Cela aurait pu être un conte de fées. Une histoire d'amour mêlant mille et une merveilles, s'achevant par un happy end où les bienheureux seraient entourés par de joyeux bambins alors que la guerre se dissipait pour laisser place à un temps de paix. Une paix éternelle.
Mais est-ce que vous avez déjà apprécier du regard un conte de fée devenir réalité ?

Avez-vous même déjà vu un extraterrestre en tenir le rôle principal ?

Non, jamais.

Non, le malheur les enserre, les étouffe, laissant derrière lui une enveloppe vide où règne uniquement l'ataraxie.

Car il n'existe jamais de fins heureuses.

Chapter one ✘ « Acception : The beginning of way. »

Elle n'en garde que des rêves. Des souvenirs brefs qui papillonnent devant ses yeux lorsqu'elle est attelée à telle ou telle activité. Rien de vraiment concret. Rien de réellement perturbant.
Néanmoins, lorsqu'elle s'y raccroche, à l'aide des témoignages diverses qu'elle a su cueillir au bon moment, elle sait combien ces réminiscences sont tangibles.
C'est ainsi qu'elle a su faire la part entre mensonge et vérité.

C'est ainsi qu'elle a su déterminer avec application ses véritables origines. Quelles soient terriennes ou extraterrestres.

Dara n'a rien d'une américaine. Oh oui, elle a une la chance d'en avoir la nationalité, mais c'est uniquement dû à sa naissance. Rien de plus. De ce qu'elle sait, ces parents sont arabes et notamment israélien en ce qui concerne son père. Mais elle n'en est pas certaine, elle n'a pas pu croiser ces informations avec une autre preuve. Ces parents seraient d'ailleurs arrivés sur les terres américaines à la fin des années soixante.

En toute clandestinité.

Ce n'est qu'à la fin de l'année 1962, en Louisiane, que Dara vit le jour, faisant la joie de ses parents.

Pour n'en profiter que trop peu de temps.

Ils guidaient de leur fille à travers le chemin de la vie, malgré leur vie misérable et malgré les soucis que peut endurer une petite fille lorsqu'elle vit dans un lotissement délabré. Les accidents étaient fréquents, trop fréquents. C'est ce qui d'ailleurs arriva à leur enfant lorsqu'elle fut toute jeune, un mauvais coup sur la tête. Un manque de moyen pour la soigner. Un espoir vif qu'elle se réveille malgré tout et la joie de constater qu'elle va bien, qu'elle semble en garder aucune séquelle. Ils profitaient malgré tout autant qu'ils le pouvaient tout en forniquant des regrets vis à vis de ce que l'on appelait "le rêve américain". Il n'en était rien de ce rêve. Ce n'était que le diable dissimulé derrière la lumière. Un mirage. Une illusion. Une machination.

D'après James Wintlock, le père de Dara était une personne qui avait toujours quelque chose à dire, à critiquer. Il a été un phénomène pour le bidonville dans lequel ils habitaient lui et sa femme -Et bientôt sa fille-, mais il a eu un jour la malheureuse idée de dénoncer les tords d'un avocat, alors que ce dernier exprimait son opinion vis à vis des noirs au sein de ce pays. Ces paroles, qui pourrait semblaient anodines, eurent un effet dévastateur. Un capharnaüm d'affabulations plus grandes les unes que les autres.

L'avocat réussi avec brio à influencer le jury, à les certifier de part son comportement, ses mots et ses origines que le père de Dara était un pécheur. Mais surtout un voleur.

Tout fut réglé d'une manière expéditive.

Et sans prendre en compte le cas de l'enfant, les parents furent dans l'obligation de retourner sur leurs terres d'origines. Ce n'était que des déchets de la société. Des étrangers. Ils n'avaient rien à faire sur leurs terres, en particulier en étant sans papiers.

Au contraire de Dara, qui avait la nationalité américaine et qui donc pouvait demeurer au sein des Etats-Unies.

C'est d'ailleurs un point que l'avocat s'est dépêché de régler. Non, sa rancune ne s'était pas encore dissipée. Il fallait qu'il paye leur affront.

Dara fut arraché du soin de leurs parents. Rien de plus simple. Ils vivaient dans un endroit indécent, invivable pour un enfant. Avec quelques pot-de-vins par-ci, par-là, le tour était fini.

Dara fut adopté par une famille américaine. Riche, qui plus est. Des diplomates. La mère était incapable d'avoir un enfant, Dara était pour elle un miracle. Son miracle du "rêve américain", celui inaccessible. Cependant, il ne fallait pas qu'elle ait un telle nom. On devait croire qu'elle était née sur ce pays et que son adoption n'était seulement dû qu'à la grande bonté des Fitzwilliam. Alors, elle reçu le nom de Rosaleen, celui qu'elle arbora jusqu'à sa majorité. Jusqu'à ce qu'elle sache.

Ce dont personne ne se doutait, en revanche, c'était de la réelle identité de Dara. Non, elle s'appelle bien Dara Rosaleen Fitzwilliam. Oui, elle a cette enveloppe physique qui démontre qu'elle est humaine. Mais si vous étiez un peu curieux, si vous cherchiez davantage, vous auriez vu cette petite imperfection à l'arrière de son crâne. Cette bosse minuscule, qui pourrait presque passer pour un "défaut de fabrication".

Ce défaut qui fait d'elle un Host, à part entière.

Chapter two ✘ « All you need is love. »

Elle avait cru voir la lumière. Elle avait cru distinguer un éclat de pureté, cette blancheur dénuée d'imperfection. Dans un éclat d’inconscience, d'un rêve, elle a pensé que c'était dorénavant son temps, qu'elle serait heureuse.

Parce qu'enfin, ce rêve promis lui apparaissait pour la première fois.

C'était pour elle comme un retour d’ascenseur, un cadeau pour tous les efforts qu'elle avait fourni. Mais rapidement, elle pris conscience qu'elle ne pouvait que voir la vitrine, constater combien ce songe lui paraissait à la fois clair et magnifique. Elle n'avait aucun droit sur ce songe. Rien.

Non, Dara devait vivre dans la tourmente. Elle devait se découvrir, aussi entièrement que cela était possible.

Alors la jeune femme s'était détourné de ce mirage, non sans promettre de le raviver plus tard, d'y revenir et de le conquérir de nouveau.

Dara avait tiré un trait sur son premier amour, sur ces sentiments pour un blanc. Elle n'aurait jamais su pouvoir vous dire pour quelles raisons elle avait abandonné, elle pourrait simplement vous décrire une sensation, une émotion.

C'est comme si un gouffre les séparait. Un précipice. Comme si lorsqu'elle goûtait à ses lèvres, elle réalisait un péché interdit.

Et sa foi au Seigneur était bien trop grande pour se risquer de l'offenser.

C'est ainsi que sa première idylle s'acheva.

Chapter three ✘ « Social habituation. »

Peu de temps après sa première relation, elle débuta ses années de droit. Dara n'était pas encore perturbée par ses questions identitaires. Elle aimait ses parents et ils lui rendaient bien en lui payant la meilleure école qu'ils pouvaient se permettre. Ils avaient d'ailleurs été enchantés de la voir poursuivre dans la même lignée qu'eux, cela les ravissait de voir leur fille devenir l'héritière de ce qu'ils avaient réussit à fonder au fil des années, alors c'est sans problème que son père lui donnait son aide, l'aidait à progresser. Cependant, cela n'était que trop peu utile, il semblait que Dara avait acquis un talent pour le droit. Elle assimilait tout sans grande difficulté, à la grande surprise de sa mère. Ainsi, Dara pouvait se permettre quelques extravagances. Comme des sorties, par exemple.

Ce fut d'ailleurs l'une d'elle qui annonça le tournant majeur de sa vie.

Celui qui déclencha sa crise identitaire.

L'année de ses 22 ans, un soir de février. Une fête sans conséquence, il n'y avait même pas eu de bière suffisantes pour tous les invités. Tous ont du se retrancher sur les sodas, bons, mais rien de comparable à la boisson amère. Ce fut à ce moment là, alors qu'elle s’apprêtait à boire le liquide de son verre qu'elle l'entendit. Ce bruit strident. Non, pas strident. Aiguë. Incroyablement aiguë. Comme ces gens qui, lorsqu'ils se rapprochent trop d'un micro, créaient un bruit insupportable pour l'oreille humaine. Ce bruit lui avait arraché un gémissement de douleur tandis que son verre s'était brisé sur le sol de la maison. Plusieurs têtes, les plus proches, s'étaient retournés. L'un d'eux avec un sourcil relevé et alors que la douleur s'interrompu, Dara l'accueillit de nouveau, prête, mais la douleur était quant à elle toujours aussi forte. Sans grande conviction, elle essaya d'échapper aux bras qui l'enserraient et qui l'aidaient à se relever. Ils la guidèrent dans un coin reculé de la maison, une chambre, apparemment et elle ne put s'empêcher de s'avachir sur le lit tout en tenant sa tête de nouveau. La douleur n'était plus, mais le souvenir perdurait, attentive.

« Tu ne serais pas un peu douillette, toi ? »

Voix grave, détachée, traînante. Presque sarcastique, presque.

« De quoi tu parles ? » Avait-elle répliqué, agacée.

Encore une fois, le pli était revenu se dessiner sur son front et la douleur fit de nouveau son apparition, vive, familière.

« Tu es pourtant bien l'un des autres, semblerait-il. »

« L'une des vôtres, grinça-elle, de quoi parles-tu à la fin ? » S'écria t-elle presque.

Surpris, il vint s'asseoir aux côtés de la jeune femme et commença à parler.

Il lui raconta leur histoire, cette histoire à eux. Le pourquoi ils étaient ici, sur cette Terre. Ce qu'ils étaient, vraiment, derrière cette enveloppe humaine. Bien-sûr, elle ne l'avait pas cru. Elle avait tempêté, hurlé aux mensonges. Mais les preuves étaient là, accablantes. Cette distance naturelle avec les humains que Dara entretenait, cette boursouflure à l'arrière de son crâne, commune à tous les Host. Elle avait encore jasé, plus faiblement, avec plus d'incertitudes, car déjà, sa résistance ployait. Alors il lui apprit, il lui apprit à faire ce son, ce signe de reconnaissance aux yeux des siens. C'est de cette manière qu'elle chancela et que finalement, résignée, elle se borna à l'écouter. Il lui chuchota d'essayer, de se convaincre de ses dires, de ses origines.

Alors elle s'en est allée rendre visite à ses parents et comme il lui avait enseigné, elle produisit ce son, mais ils restèrent occupé, ignorant. Seul le chien de la famille releva sa tête, intriguée. Oui, Dara comprit. Elle comprit qu'elle n'était pas leur fille. C'est ainsi qu'elle réclama des explications et qu'ils se retournèrent tous deux, ahuris. Hébétés qu'elle ait pu comprendre le plus grand secret de famille qu'ils pouvaient avoir en leur possession. Ils lui avaient fait promettre de ne rien divulguer à ce sujet et elle su.

Ce jour-là, elle fit ses valises et ne se retourna même pas pour voir le visage de sa mère, en larmes et de son père, abattu.

Le jeune homme, aussi noir que pouvait l'être un descendant d'esclaves, du nom de Jacob, l'accueillit chez lui et passa les jours qui suivit à la consoler. Ce fut sans surprise qu'un soir, leurs lèvres se rencontrèrent. C'était comme si Dara suivait le fil de vie qui lui était désigné, celui qui lui était écrit, qui était semblable à tous les autres. Personnes ne se mélangent. La discrimination demeure.

La tendresse les liait. Ils ne se complétaient pas vraiment, trop semblable de par leur caractère et leur "race", mais ils n'avaient au moins aucune surprise, aucune déconvenue. Dara s'est rapidement rangée à ses propos, à se mettre à dénigrer l'homme, à rabaisser le souvenir de son premier amour. La routine s'est peu à peu placée entre eux, rarement dérangée hormis pour certains évènement. La naissance de son premier enfant. La vie voulait qu'elle épouse cette homme dont elle occupait le lit et sans manifester trop d'enthousiasme, elle avait accepté sa demande en mariage. C'est seulement durant sa grossesse et tout ce que cela enchaîna que Dara sembla retrouver de sa vivacité, de sa joie de vivre. Daniel, son fils, son cadeau. Le voir grandir, s'épanouir était pour elle une source d'inspiration, alors qu'elle s'évertuait à se dépêtrer dans ses dossiers pour devenir avocate. Elle se surpris même à se complaire dans cette vie de mère, d'éducatrice. Oh bien-sûr, elle avait profiter de ces mois à attendre l'arrivée de son enfant en cherchant des détails sur sa véritable famille, mais cela avait été en vain. Il ne restait que les détails fournis par ses parents adoptifs. Elle n'avait aucun nom, et aucun droit pour les obtenir, alors elle avait abandonné, traçant un trait sur ce qui avait été son passé et ne se préoccupant uniquement de son avenir, de son futur et de Daniel.

Mais alors qu'enfin, elle trouvait une certaine stabilité, une sérénité dans cette vie de couple, la réalité lui heurta le visage.

Suite à son congé maternité, elle s'était de nouveau mise à chercher un cabinet où elle pourrait travailler. Et c'est là, ici, dans l'un de ses cabinets, qu'elle le vit, qu'elle le redécouvre. Son regard froid l'a parcourue silencieusement avant qu'il ne détourne les yeux. Comme si elle n'avait jamais existé.

Dara n'assistera même pas à son rendez-vous.

Non, elle s'est emmurée chez elle, ravagée par le souvenirs, par cette chance qu'elle a perdue.

Et de nouveau, la vérité l'a frappé. Et le soir-même, 5 ans après la cérémonie de mariage, Dara avoua à Jacob, coupable, qu'ils s'étaient cherchés, longtemps. Mais sans jamais se trouver. Leur mariage n'avait pas été un succès. Il avait juste été une réussite. Leur amour n'avait pas été à tout épreuve, il avait simplement été tendre. Jamais rien dans l’excès. Et Dara ne voulait plus vivre de cela.

Dire que Jacob fut mécontent de cet aveu est un euphémisme. Et sa colère redoubla lorsqu'il apprit la manière dont elle avait compris cela. Son premier amour Un être-humain. Ceux qu'ils sont censés aplatir, écraser. Ce fut leur plus grande dispute, la plus violente.

La plus inattendue, selon Dara.

Chapter four ✘ « And the hope bring to an end. »

Ambitieuse, Dara se jeta à corps perdu dans la seule chose qui lui restait. Son diplôme de droit. Persuadée qu'elle n'y arriverait à rien en continuant de multiplier les CV et les lettres de motivation, elle utilisa à meilleur escient ce que son divorce lui avait rapporté. Elle eut l'audace de créer son propre cabinet et, grâce aux relations qu'elle avait gardé de son ex-mari et malgré son statut de femme, ses qualités en tant qu'avocate furent reconnues et appréciées. Un coup de chance, de l'avis de beaucoup. Peu de femmes réussissent à s'imposer dans ce milieu. Peu de femmes réussissaient à s'imposer tout court dans les années 80. Néanmoins, Dara avait cette force, ce mordant qui manquaient à beaucoup. Difficilement, elle réussit à lier son travail avec son fils, Daniel. Quand elle en avait la garde. Durant les vacances. Parce qu'évidemment, Jacob avait été son propre défenseur et il avait obtenu la garde de leur fils., irritant dans la même foulée son ex-femme, évidemment. Le seul bon point que cette affaire pouvait avoir, c'était que Dara pouvait se consacrer à sa réussite sociale autant qu'elle le voulait.

Alors que son fils grandissait, loin d'elle, Dara multipliait les dossiers, les succès. Le chiffre d'affaire gonflait davantage chaque année et ses économies ne cessaient d'augmenter. Son lit restait quant à lui froid, elle ne souhaitait nullement connaître de nouveau cette chose. Un divorce. Et les histoires sans lendemain ne l'attiraient guère. Bien-sûr, dire qu'elle avait passé des années seule serait un mensonge. Oui, il y avait bien eu quelques relations, mais trop courtes pour être citées. Néanmoins, il y avait toujours un fond, un soupçon de manipulation. Là où les portes lui étaient fermées, il n'y avait pas trente-six mille manière de les ouvrir. Elle s'y pliait, plus ou moins dégoûtée. Mais elle se refusait de devoir combattre durant des années un dessein vain et pour ensuite essuyer un échec cuisant.

Pourtant, bien qu'elle assumait ses actes, elle assurait à tous que jamais, jamais, elle n'avait couché avec un homme, parce que c'est ce qu'elle faisait, afin de gagner un procès. Jamais. C'était son mérite.

Le temps s'est égrené, filant progressivement. En peu de te temps pour le dire, Dara fêtait son trentième-huitième anniversaire. Son fils avait dorénavant l'âge d'être au collège, d'avoir le meilleur enseignement possible. Il avait également choisi de pouvoir rendre visite plus souvent sa mère, à la grande joie de cette dernière. Quant à elle, Dara avait gravit les échelons, rapidement. très rapidement. Sa notoriété à New-York n'tait plus à faire, puisqu'elle était considérée dorénavant comme une excellente avocate.

Et procureur de son état.

Oh, tout naturellement, cela ne s'était pas fait sans épreuves, sans une lutte acharnée contre ses adversaires, mais ses efforts ont payés et elle a gagné de justesse. Réellement de justesse.

Trop, pour certains.

Un an et demi à peine après qu'elle soit élu éclate le scandale. Celui du pot-de-vin. Celui où elle aurait payer pour avoir des votes supplémentaires. Une chose qu'elle démentit avec hargne, écoeurée que l'on doute même de la légitimité de son poste notamment pour la raison de son sexe. Et de sa couleur, évidemment. Dara aurait pu se battre bec-et-ongle et avec toute la hargne qu'elle possédait, néanmoins elle sait qu'elle ne pouvait pas se leurrer. Elle ne tenterait pas le diable. Mais le diable avait frappé. Une attaque en plein coeur.

L'adversaire avait choisit un très bon avocat, discret, mais avec un charisme certain.

Et 11 ans après leur dernière rencontre, elle lui faisait de nouveau face.

Shawn. Celui qu'elle avait aimé, jadis.

Comme lorsque l'on se traîne jusqu'à l’échafaud, résignée, Dara n'attendait plus qu'une funeste sentence. Celle qui ne vint jamais. A sa grande surprise, son ex-mari se proposa comme avocat de la défense, comme son avocat. Ils n'avaient qu'à peine effleurer la raison de son revirement, mais pour la procureur, il n'y avait aucun doute: il voulait gagner. Sur tous les plans. Autant sur le plan de Shawn, se montrer meilleur que lui, que sur moi. Ils voulaient cette ascension sociale. Ils voulaient soumettre les hommes et leur montraient qu'ils n'étaient rien à côté des Host.

Et Jacob a pu crier victoire. Il a pu innocenter Dara, montrer aux autres combien elle était le visage de la vérité. Oui, il avait gagné.

Mais pas sur tous les plans.

Il n'avait même pas fallu deux mois pour que Shawn et elle réussissent à avoir une discussion civilisée, hors des caméras.

Et même pas 3 heures après la fin du procès pour se retrouver dans la même chambre, à faire grincer le lit.

Chapter five ✘ « I have one goal : Win. »

« Aujourd'hui, ce n'est pas ma victoire pour laquelle nous sommes rassemblés, ce n'est ni pour féliciter mon mari, Shawn, l'amour de ma vie, pour m'avoir supporté et épaulé durant ces deux dernières années, ni pour ma fille qui n'a jamais douté de sa mère ou encore pour mon fils qui a été là pour moi, et qui a été d'une aide sans faille. Non aujourd'hui, si nous sommes tous en ce lieu, c'est pour célébrer cette union que nous formons, pour fêter cette force qui nous réunis. Aujourd'hui, peuple des Etats-Unies, nous commémorons cette Amérique libre, indépendante et soudée.

Ce peuple même qui, deux-cent ans plus tôt, n'était qu'une simple colonie. Ce peuple qui a su triomphé de la guerre et du désespoir, qui a su se défaire du désespoir pour gravir les échelons de l'espérance. Dorénavant, nous n'espérons plus, car nous croyons. L'espérance est vaine tandis que la croyance est une chose sure, un terme qui nous est familier. Aujourd'hui, nous n'espérons plus voir la pauvreté s’effaçait, nous croyons, nous savons dur comme fer qu'elle disparaîtra. Non, cela ne se fera pas en un jour, ni en deux, mais ensembles.

Ce soir, avec cette élection, vous tous, le peuple américain, nous avez rappelé que si notre route a été dure, si le trajet a été long, nous nous sommes ressaisis, nous avons lutté pour remonter la pente et nous savons, au fond de nos cœurs, que pour les Etats-Unis d’Amérique, le meilleur est à venir.

(...)

Et ce soir, malgré toutes les épreuves que nous avons traversées, malgré toutes les frustrations de Washington, je n’ai jamais eu autant d’espoir pour l’avenir. Je n’ai jamais eu autant d’espoir pour l’Amérique. Et je vous demande de nourrir cet espoir. Je ne parle pas d’un optimisme aveugle, le genre d’espoir qui se contente d’ignorer l’énormité de la tâche à entreprendre ou les obstacles qui se dressent sur notre route. Je ne parle pas de l’idéalisme rêveur qui nous permet de ne pas prendre position ou d’esquiver une bataille.

J’ai toujours pensé que l’espoir est cette chose obstinée que nous avons à l’intérieur, qui insiste, malgré toutes les preuves du contraire, pour croire que quelque chose de mieux nous attend pourvu que nous ayons le courage de continuer à faire des efforts, de continuer à travailler, de continuer à nous battre.

Je crois que nous pouvons saisir cet avenir ensemble car nous ne sommes pas aussi divisés que le laisse croire notre vie politique. Nous ne sommes pas aussi cyniques que le pensent les experts. Nous sommes plus grands que la somme de nos ambitions individuelles, et nous sommes encore davantage qu’un assortiment d’Etats rouges et d’Etats bleus. Nous sommes, et serons toujours les Etats-Unis d’Amérique.

Et ensemble avec votre aide et la grâce de Dieu nous continuerons d’aller de l’avant et rappellerons au monde les raisons qui font que nous vivons dans la plus grande nation de la Terre.

Merci, Amérique. Dieu vous bénisse. Dieu bénisse ces Etats-Unis.»


Chapter six ✘ « Everything is dust. »

« Shawn, hésita t-elle, on doit parler. »

« De quoi bébé ? Demanda t-il en redressant sa tête vers son épouse. »

« De ce que tu vas entendre. »

Une ride vint se peindre sur son visage alors qu'un flash d'information était annoncé sur l'écran de la T.V. Dara prit une longue respiration, tandis que Samantha, leur fille adoptive, venait s'asseoir aux côtés de son père. Dara préférait redessinait des yeux les moulures de la pièce. Pièce grande, blanche. Décorée, mais dont le mur n'a jamais été repeint. Il fallait qu'il soit à l'image du lieu qu'ils habitaient. Seulement quelques mots, les plus flagrants, ceux qui ne sont habituellement jamais cités, revenaient à ses oreilles: "Roswell", "Immersion", "Inhalation", "Épuration", "Hosts", "Invasion". Ce soir, elle était totale, massive. Elle imaginait sans mal leur visage se décomposait alors qu'une idée traçait lentement sa route dans l'esprit de son mari. De celui qui partageait sa vie depuis plus de 10 ans.

Il a cru à un canular. Il avait réellement cru à un canular. Alors elle lui a expliqué, calmement, prudemment. Lui a certifié que tout ça était véridique, mais qu'ils n'auraient rien à craindre, on ne leur fera aucun mal, ni à lui, ni à Samantha. Ce fut là qu'il tiqua, sur le fait qu'elle n'avait rien précisé en ce qui la concerne. Il la dévisagea durant quelques secondes avant de lui cracher au visage :

« Tu es une des leurs. »

Un souvenir datant de vingt-ans lui revint en mémoire, vif, douloureux, cuisant. Elle ne répondit pas.
Elle le connaissait, elle savait toutes les questions qu'ils pouvaient se poser. Qu'il comprendrait pour leur première rupture. Son mariage avec son ex-mari. Ce que lui et son fils, Daniel, étaient réellement, bien que sa recherche d'avoir un enfant avec lui, infructueuse et vaine -la fausse couche quelques années plus tôt en avait été la preuve- soit quelque chose qu'il ne saisisse pas entièrement, elle savait qu'il en viendrait même à douter de la soif de pouvoir de son épouse, si innocente soit-elle. Parce qu'il savait, il savait ce qu'elle était devenue aujourd'hui.

Le chef d'un peuple. D'un nouveau peuple.

La quarante-quatrième présidente des États-Unis d'Amérique, l'Amérique des Hosts. Le monde des Hosts.

Il n'eut aucun éclat de voix. Tout était dit.

Elle l'avait trahi. Elle l'avait abandonné, une seconde fois.
Dara ne revit plus son mari. Ni sa fille.

Le lendemain soir, une annonce paraissait au journal télévisé : "Le mari de la Présidente et leur fille avait été enlevés par les humains, par vengeance". Un titre pour dissimuler à tous ce qu'il s'était réellement passé.

Ils avaient fuit.

Le rêve Américain n'existait pas. Dara l'avait frôlé avant de l'enserrer contre elle, affolée par l'idée de le perdre. Mais sa poigne était si forte qu'il s'est brisé.

Non, il n'y avait pas de rêve. Pas de futur heureux.

Par pour elle.