elle aidait tant qu’elle pouvait pour s’intégrer dans ce microcosme, voulait montrer qu‘elle était utile et se prouver à elle-même qu‘elle n‘était plus dans l‘ombre de ce balourd qui lui avait servis d‘escorte depuis qu‘ils avaient bousillés son bateau.
Bridget n’était pas partie les mains vides. Dans l’une, elle tenait une lampe torche à manivelle qui commençait à fatiguer. L’autre tenait un bien gros revolver qu’elle avait glissé dans son pantalon (comme dans les films). Elle essayer de marcher sans faire le moindre bruit, se concentrant sur chaque mouvement et sonorité éventuel. Lorsque l’on a peur, tous nos sens sont en éveil… Le moindre bruit suscité chez elle un raidissement de la colonne vertébrale accompagné d’un frisson désagréable. La plus par du temps, ce n’était qu’une goutte d’eau qui tombait, lorsque ce n’était pas un rat. A chaque mouvement de sa lampe, elle avait peur de tomber sur quelque chose d’hostile, une expérience extraterrestre jetée dans le métro, ou juste un host, ça suffisait à la faire frémir. Elle avait vu quelques films d’horreur se passant dans le métro, toujours avec des monstres et une belle idiote qui se faisait alpaguer par l’un d’eux. Ca ne finissait jamais sans un splendide bain de sang.
De plus en plus fébrile, Bridget appelait Le Chat. Faisait avec sa bouche, le bruit qu’on a l’habitude de faire pour attirer un animal. Ce genre de succion ou de bisou dans le vide. C’est amusant, car elle essayait d’être le plus discrète possible, mais malgré tout, elle devait rester repérable si elle voulait attirer le chat.
Si ça se trouve, pensait-elle, il n’est même pas parti dans les tunnels, il est peut-être dehors ou avec quelqu’un d’autre qui lui a filé à manger, sale chat de merde… Elle se demandait si les aliens faisaient des expériences sur les animaux, s’ils y inoculaient aussi des esprits extraterrestres. Enfin, excepté pour passer inaperçu, Bridget ne voyait pas l’intérêt pour un alien de s’implanter dans le corps d’un chat. Sa lampe à dynamo, vieille, fatiguait réellement. Elle avait beau tourner la manivelle, la lumière se faisait de moins en moins franche et rassurante. Il finit par disparaître carrément.
Ok, s’en était trop pour Bridget. Elle fit demi-tour, l’arme rassurante était tenue d’une main crispée droit devant elle, le doigt sur la gâchette, une sueur froide la parcourait. Elle faisait son possible pour se diriger dans le noir, sans tomber, ni heurter quelque chose. Malgré tout, la panique commençait à siffler jusqu’à ses oreilles.
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