Tu cours dans l'obscurité, cherchant une échappatoire dans ces souterrains devenus labyrinthe. L'arme que tu portes à la main est inutile, tu le sais, il y a bien longtemps qu'elle n'a plus de munitions et tu n'as jamais vraiment su te servir de ces choses là. Elle reste dissuasive. Lentement, le gaz, pernicieux, s'infiltre dans tes poumons et brouille ta vue. L'angoisse te prend au ventre, brûle tes entrailles et rend chaque foulée difficile.  Tu n'as pas peur pour toi. Tu as peur pour elle.
Ta main se resserre autour de son petit bras et vous courrez tous les deux sans savoir où vos pas vos mènent.

L'adrénaline le faisait avancer malgré la fatigue et la douleur qui s'insinuait tranquillement dans son crâne. Le souffle court, accélérant la cadence au mépris de Lily qui a de plus en plus de mal à suivre, il s'éloignait d'avantage du campement où avait lieu le "massacre". Pressant le pas, il bifurque dans un couloir au hasard. Loin de connaître ces dédales par cœur, la pénombre et le chaos général qui hantaient les lieux rendaient son escapade terriblement périlleuse. Dans ce branle-bas de combat c'était chacun pour sa gueule, même Julian l'avait compris. A peine l'assaut avait il débuté qu'il s'était précipité à l'infirmerie chercher sa petite sœur, laissant les autres livrés à eux-mêmes - de toute façon c'est pas comme si c'était Julian-deux-mains-gauches qui allait les sortir du pétrin.

Gauche, droite, une centaine de mètre tout droit, puis droite à nouveau. Rasant les murs, vérifiant chaque intersections, ils évoluaient dans ce véritable labyrinthe tels deux hamsters pendant un TP de sciences naturelle, évitant tant que faire se peut l'ennemi. ce n'est que lorsqu'ils furent à bout de souffle qu'ils prirent la décision de s'arrêter un instant. Non loin de là, un panneau presque entièrement recouvert de poussière et prêt à s'écrouler surplombait ce qui semblait être un reste de plan de lignes à moitié déchiré. "South Bank", indiquait un petit "VOUS ÊTES ICI" sur fond rouge à peine lisible, effacé par le temps. Ils étaient encore loin de la sortie la plus sûre et rien ne garantissait qu'aucun host ne les attendrait là bas; malheureusement, dans cette situations qu'était la leur, les solutions envisageables pour s'en sortir n'étaient pas bien nombreuses. Ils ne pouvaient qu'espérer que les envahisseurs n'avaient pas tout prévu, qu'ils restaient faillibles… n'étaient-il pas presque humains après tout ?

A l'instant même ou Julian envisagea de s'arrêter quelques secondes de plus pour reprendre son souffle, le cri déchirant d'un homme implorant de l'aide fendit l'air non loin d'eux. Serrant les dents de terreur, il empoigna la petite avec précipitation, filant à toute hâte. Impossible de faire marche arrière pour aider ce pauvre bougre; tout désarmé qu'il était, ça n'aurait fait que les mettre plus en danger encore.

Ses pas ralentissaient au fil de sa course, son corps lui hurlant d'arrêter le massacre et de faire une pause bien méritée. "Courage Lily, on va s'en sortir" marmonna-t-il tout bas à la petite dont les larmes coulaient sur ses joues crasseuses. La peur, la fatigue et l'abattement se lisait sur son visage alors qu'elle passa une main sur ses yeux pour les essuyer. Soupirant, il attrapa Lily pour la porter, gardant une main libre pour son arme, continuant sa route dans les souterrains. Au détour d'un couloir, une silhouette surgit dans un silence déroutant.

Il crie - paye ta discrétion mon coco - puis brandit son arme vers cette silhouette au contours flous qui venait de jaillir face à lui. Elle s'avance pourtant sans ciller, visiblement armée de ce qui semble être un vélo. Tout ce bordel aura bien duré une demie fraction de seconde avant que, le souffle court, il pense reconnaitre celui qui lui faisait face. "Jamie ?"  

Pas encore complètement remis de ses émotions, il baissa son arme d'une main tremblante, une moue adressée à Jamie sur les lèvres. "Désolé" marmonna-t-il d'une voix rauque, soufflant un bon coup comme si cela avait une chance de calmer son rythme cardiaque qui se la jouait dubstep. Il défit le chargeur vide de son pistolet, le montrant à son ami sans un mot pour lui montrer la situation. Sait-on jamais, des oreilles indiscrètes trainaient peut-être non loin de là et il n'était sans doute pas de bon ton de leur faire savoir qu'ils étaient sans défenses.

"Tu as croisé d'autres survivants ?" Fatigué par leur course, il reposa la petite au sol au moins jusqu'à ce qu'ils se décident à repartir. Heureusement, Jamie proposa une solution alternative bien plus maline ce à quoi la petite répondit d'un regard qui en disait long sur son incompréhension; la pénombre des lieux l'empêchait de lire sur les lèvres comme elle le faisait d'habitude. Se tournant vers Julian en quête de réponse, il lui traduisit les mots du soldat à bicyclette jusqu'à ce qu'elle accepte d'un hochement de tête. Elle s'installait à peine sur son nouveau destrier quand un nouveau cri déchirant fusa dans l'air. Un frisson de terreur traversa la colonne vertébrale de Julian qui se tourna vers la provenance du hurlement.

Émanant du couloir derrière eux, une fine brume blanchâtre fit une apparition fortuite. Il connaissait ce truc, c'est ce qui avait envahit le campement, ce gaz qui troublait les sens et rendait totalement amorphe... rien de très réjouissant. "Fait chié !" grogna-t-il entre ses dents. Ils n'étaient vraiment en sécurité nulle part ici, mieux valait ne pas rester planté là plus longtemps. Jamie venait sans doute de penser la même chose puisqu’il envisagea l'hypothèse qu'ils devaient sans doute décarrer d'ici sans attendre. "Bonne idée" répondit Julian en lui emboitant le pas. "C'était quoi ton plan, avant de nous tomber dessus ? enfin si t'en as un..." il avait du mal à voir Jamie avec une quelconque idée pour les sortir de là mais c'était pas faute d'espérer. "J'ai entendu dire qu'il y avait une sortit (x) qui menait en dehors de la ville vers Cold Spring." murmura-t-il à l'intention de son équipier, priant pour que ces alien psychopathe ne soit pas dotés d'une ouïe supersonique ou autre. "Elle est pas indiquée sur les plans parce qu'elle était pas destinée aux usagers à la base." Il existait donc une maigre chance qu'elle soit encore inconnue des aliens.

Jenibelle laissa échapper un hurlement lorsqu'elle tomba nez à nez avec la bande de bras cassé de Julian. Il lui fallut une bonne minute pour se reprendre, c’est à dire pour baisser l'arme qu'elle avait dans la main (arme qu'elle n'était pas vraiment consciente d'avoir récupérée... ), les yeux rougis par les larmes et le souffle coupé. « Oh merci mon dieu... » Merci mon dieu, merci mon dieu, c'est vite dit. De l'extérieur ces trois-là semblaient aussi utiles qu'un hérisson mort sur une branche d'autoroute ou que Paris Hilton chez les Ch'tits. Il y avait tout d'abord ce Julian qu'elle connaissait de vue parce qu'il connaissait , de vu, sa Juliet... Elle ne l'aimait pas trop, il était trop …. trop. Il y avait aussi cette gamine qu'on pouvait aisément appeler « engin qui va tous nous faire tuer » parce que c'est bien connus que les groupes avec des marmots sont les premiers à se faire exterminer. Sans parler de ce type-là, qui se balade de toute évidence en vélo... D'accord, elle-même trainait -et c'est le seul mot qui convient à cet instant- un engin à deux roues derrière elle, mais un vélo, en pleine guerre, c'est quand même sacrément bizarre... Enfin bref, ils étaient là, ils étaient humains et c'était une chance pour elle , par contre , pour eux... « Il faut à tout prix qu'on fasse demi-tour... » Oui bien sûr, allons nous faire trucider par des aliens cinglés. Elle avait déjà clairement galérer pour arriver jusqu'à eux, pour tourner le dos à toutes ses personnes qu'elle avait abandonné le coeur serré, alors faire demi-tour c'était comme signé leur arrêt de mort, ou en tout cas le sien, sans doute possible.

Jeni' posa ses mains sur les épaules de Julian, laissant tomber son fauteuil roulant poussiéreux et son flingue au sol, elle se mit alors à le secouer comme un prunier. « Juliet est encore là-bas! Elle peut pas s'en sortir toute seule! Elle va se faire manger! En plus je lui ais prêté ma PSP, il faut absolument que je la récupère, je ne peux pas vivre sans elle! » Sans sa PSP ou sans Juliet?.... …. …. …. …. …. Dur à dire. Par contre, ce qui était plutôt facile à comprendre c'est que Jenibelle était en train de fucking paniquée à cet instant précis. Son cerveau était en train de fondre comme neige au soleil et elle allait sans doute s'évanouir d'ici peu... Sans parler de la douleur qu'elle ressentait aux genoux, ce qui n'arrangeant rien à la situation, elle aurait du se faire une piqure d'antidouleur comme le lui avait conseillé le Doc en cas d'attaque, mais entre nous, hormis Chuck Norris et Jésus, personne ne peut se planter une aiguille dans le bras comme ça, de but en blanc, à la waneagain! Pas une fille qui a déjà du mal à supporter un simplement pansement qu'on arrache...

Jeni' finit par lâcher ce pauvre Julian , se tapotant les joues comme pour essayer de se reprendre, malgré tout elle semblait toujours un peu hystérique, beaucoup en fait... « Il faut que je me calme pour réflexioner sur la question. » Ni une ni deux elle prit place sur son fauteuil, l'air de rien, comme si la guerre n'était pas en train de ravager les alentours, comme si sa vie n'était pas du tout en danger. Pire encore, elle sortit une seringue de son sac , la levant en l'air tel un trophée avant de lancer, comme si tout allait bien. « Est-ce que quelqu'un peut m'injecter ça dans le bras s'il vous plait? » Ok, maintenant il y a deux choses dont je suis sûre. Premièrement, Jenibelle était aussi utile en cas de crise que Bernadette Chirac pour les pièces jaunes. Et petit b, se groupe devait déjà clairement regretter d'avoir croisé le chemin de cette sexy hystérique semi-handicapé... En tout cas, comme d'habitude en cas de panique intégrale, Jeni' avait monopolisé la conversation, une façon comme une autre d'évacuer la pression.

Si Julian avait entendu les pérégrinations mentales de son camarade soldat, à propos d'abnégation et d'oubli de soit, il aurait probablement rit. Cela dit, la situation ne se prêtait pas trop à une grosse poilade, aussi c'était pas plus mal que tout ça reste bien enfouit dans la tête de notre petite Jamie. Si ça lui plaisait de le croire, pourquoi pas, mais bon il aurait un tas d'exemple à lui fournir pour lui faire comprendre que non, il n'avait pas le monopole de l'instinct de survie égoïste. "Ça m'a tout l'air d'un bon plan. Je propose donc qu'on décarre d'ici rapidement et qu'on trouve cette fichue sortie, enfin si elle existe." décrivant ensuite au type l'endroit approximatif de la sortie "au cas où on serait séparés" comme il le disait si bien, ils furent près à reprendre la route. Enfin ils l'auraient été si une tarée ne leur avait pas sauté dessus une fraction de seconde plus tard.

Quand je dis "sauter dessus", j'exagère un peu. En fait de prime abord elle avait plutôt l'air saine d'esprit. Stye fille avec un flingue qu'à réussi à s'échapper tant bien que mal. J'ai bien dis "de prime abord" car à peine était-elle arrivée - laissant à peine le temps à Julian de la braquer avec son arme puis de réaliser ce qu'il se passait au juste - qu'elle était en train de le secouer tel un prunier. Quoi ?? faire demi tour ?? et pourquoi pas se rendre directement à l'ennemi pendant qu'elle y était ? pi en slip tiens ! quitte à bien faire les choses ! "Hein ? quoi ?" balbutie-t-il entre deux commotions cérébrales avant d'attraper lui même cette nénette par les épaules pour l'arrêter de forces. "Mais arrête !! pas question de faire demi tour c'est du suicide." Interrogeant quand même Jamie du regard, histoire d'avoir son avis, il lâcha la fille qu'il reconnu comme étant Jenibelle, une amie d'une fille qu'il connaissait vaguement et qui visiblement était toujours là bas. Trop tard, tous les gens qui n'avaient pas fuit loin étaient de toute façon très certainement captifs maintenant. C'était terrible pour Juliet et pour tout les autres mais mieux valait pas jouer les héros et tenter le diable. D'expérience, il savait qu'il n'y avait que dans les films américains à 3 neurones que les héros parvenaient à se sortir de situations mortellement périlleuse avec deux seulement trois blessures sexy. Ici, c'était pas un film, c'était la réalité qui pue la merde, alors on allait pas jouer à Rambo au risque de mourir de décès. "Il faut que je me calme" qu'elle dit, "bonne idée" qu'il répondit en retour. Ils avaient réussi jusque là à passer inaperçu mais avec le bordel qu'elle venait de foutre ils avaient sans doute été repérés. Il aurait été de bon ton de se casser d'ici genre tout de suite maintenant.

La fille sort une seringue en demande en mode droguée qu'on la lui injecte Dieu sait où. Les yeux ronds, il reste inerte, aussi à l'aise avec la situation qu'un fan de Metallica dans un concert des One Direction. "Je sais pas faire ça. Jamie tu sais toi ?" dit-il en espérant vraiment que ce dernier va répondre "mais oui tout à fait, je suis d'ailleurs expert dans la gestion des filles psychopathes en fauteuil roulant, bouge pas je me charge de tout !". On a le droit de rêver. "Va vraiment falloir qu'on décampe, là."

Ok, Jenibelle paniquait, ok elle ne pouvait pas retourné en arrière, mais elle devait le dire, simplement pour pouvoir se défendre si un jour quelqu'un lui sortait « tu t'es pas retournée pour sauver ta BFF » , ainsi elle pourrait répondre « J'ai essayé, mais le groupe que je suivais à pas voulu! » . En somme, elle se détachait de toutes responsabilités si jamais tout ça tournait mal, même si actuellement, il faut bien admettre que c'était déjà assez la merde... Bon d'accord, en réalité Jeni' voulait réellement y retourner et si elle n'avait pas croiser ces trois-là surement aurait-elle fait demi-tour pour récupérer toutes les personnes auxquels elle tenait ou en tout cas essayer. Et qui sait, elle aurait peut-être croisé Juliet ou sa cousine au détour d'un couloir, c'était possible. Elle aurait pu aussi croiser un host et finir décédé au fond d'un congélateur, ça aussi c'était une possibilité, toutefois, à cet instant précis, la belle ne pensait qu'à une chose : récupérer sa famille, un semblant de sa famille , pour ne pas finir toute seule à voyager sur des terres arides, sans compagnie, sans personne pour la soutenir, sans personnes à soutenir , indéniablement seule avec elle-même. Cette réalité elle ne voulait pas y faire face, elle n'acceptait pas cette idée de solitude, elle l'avait vécu trop longtemps à une époque et l'Irlandaise se connaissait assez pour savoir qu'au final, elle finirait par se tirait une balle dans la tête plutôt qu'a essayé de survivre sans personne à ses côtés. Au fond, c'était autant Juliet qu'elle-même que Jenibelle essayait de sauver en retournant en arrière, pas surprenant qu'elle ait minimiser les risques.

Tout ça, elle ne s'en rendit compte que lorsqu'elle prit place sur son fauteuil, essayant de reprendre son calme, respirant plus lentement, toujours les yeux rougis, elle essuya d'ailleurs quelques larmes rapidement, sans perdre de vu son objectif, essayer de ne pas perdre pied une nouvelle fois. Pour être honnête, elle ne capta que la moitié des mots lancés par ses nouveaux comparses, Jenibelle ne remarqua même pas que l'un d'eux -le plus mignon soit-dit en passant- s’était emparé de sa seringue pour lui injecter son médicament, d'ailleurs, elle ressentit une vive douleur au bras, une douleur qui la sortit momentanément de sa torpeur. « Aieuh... Merci monsieur Délicatesse. » Avait-elle lâché plus froidement et calmement que quelques minutes auparavant. Oui, elle était ainsi, elle passait d'une hystérie totale à une hystérie terriblement condensé, en gros, à cet instant elle gardait tout à l'intérieur, tout les sentiments qu'elle aurait voulu voir exploser, de quoi lui causer un ulcère de la taille d'une balle de baseball.

Elle fit une grimace à Jamie, le genre de grimace pas du tout effrayante mais qui voulait dire "Ze vais te toué un jour", puis elle se mit à frotter son bras avant de regarder en arrière... Il avait raison, ils devaient bouger s’ils voulaient survivre et elle ne pouvait pas les forcer à l'accompagner, surtout pas alors qu'une gamine était impliquée... À la rigueur s’il n'y avait que les deux glandus elle aurait pu les forcer, les menacer, les pincer pour qu'ils la suivent, mais là, avec la petite fille, c'était juste hors de question. Elle n'avait donc pas le choix, elle devait avancer et espérer, simplement espérer. « D'accord d'accord, on y va... Je suis sûre que Juliet est déjà loin, elle court vite … comme elle est toute petite... » Dit-elle davantage pour elle-même que pour eux tout en continuant de regarder en arrière, comme en espérant que ses paroles allaient attirer les gens qu'elle aimait... Malheureusement, rien ne vint. Elle ramassa donc son arme, attrapa sa chaise roulante puis se mit à courir aussi rapidement que possible pour rattraper le retard qu'elle venait de prendre. Ses genoux la faisaient encore souffrir, mais elle sentait tout de même la douleur diminuer à chacun de ses pas, ce qui ne la rassurait pas tant que ça... Tant qu'elle souffrait, elle pouvait connaître ses limites , cela dit, là, maintenant, elle allait peut-être trop en faire et subir des dommages que personne ne pourrait soigner... Mais à cet instant, elle avait de plus urgentes préoccupations. « Attendez attendez... On devrait pas se précipiter vers les sorties comme ça... » Elle disait cela tout en continuant de trottiner, mais son message était important, alors elle obligea tout le monde à se stopper attrapant le vélo du blondinet pour le "bloquer" , offrant au passage un petit clin d’œil à Lily. Elle reprit, légèrement beaucoup essoufflé. « Je veux dire, ses choses ne sont pas stupides, elles ont organisé leur attaque... A mon avis, ses trucs nous attendent à chacune des sorties, de la même manière que l'eau attend les rats sur un bateau en flamme, vous saisissez la métaphore?... » C'était pas si stupide.  « Je suis totalement pour l'idée de fuir comme des lâches, sérieux, ça me botte vraiment, mais on va se faire tuer si on réfléchit pas un minimum... On devrait au moins compter nos chargeurs et le nombres de balles qu'on a... »  Sans attendre elle vérifia le chargeur de son arme, l'air de rien, le maniant plus habilement qu'on aurait pu l'imaginer... que voulez-vous, elle a vécu en Irlande avec une dizaine de frères, tous militaires, inutile de vous dire d'où lui vient ses connaissances des armes à feu, le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne se rendit compte qu'à cet instant précis qu'une arme à feu trônait entre ses mains. L'air surprise elle reprit. « Mince je l'ai prit quand cette arme... Bref, le chargeur est presque plein... et vous? Vous avez quelque chose? Un flingue?... un couteau?.... une cuillère?... » Haa elle redevenait un peu sarcastique, c'était bon signe. Par contre, elle redevint aussi légèrement maladroite, puisque par un étrange procédé, elle manqua de faire tomber son arme, se mettant presque à jongler avec lui, tout le monde semblant prier pour qu'il ne tombe pas au sol, risquant de laisser échapper un tir et d'alerter leurs ennemies au passage... où comment passer de sexy à warrior à "j'ai juste envie de t'en mettre une" en une fraction de seconde. Heureusement, elle parvint à retrouver son équilibre. « Fiou... C'est plus glissant que dans mes souvenirs ses trucs... » Laissa-t-elle échappée, un sourire embarrassée sur le visage. Comme dirait l'autre, ça aurait pu être pire...

Oui c'était terrible, oui elle avait peur de se retrouver toute seule ad vitam æternam - et c'était à se demander si Juliet et cie avaient pas tout simplement omis EXPRÈS d'emmener Jenibelle avec eux dans leur fuite - mais très franchement ILS EN AVAIENT RIEN A FOUTRE ! Rieeeeeen à carrer ma ptite dame ! Julian, qui était pourtant un véritable stéréotype Canadien sur pattes, pacifisme et gentillesse à gogo, avait juste envie de décarrer loin d'ici avec ou sans cette gonzesse. Heureusement, elle consentit enfin à arrêter ses conneries et se met à suivre le mouvement, filant au train de Jamie déjà parti sur son vélo. Malheureusement c'était un peu trop beau parce que à peine quelques mètres plus tard notre éclopée stoppa tout le monde de force, les condamnant à devoir encore passer trouzmillions de minutes en mode "mega danger mortel".  Merci COCOTTE ! c’est vrai qu'ils avaient carrément besoin de toi pour penser à tout ça, ils avaient pas pris la peine d'y réfléchir 3 secondes et s'étaient contenté de se la jouer HUEHUAHUEHAHUEHEUEHEUEHUE ON PREND N'IMPORTE QUELLE SORTIE MAIS PLEINE D'ENNEMIS SI POSSIBLE. Vraiment ? j'veux dire en quoi s'arrêter là en plein milieu de la presque deuxième fin du monde était plus intelligent et réfléchi ?? Elle bossait avec l'ennemi ou quoi ? plus ça allait et plus on pouvait avoir des doutes sur le sujet.

"Bon sérieusement... ta gueule." (x) balance-t-il aussi bas que son exaspération le permet - parce que franchement il aurait préféré lui hurler au visage - "Juste. Ta gueule." Difficile de garder son calme dans ce bordel qui est déjà un assez bon facteur de stress sans pour autant qu'on nous rajoute une emmerdeuse. "On suit le plan qu'on a prévu avec Jamie." Lui, il avait envie de se tirer, de trouver la sortie qu'il connaissait et qui serait probablement safe, et si pour ça fallait qu'il récupère sa petite sœur et la porte sur 25 kilomètres, il le ferait. "Maintenant tu suis, tu dis rien et tu t'arrêtes plus, ou alors tu dégages." ils arriveraient très bien à se passer d'elle si vous voulez mon avis.

Putain mais en plus elle était MEGA GOURDE !! glissant sur rail ou que sais-je, elle manqua de peu de refaire le portrait de l'un d'en eux à coup de chevrotine, leur faisant encore plus perdre du temps parce qu'il semblerait que ce soit la seule chose que madame sache faire. Sur le point d'imploser, Julian passa une main sur son visage crispé par l'exaspération et l'impatience? "Bon. On se tire. Tout de suite." dit-il, avançant sans demander son reste, se disant que comme Jamie faisant parti des gens "censés" de ce groupe, il suivrait.

Eileen était couchée depuis quelques heures déjà, mais en aucun cas elle n’arrivait à trouver le sommeil. Quelque chose la maintenait éveillé… Comme un mauvais pressentiment. Vers une heure moins le quart, n’y tenant plus, la belle se leva pour aller chaparder un ou deux bouts de pain et pourquoi pas se faire un thé. Alors qu’elle était tranquillement attablé, elle aperçu des volutes de fumé qui s’infiltraient sous la porte fermée. Intriguée, paniquée, elle ne pouvait détacher son regard même si l’odeur commençait à sérieusement lui piquer la gorge.

Soudain elle senti qu’on la prenait violemment par l’épaule. Cette surprise lui fit reprendre ses esprits et Eileen reconnu quelques membres de la cohorte. Ils s’enfuyaient…. La jeune fille leva les yeux vers la personne qui venait de la secouer. L’homme lui parlait mais elle ne voyait que ses lèves bouger. Et puis enfin le son se remit en marche dans l’esprit d’Eileen « … bouge maintenant ou on te laisse ! » Ni une, ni deux, la brune se leva et se précipita à la suite des personnes qui avaient croisées sa route. Juste avant de quitter la pièce, Eileen eu la présence d’esprit de saisir le couteau de cuisine qui trainait sur le plan de travail. C’est ainsi que la fuite commença.

Eileen haletait, un point de côté la brulant à chacune de ses foulées. Les yeux humides de larmes, et les doigts crispés autour de son arme d’infortune, la belle suivait tant bien que mal ses camarades. En bonne dernière elle se doutait bien que si les hosts venaient à les rattraper, personne ne s’arrêterait pour la sauver. Alors elle continuait, même si elle avait l’impression que ses poumons allaient exploser et que son corps demandait seulement un peu de repos. Depuis combien de temps courraient-ils ? Et où allaient-ils surtout ? Ils avaient tourné à droite, à gauche, couru le long d’un vieux couloir, retourné à droite et suivit un dédale de couloir… Quoi qu’il en soit, ils s’éloignaient du campement.

Soudain, Eileen et son petit groupe perçurent des voix au long. Impossible de savoir si elles appartenaient à des amis ou des ennemis… A moins de se rapprocher. Le petit groupe prit alors quelques secondes de pause. Il fallait aller voir… Après une petite discussion la brunette fut désignée pour aller observer qui étaient au bout du couloir. C’est à ce moment présent que la belle regrettait de savoir faire preuve de discrétion et d’agilité. Le cœur battant, elle longeait le mur jusqu’à arriver au croisement de celui d’où provenait les voix. Elle reconnut alors tout le monde. Même si elle n’avait pas adressé plus de quelques mots à certain, la jeune fille savait pertinemment qu’ils étaient tous humains. Elle fit donc signe à son groupe de venir tandis qu’elle se présentait à la vue des premiers. Leur inactivité n’était pas propice à la situation, vraiment pas…

« Mais vous faites un piquenique ou quoi ? C’est pas le moment de trainer »  

« Mais vous faites un pique-nique ou quoi ? C’est pas le moment de trainer »  
Cette réplique et le regard qui l’accompagne le vexent affreusement.

Depuis qu’il s’est fait réveiller en fanfare au début de l’attaque, Jamie ne pense qu’à fuir hors de ce trou à rat dans lequel ils se sont tous fourrés. Pour être tout à fait honnête, il n’a jamais aimé cette planque. Trop sombre, trop de couloirs dans lesquels se perdre et se faire prendre en sandwich, trop de cul de sacs, trop de risques. Mais qui était-il pour s’en plaindre ? On lui permettait d’avoir un toit sur la tête, de la nourriture dans le ventre et un petit coin à lui où dormir plus ou moins bien. Il a toujours préféré être au grand air et une part de lui n’est finalement pas si mécontente que ça de devoir sortir des métros. Les circonstances ne sont pas idéales, mais la finalité ne lui va pas si mal.
Sauf qu’ils squattent encore ces fichus tuyaux qu’il déteste viscéralement, comme les foutus rats de laboratoire qu’il a l’impression qu’ils sont devenus, à la recherche de la sortie du labyrinthe. Tout ça à cause de cette imbécile de brunette dont il ignore le prénom et qui n’a de cesse de les ralentir. Il voudrait sincèrement compatir mais elle les met en danger et pour le moment, il en est incapable. S’il n’avait pas eu l’impression d’en faire trop, Jamie aurait presque pu applaudir Julian après qu’il ait ordonné à la fille de fermer sa gueule. Si ça n’avait tenu qu’à lui, Jamie la planterait là et advienne que pourra de sa stupide carcasse.
« Et touche encore à mon vélo et j’te saigne » veut-il lui lancer, son regard plongé dans le sien pour lui prouver à quel point il est sérieux. Sauf qu’il n’en a pas le temps puisque le petit groupe les rejoint et qu’une autre brunette les cingle d’une réplique cassante mais ô combien juste.  

Jamie a envie de protester, de designer l’autre conne du doigt et de leur expliquer que c’est pas leur idée mais la SIENNE ! Sauf que ce serait une perte de temps supplémentaire et que l’ennemi est pratiquement sur eux. La fumée les a rattrapé. Le jeune homme peut la voir, comme autant de doigts venus les saisir un part un pour les dépouiller de leurs corps…
Alors peut-être que la folle a raison et que toutes les sorties sont occupées par les colons, mais si c’est le cas alors ils sont foutus de toute manière. Jamie veut avoir l’occasion de tenter se chance. Il ne mérite certainement pas de s’en tirer, mais il essaiera. Jusque là, ça lui a plutôt bien réussi, non ? Il est après tout encore là pour subir cet énième assaut.

Jetant un dernier regard hargneux à celle qui tente de les ralentir et les met en danger depuis son arrivée, Jamie la contourne pour se remettre en mouvement.
« J’vous préviens, j’attends plus personne » grogne-t-il alors que, sentant certainement la tension émaner de lui, Lily se cramponne un peu plus à sa taille.

La rumeur était donc fondée, tout le monde devenait très con face au danger. Elle-même n'était pas dotée d'un courage à toute épreuve, je dirais même qu'en règle général fuir ou se cacher restaient les meilleures options à envisager selon elle, cela dit, elle ne pouvait pas s'empêcher de rationaliser les choses. Jeni' était comme ça, peut-être maladroite et carrément emmerdante, mais aussi un peu trop pragmatique et connaître leur faiblesse et leur point fort avant de foncer peut-être droit sur l'ennemie ne lui semblait pas un acte si insensé que ça. C'était bien beau d'avoir réfléchi au danger, de savoir qu'effectivement peut-être que des Hosts les attendaient à la sortie, mais ils comptaient faire quoi exactement si c'était vraiment le cas? Leur montrer leur cul et leurs mauvais caractères en espérant leur faire peur? De toute évidence ils avaient un flingue pour quatre, un flingue avec un seul chargeur, ils ignoraient qui était le meilleur au tir, qui était capable de tuer un être humain déguisé en alien -ou alors, c'est l'inverse?- , ils ne prévoyaient rien, leur plan, c'était juste avancé en priant pour que Jésus ou une quelconque entité cosmique leurs viennent en aide. Jenibelle était une scientifique malgré les apparences, elle avait besoin de plus que ça... Elle n'était pas assez courageuse pour s'imposer, elle n'avait pas les couilles de le faire et de toute façon, perdre une minute pour vérifier un chargeur, d'accord, mais en perdre dix en essayant vainement de les convaincre, ce serait du suicide. Elle décida donc de ne rien dire de plus, préférant regarder à l'opposer de Julian et Jamie, comme pour chercher du réconfort dans les fissures et autres gravats qui l'entouraient, les yeux de plus en plus rouges. Oui, elle avait envie de pleurer, surement comme un peu tout le monde ici, parce qu'elle avait peur, parce qu'elle était blessée et qu'elle ne pouvait s'empêcher de se trouver stupide d'avoir tenté de trouver une solution soi-disant logique, elle faisait toujours ça et ça n'y coupait pas, à chaque fois elle se sentait débile de l'avoir fait.

Jenibelle allait avancer, juste avancer, comme tous les autres, de toute façon elle n'avait pas le choix, le gaz semblait les « attaquer » de plus en plus rapidement, elle n'était pas assez idiote pour argumenter maintenant, c'était trop tard de toute façon. Apparemment d'autres avait survécus et pour être honnête elle était soulagée de voir un visage familier, celui de sa cousine, elle aurait voulu la prendre dans ses bras ou simplement lui dire à quel point elle était heureuse qu'elle ait survécu, mais elle se retint, se contentant d'un maigre sourire lorsqu'elle l'aperçu, un sourire adressé à personne hormis à elle-même, un sourire aussi abattu que rassuré et qui ne fit perdre de temps à quiconque, puisqu'elle continua de suivre le mouvement au même titre que les autres. Il ne restait plus qu'à espérer qu'un couteau de cuisine et DEUX armes à feu (a) fassent l'affaire face à l'ennemie si jamais ils devaient finir par le croiser... En attendant, fuir en silence, en pensant à Juliet, en pensant à tous ceux qu'elle laissait derrière et à tous ceux qui l'accompagnaient, voilà tout ce qu'elle pouvait faire.

Tu essayais de courir. Oui, essayer était le bon mot. Avec ta maladresse et ta bêtise, tu ne savais même pas où tu allais. Tu voulais simplement fuir, les larmes aux yeux. Tu étais seule, il n’y avait personne que tu connaissais. Tu avais bien essayé de retrouver Jenibelle, de croiser le chemin de Jim. Même Julian, ce garçon avec lequel tu parlais quelques fois. Personne. Le vide, le néant. C’était toujours à toi que ça arrivait. Tu n’avais même plus de famille, plus que des amis. Alors il était évident que tu t’inquiètes. Il était évident que tu veuilles retrouver ta nouvelle famille. T’avais la détermination d’une battante, mais t’avançais pas vraiment. Avec tout ce gaz lacrymogène, tu ne voyais rien, tu trébuchais sur tout, à cause de n’importe quoi. Et y’avait ces personnes qui te bousculaient, qui te frappaient, quelques fois, sans le vouloir. C’était la panique générale et même toi, tu ne voulais pas finir avec ces horribles hosts. Pourquoi Jenibelle n’était pas avec toi, d’ailleurs ? Tu te le demandais alors que tu essayais de te repérer, toi qui connaissais les lignes et les stations presque aussi bien que tu pouvais te repérer à New York ou à Séoul, à l’époque. Elle était déjà peut-être loin et tu espérais au moins qu’elle s’en sorte, si toi tu ne réussissais pas à sortir d’ici. Les mains longeant un mur froid, tu te pris le pied dans les rails et tu tombas face la première, le menton finalement écorché. Encore du sang, encore des blessures, mais t’étais comme ça, toujours. Pour pas changer. Rechignant un peu plus, pleurant encore comme une enfant, une gamine sans défense, tu te relèves difficilement, les paumes de mains pleines de petits cailloux. Tu sais pas où t’es, déboussolée, les larmes coulant sur tes joues, t’as mal, mais tu dis rien, tu fais que pleurer et pleurer. T’as si peur d’être à nouveau seule. Tu t’essuies les genoux, tes jeans sont troués, ta peau un peu plus meurtrie, un peu plus en sang. T’as l’impression que plus tu trébuches, plus ils se rapprochent, plus ils sont près de t’arracher à ton humanité. Alors t’avances, tu te ressaisis. Faut pas avoir peur, ma puce, faut pas. C’est là que tu l’entends, cette voix familière. Tu te rapproches, tu longes le mur toujours, pour ne pas te perdre, pour ne pas t’égarer dans les dédales sans fin des souterrains.

C’est en restant tout de même cachée que tu observes le petit groupe au loin. T’oses pas t’approcher, tu sais pas ce qui se passe, tu sais rien. Tu veux juste partir, tu veux simplement qu’on te réconforte, parce que t’un un gros bébé et que même si on te trouverait faible et lâche, t’en as besoin. C’est là que tu la vois, Jenibelle, au loin. Elle a l’air de vouloir faire demi-tour, elle se détache lentement du groupe, alors sans vraiment y penser, tu sors et tu te mets à courir sans t’arrêter, quoi qu’en risquant quelques fois de tomber au passage. « Jeniiiiiiii ! » Tu le dis pas trop fort, parce que t’es pas idiote, tu sais qu’il faut pas qu’on vous retrouve. Sans vraiment l’avertir, tu lui sautes au cou, ne remarquant pas que tu la barbouille un peu de ton propre sang, amochée comme t’es. Tu fais pitié à voir, le visage barbouillé de larmes, les paumes de mains, le menton et les genoux en sang, mais tu t’en fou. T’as retrouvé ta Jenibelle, t’as retrouvé des gens. C’est en te recoulant que tu remarques que y’a Julian, sa petite sœur et un copain. Puis, tu remarques Jim. Ton Jim. C’est plus fort que toi, tu lui sautes dans les bras, le serrant dans tes faibles bras. « Est-ce que je peux rester avec vous ? » Tu demandes, faiblement. « Je serais discrète, je ferais rien de mal, je serais sage et obéissante, c’est promis. » T’as l’air aussi conne que tout le monde, ils vont probablement rager en te voyant. Tu sers jamais à rien, de toute façon.

«Hé, hmm Jenitruc t'es une amie à Juliet non ? Pourquoi elle est pas avec toi ?» Jenitruc? Qui c'était ce mec? Il ressemblait à une espèce de SDF anciennement stripteaseur, elle l'avait d'ailleurs déjà vu à la cohorte, c'était une évidence, elle savait même qu'il était plus ou moins une connaissance de Juliet et... Juliet... "Pourquoi elle n'est pas avec toi..." ... C'est vrai ça? Pourquoi elle n'était pas avec elle? Jenibelle resta bloqué face à sa question, fixant un point invisible, comme soudainement coupé du monde, elle ne ressentait plus la douleur, elle n'entendait plus rien, elle ne faisait que penser, se remémorant les minutes qui avaient précédé sa rencontre avec le trio de choc. Elle l'avait cherché partout, au même titre que sa cousine, elle avait hurlé le prénom de Juliet plus d'une fois, avant d'être emportée par la foule, poussé par les ennemies dans les sombres tunnels où elle se trouvait maintenant. Il faisait sombre, elle ne voyait que la moitié du chemin, elle ne savait même pas si elle reculait ou si elle avançait, tout ce qu'elle savait c'est qu'après sa rencontre avec ce groupe, tout fut plus simple. On lui hurlait à nouveau dessus, on la menaçait encore de l'abandonner, comme lorsqu'elle était à la cohorte et qu'elle enchainait les bourdes, alors elle fut rassurée, durant un temps, suivant les indications de Julian, car au fond, il avait raison, ils devaient avancés, et puis Juliet devait déjà être dehors, elle ne pouvait pas être morte ni captive, c'était impossible, tout allait bien, tout devait aller bien. C'est en tout cas ce qui se passa jusqu'à ce que cet idiot décide de lui poser LA question, une question pleine de sous-entendus, une question qui laissait clairement comprendre la chose suivante "Tu as abandonné ta meilleure amie, ta soeur de coeur, comme la lâche que tu es" . « Juliet... » Jeni' prononça son prénom plusieurs fois avant de sortir de sa léthargie, faisant demi-tour. « Faut que j'aille la chercher... » Sans attendre l'avis de quoi que ce soit, se moquant des remarques, se moquant de la douleur, elle décida de retourner en arrière, même si elle n'était même plus sur de savoir où se trouvait la cohorte à l'heure actuelle, ça n'avait pas d'importance, Jeni' devait y retourner, pour la personne qui comptait le plus à ses yeux, pour Juliet.

Elle avança, ne pensant qu'à Juliet, oubliant le gaz, ses poumons en feu, ses yeux rougis, les larmes qui coulent sur ses joues sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte, rien n'a plus d'importance hormis retrouver sa meilleure amie... Et là... Oui là, alors qu'elle s'imagine devoir affronter mille dangers pour la retrouver, son prénom se mit à raisonner, doucement, presque telle un murmure. Jenibelle ne réalisa pas tout de suite ce qui était en train de se passer, il lui fallut plusieurs secondes pour comprendre que Juliet était dans ses bras, elle resserra d'ailleurs son étreinte, ne pouvant retenir ses larmes, riant en même temps, presque choqué que tout ça se soit déroulé si parfaitement. Quelque chose de terrible allait sans doute bientôt leur tomber dessus, c'était inévitable. L'équilibre des choses devaient être rétablis. Les deux jeunes femmes ne s'étaient pas trop éloignées du groupe finalement, elles purent donc les retrouver facilement et Juliet... Sauta dans les bras de ce grand clodo sexy... dans les bras de ce pedobear... wait.... pourquoi? Pourquoi elle semblait si proche de lui? L'Irlandaise regarda la scène surprise, en vérité, elle était carrément jalouse, jalouse que Juliet soit si proche de quelqu'un, jalouse qu'un homme soit si proche de Juliet. Et puis ce type avait deux fois son âge... « Comme si on allait t'abandonner... Allez vient on y va, on a pas le temps... Il faut qu'on les rattrape et le gaz se rapproche! » Dit-elle en toussant, les yeux toujours larmoyants, mais plus autant à cause de la tristesse à présent. Ni une ni deux elle attrapa le poignet de son amie, la tirant vers elle et l'entrainant plus loin, essayant de rattraper les autres, ils ne pouvaient clairement pas s'attarder, alors les retrouvailles se sera pour plus tard.

Il aimerait dire que ça commence à devenir vraiment n’importe quoi, sauf qu’il a cette impression depuis les tous premiers instants alors… Il en viendrait presque à regretter de s’être arrêté pour prendre la mioche sur son porte-bagages et soulager un peu Julian, facilitant ainsi sa fuite. S’il ne s’était pas arrêté, la foldingue ne leur serait pas tombé dessus et leur groupe ne se serait pas autant gonflé. Voilà pourquoi en plusieurs mois passé à la cohorte, même à sa belle époque, Jamie n’avait jamais essayé de se lier d’amitié avec qui que ce soit. Les amis, ça vous tue lentement mais sûrement. Ca vous bouffe votre temps, votre énergie, et quand vient le moment de fuir, soit sa vous ralenti, soit ça vous abandonne ou pire : ça vous utilise comme appât.
C’est de cette manière que Jamie espère aujourd’hui s’en tirer, en utilisant tous ces boulets à ses chevilles pour parvenir à s’en tirer indemne. Tous sauf Lily. Sauf si elle commençait à se débattre pour retrouver Julian et le mettait en danger… Là, il serait obligé de la dégager vite fait bien fait pour l’envoyer rejoindre les sept autres. Jamie aimerait beaucoup qu’une petite voix dans sa tête vienne lui dire : t’es une petite ordure, ne fait pas ça ! Que ferait Jésus à ta place mon p’tit gars ? Mais Jésus, ça avait toujours été le pote de sa défunte mère et il ne l’avait jamais aidée. Pas une seule putain de fois. Si Jamie veut de l’aide, il faut qu’il se l’apporte tout seul, comme il l’a toujours fait. Ca, ça marche du tonnerre.
Alors pendant que les autres jouent à il ne sait quoi et stagne au milieu du large couloirs de métro, Jamie échange un regard avec Julian. Le seul à être un tant soit peu censé et le seul qu’il espère voir survivre (avec et pour Lily). Ils se comprennent en une fraction de seconde et Jamie hoche d’ailleurs la tête pour faire comprendre qu’il a saisit le message, avant de recommencer à pédaler, espérant cette fois ne plus être interrompu. De toute manière, le prochain connard qui se pointe la bouche en cœur et les yeux pleins de larmes, il lui roule dessus et compte sur Julian pour l’assommer à coup de crosse.

Il s’autorise tout de même un petit coup d’œil par dessus son épaule et celle de Lily, pour constater qu’une autre personne a rejoint le groupe et que certains ont commencés à s’en détacher pour les rattraper au pas de course. Comme quoi, ils sont pas tous totalement cons. Jamie fait reporter son regard azuré et un peu larmoyants devant lui. L’obscurité relative l’oblige à forcer sur ses yeux qui le picotent déjà désagréablement. Il renifle et tâche de se souvenir des instructions que Julian lui a donné pour trouver la sortie.
Il faut qu’il tienne sa gauche jusqu’à voir l’indication, en espérant que le temps n’ait pas eu raison de la peinture. Ensuite il faudra qu’il s’engage par la droite et ça ne devrait plus être très loin. Pour le moment au moins, Jamie peut se rassurer avec le constat que tous les bruits de lutte, échanges de coups et hurlements proviennent de l’arrière. Ils fuient le danger et à priori, ne foncent pas tête baissée dedans…
Le coursier finit par se raccrocher à cette pensée, à l’idée que bientôt, il pourra sentir le vent frai de l’extérieur fouetter sa peau sans répit pendant qu’il pédalera pour mettre le plus de distance entre la cohorte, ce trou à rats, et lui. Et eux. Mais si les autres n’arrivent pas à suivre, il ne ralentira pas. Un sourire finit par apparaître sur ses traits, lorsqu’il aperçoit la grande lettre majuscule et le numéro qui la suit.
« Va te faire enculer p’tit Jésus » chuchote-t-il avec défi, avant de se tourner vers Julian pour lui désigner l’indication de l’index.
Le frère de Lily acquiesce, tout essoufflé, et Jamie manœuvre pour s’engager dans le tournant et…

Ils lui font face. Trois silhouettes. Trois paires d’yeux intraitables braqués sur lui. Le cœur de Jamie manque un battement et durant cette fraction de seconde, alors qu’il sursaute en plein dans le tournant, il perd le contrôle de son vélo. Au lieu de parvenir à le redresser, il se penche un peu trop, entrainant Lily qui se cramponne férocement à lui dans sa chute. Il a le temps de penser à deux choses.
La première est une protestation silencieuse. On y était presque, on était à DEUX DOIGTS ! Il ne comprend pas pourquoi les choses foirent toujours.
Et puis la seconde, c’est Lily. Sauf que ce n’est pas vraiment à elle qu’il pense et, alors que son corps heurte le béton sans douceur et que son vélo poursuit sa course sans eux, Jamie est persuadé que c’est Aidan qui est dans son dos. Il va devoir recommencer ce foutu jeu de piste. Une chaussure ici, sa casquette par là et tout au bout du chemin, en guise de trésor, un corps rendu méconnaissable par les roues du semi-remorque qui viennent de le trainer sur quinze bons mètres avant d’enfin s’arrêter.
Quand il s’immobilise enfin, sonné par la chute, Jamie ne perd pourtant pas une seconde à faire l’état de ses propres blessures. Il se redresse alors que Julian crie quelque chose dans son dos. Il ne cherche pas à comprendre ce qu’il essaye de dire, il a oublié les trois silhouettes. Tout ce qui compte, c’est Aidan. Lily. Il sait qu’elle va être pleine de sang, le crâne en bouilli, les bras désarticulés et pratiquement détachés du tronc. Sauf que non. Elle a bien une entaille au front et quand il se rapproche tant bien que mal pour venir se laisser tomber à genoux devant elle (comme si elle était le messie), il constate que ses mains sont égratignées, mais elle n’est pas morte. Elle pleure sans faire de bruit.
« Tu vas bien » souffle-t-il, plus pour terminer de se rassurer lui-même que pour l’apaiser un peu.
L’instant d’après, Julian est sur eux et, l’espace d’une seconde, Jamie est certain qu’il va lui en coller une. Il le mérite certainement, il s’est viandé comme la dernière des merdes en mettant la petite en danger… Ce qui lui fait tout à coup se souvenir des trois silhouettes dont l’effrayante vision à provoquer sa chute. Il fait immédiatement volte face se plaçant sans même y penser en bouclier humain entre eux et les frangins.
 

Et hop, un type à terre ! le quatrième il me semble, elle ne tient pas vraiment de livre de compte en réalité. Observant son corps inerte s'écraser mollement au sol, Scarlett récupère l'arme du type, un colt - même si le taser restait quand même son arme de prédilection, il était vide de toute façon - puis s'éloigne sans attendre son reste en quête d'autres pokémons humains à capturer. Elle ne ramasse pas, y'en a d'autres qui s'en charge, des plus costauds qu'elle, elle n'envie pas vraiment leur rôle qui n'a rien de très marrant. Dans ce qui semblait être leur campement, on regroupe tous ces jolis prisonniers, on les charge dans un camion, et voilà ! un tas de petits corps tous frais près à l'emploi. Règne en ces lieux un climat de jubilation extrême : ça faisait longtemps qu'ils attendaient de pouvoir mettre la main sur ce troupeau de "résistants" qui se pensait si bien cachés. Preuve que non bande de moules !  

Elle quitta enfin le camps, suivant quelques couloirs, se laissant guider au hasard de ses pérégrinations. Morte de chaud, la tête dans un carcan de caoutchouc, elle releva son masque à gaz sur ses cheveux quand l'air se fit plus respirable, gardant son arme paralysante en main parce qu'on sait jamais et qu'elle n'avait pas vraiment envie de mourir de cause mortelle. Les couloirs étaient sombres, on entendait encore l'écho du bordel au campement résonnant entre les parrois étroites. Sur ses gardes, elle explorait les lieux, beaucoup moins rassurée depuis qu'elle n'était plus avec tous les autres. Mais des humains se cachent encore et il n'était pas question de les laisser filer aussi facilement. South Bank, elle tourne à un coin de couloir puis continue tout droit un long moment jusqu'à tomber sur un nouvel embranchement; elle prit à gauche, au pifomètre.

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Ils devaient attendre là que les humains arrivent, c'était le plan. Le type qui leur avait filé l'info s'était adossé au mur, à côté d'elle, caché dans la pénombre. Rosa et Kellian étaient là eux aussi, attendant chacun à leur place le moment propice pour frapper. Un groupe d'humain, entre 8 et 10 personnes approchait et ils allaient devoir bien jouer pour ne pas être débordé en nombre. Ils avaient des armes, des flingues semblerait-il, il fallait se la jouer prudent. Une lacrymo à la main, Scar rabaissa son masque quand les humains firent leur apparition au coin du couloir. BINGO BITCHES !

Le premier à apparaître devant eux se la joue Jackasse et se casse la gueule comme un gros laid. Il trimbale une gamine en plus, c'est presque trop beau. Peut-être qu'ils n'auraient même pas besoin d'arme tout compte fait, s'ils se mettaient à se foutre des bâtons dans les roues tous seuls. Dans un rire non contenu, elle déclenche son fumigène histoire de mettre l'ambiance; puis jetant un regard vers Kellian, Rosa et l'autre type, elle laisse la fumée blanche et opaque dévorer leurs silhouette à tous les trois.

Elle tousse. Ses yeux pleurent et elle semble avoir de plus en plus de mal à respirer, malgré tout , Jenibelle se sentait bien, parce qu'elle tenait fermement la main de Juliet et qu'elle savait que temps que cette vérité était réelle, le reste n'avait pas d'importance. Elle avait retrouvé sa cousine, sa meilleure amie, maintenant, il ne lui restait plus qu'une chose à faire, survivre et les sortir de là quoiqu'il en coute. Après tout, ils avaient déjà tant traverser, plus rien ne pouvait leur arriver, leurs ennemies étaient derrière eux et leur avenir droit devant. Elle continue de courir sans s'arrêter, trainant sans douceur sa chaise d'une main et Juliet de l'autre. Évidemment, elle ne peut s'empêcher de jeter quelques regards en arrière, autant pour vérifier qu'aucun danger ne les poursuit que pour observer ce grand gaillard blond les suivre. Il était encore là celui-là... L'ami étrange de sa best friend. Ne pouvait-il pas mourir ou s'en aller? Pourquoi semblait-il vouloir se coller à la petite asiatique? Nul doute qu'il arborait facilement les cinquante ans alors que Juju en paraissait à peine dix-huit. De la pedobearie pure et dure, voilà ce que c'était. C'est la pensée qui traverse l'esprit de Jeni' à cet instant, apeuré, certes, mais incapable de laisser dormir cette pointe de jalousie qui semblait grandir en elle.

Peu importe les pensées lugubres qui envahissaient son cerveau, elle n'avait pas le temps de trop y songer non plus, il fallait avancer, continuer de courir, ne surtout pas s'arrêter. Heureusement, elles n'étaient plus vraiment seules à présent, en plus du pedobear qui les suivait, le petit groupe de tout à l'heure refit bien vite son apparition. Jenibelle jeta un coup d'oeil à sa cousine , rassurer de la revoir à nouveau, puis sans attendre, elle continue, essoufflée et éreinté, observant la peur en elle se faire de plus en plus présente, car maintenant, ce n'était plus sa vie qui l'inquiétait, mais celles des gens qu'elle aimait, elle ne pouvait pas les voir souffrir, ni mourir, ils devaient vivres même si c'était au détriment de sa propre existence. Rapidement, au loin, une petite lumière fait espérer la belle, la sortie n'était peut-être pas si utopique que ça, en plus, Julian , Jamie et la petite était là, fixer, un peu trop au goût de la jeune femme qui s'arrêta à leur côté sans remarquer ce que chacun d'entre eux regardait.... Elle mit quelques secondes à comprendre que face à eux se trouvaient des silhouettes au regard perçant, de toute évidence des ennemies, des putains d'Host, ça ne faisait aucun doute... Ils étaient si proches de but.... Si proche de la survie... Pourquoi maintenant? Pourquoi eux?... Jeni' resserra plus fortement sa main sur celle de sa meilleure amie, comme si elle craignait de la voir s'envoler subitement... La guerre n'était finalement pas tant derrière eux qu'elle l'imaginait.

Par malchance, ils ne restèrent pas très longtemps à se regarder en chien de faïence, alors qu'elle aurait pu le faire encore longtemps, non, l'un des monstres (oui, ce sont des monstres ) décida de jouer les « hommes invisibles » le temps d'une bombe fumigène, évidemment, tout le monde se retrouva aveugle très vite... Que faire? Retourner en arrière et affronter le gaz? Se battre en mode Gilbert Montagnier? Faire l'opossum ?  Ça lui semblait la meilleure idée sur le moment... ou la pire, elle n'était pas certaine et de toute façon elle était trop pétrifiée pour savoir quoi faire. Ses yeux la brulait, sa gorge aussi, il n'y avait que la main de Juliet dans la sienne qui la réconfortait... Tout le reste lui semblait incompréhensible et dangereux, tellement, qu'elle ne sut quoi faire, restant à côté de Julian , Jamie et la petite, en attendant la suite, tel le couperet sur un condamné.

Après que les personnes accompagnant l’eu rejoint, Eileen étudia un peu mieux le petit groupe. Derrière les garçons, elle reconnut un visage familier. Dans son estomac, c’était un peu Space Mountains. A la fois la joie de voir un visage connu et aimé, et la culpabilité de ne pas y avoir pensé plus tôt. La belle s’approcha de sa cousine et posa une main protectrice sur son épaule. Il ne fallait pas être bien fort pour deviner qu’elle était terrorisée. Bon, comme tout le monde en même temps. De plus il régnait dans le petit groupe une tension presque palpable…

Peu après son arrivée, d’autres personnes rejoignirent aussi le groupe de fuyards qu’ils formaient. Apparemment le couloir dans lequel ils se trouvaient était à l’embranchement de nombreux autres. Ce n’était pas vraiment rassurant… Une jeune femme qu’Eileen avait souvent vue en compagnie de Jenibelle fit même son apparition. A voir comment elle se cramponnait l’une à l’autre, les neurones de la danseuse se connectèrent enfin : elles étaient meilleurs amies. Ca aurait dû faire « tilt » avant ! La brunette se détacha alors de sa cousine et s’approcha un peu du reste du groupe, histoire d’écouter ce qu’il se disait.

Finalement et heureusement l’un des garçons prit l’initiative de décamper. La tension était encore montée d’un cran et Eileen n’aurait pas été surprise que quelques uns se mettent à se cogner dessus s’ils ne s’étaient pas mis en mouvement. Son cœur battait tellement fort dans sa poitrine qu’elle avait l’impression qu’il allait remonter par sa gorge. Dans la bouche elle avait un goût métallique fort désagréable. Et par-dessus tout, elle avait un terrible pressentiment.
Jenibelle et son amie s’arrêtèrent quelques secondes pour reprendre leurs souffles, juste le temps pour les cousines de s’échanger un regard d’encouragement, et alors qu’Eileen les dépassait, les filles reprenaient leur course.  Malgré la peur qui la tenaillait, Eileen ressentait un certain plaisir dans cette course. Maintenant qu’elle avait trouvé son rythme, elle exaltait de sentir ses muscles travailler. Après tout, après avoir été danseuse de haut niveau il était normal qu’elle éprouve du plaisir à l’exercice physique… A présent elle rattrapait presque les leaders du groupe. Mais alors qu’elle s’estimait presque sauvée, elle remarqua qu’ils s’étaient arrêtés, comme figé. La belle arrêta donc de courir et arriva à leur hauteur en même temps que sa cousine. Sa main était devenue moite autour du couteau qu’elle n’avait pas lâché depuis son départ.

ILS étaient là, les attendant comme des chasseurs. A ce moment présent Eileen ressentait une telle haine qu’elle aurait pût leur sauter dessus et les massacrer à main nue. Enfin, elle aurait aimé pouvoir… Au lieu de ça, elle se positionna devant Jenibelle et son amie. Autant essayer de les protéger un peu. Mais l’un des parasites décida de corser les choses en balançant un peu de gaz.

« Putain ! Jeni couvre toi le visage ! »

Sans réfléchir plus que ça, Eileen retira la chemise qu’elle portait au dessus d’un débardeur crasseux et se l’attacha autour du visage. Elle se savait si cela allait avoir une quelconque utilité, mais elle avait un souvenir de Roxanne lui ayant raconté ce que les jeunes délinquants faisaient quand la police utilisait des lacrymaux. A présent, l’espace autour du groupe devenait opaque de fumé. Une seule chose vint à l’esprit de la belle : si elle ne pouvait plus voir l’ennemi, eux non plus n’est-ce pas ?

Même si Eileen arrivait encore à respirer, il lui était à présent impossible de garder les yeux ouvert. Le gaz brulait trop rien qu’avec les yeux fermés pour qu’elle essaye de les ouvrir ne serait-ce qu’une seconde. Autour d’elle, la belle ne sentait plus que la peur. C’était tellement dense. Personne ne bougeait dans aucun des deux camps, seules leurs respirations résonnaient en écho contre les parois du couloir. Derrière elle, des sanglots étouffés s’élevaient. Pourtant Eileen aurait été incapable de dire à qui ils appartenaient.
Son cœur cognait de plus en plus fort dans sa poitrine, et sa mâchoire commençait à se contracter dangereusement. Elle sentait même le fourmillement si caractéristique au bout de ses doigts. Il suffisait qu’elle se mette à paniquer un peu plus et elle finirait étalée sur le sol sans pouvoir plus bouger. Mais en même temps elle serrait tellement fort son arme qu’il était normal qu’elle commence à ne plus sentir ses doigts. Après tout, elle sentait ses ongles s’enfoncer dans sa paume…

Et en un instant tout bascula. Le faible moment de répit avant la bataille s’était envolé et autour de la brunette les choses se mettaient en mouvement. Elle était totalement aveugle et essayait de saisir le moindre son, immobile. Et elle l’entendit s’approcher, à pas prudent, hésitant. D’un seul coup, il lui saisit le bras. Il avait une telle force ! La pression contre sa peau la faisait souffrir et Eileen sentait que sans effort l’être aurait pu lui briser le bras. Puis il la tira vers lui. Un cri s’échappa de la bouche de la jeune fille tandis que l’agresseur raffermissait sa prise en lui saisissant les cheveux.

Eileen n’était plus qu’un être habitée par la peur. Plus rien ne comptait pour elle exceptée sa survie. Personne ici ne viendrait la sauver… Qui le pouvait de toute manière ? Etait-ce comme ça que sa vie allait se terminer ? Dire qu’il y a quelques mois elle passait encore ses journées à danser sur le plancher de l’Opéra… Et aujourd’hui elle allait mourir dans le conduit insalubre du métro. Génial !
Finalement, il se produisit comme un déclic dans l’esprit de la belle. Elle commença à se débattre, malgré la douleur que lui procurait chaque mouvement. Et puis sa main droite, celle qui tenait son arme réussis à prendre assez d’ampleur pour frapper ce que la jeune femme espérait être la cuisse de son agresseur.

La fumée commence à les envahir et, les mâchoires scellées, Jamie se laisse à nouveau envahir par la panique. Il ne peut pas se le permettre. Il faut qu’il garde son sang froid, mais c’est évidemment plus facile à dire qu’à mettre à exécution. D’autant que sa peur n’est pas irrationnelle : ils font face à des types méchamment armés qui veulent les buter ou voler leurs corps pour leur profit… Le coursier a toutes les raisons du monde de paniquer.  
Une chanson. Un poème. Un slogan. Il faut qu’il trouve quelque chose, n’importe quoi, pour rester concentré. Mais son cerveau est désespérément vide et tout ceux à quoi il peut penser, c’est que la fumée sera bientôt sur lui et l’engloutira tout entier. Quand c e moment viendra, il sera définitivement foutu, comme Julian et sa sœur et comme tous les autres.
Merde c’est vraiment trop moche ! A quoi bon avoir été épargné tout ce temps si c’est pour se faire choper maintenant. A quoi est-ce que courir et s’épuiser lui a servi au juste ? A espérer encore un peu ? C’est stupide. Il ne sait plus où il a entendu dire ça, mais il sait à cette seconde que c’est vrai : l’espoir vous paralyse. L’espoir n’est pas votre allié, il est une contrainte à laquelle on se soumet en toute quiétude. Espérer s’est se mettre en danger… Et il n’a jamais été autant en danger que cette nuit, à l’heure où il se pensait le plus en sécurité et où l’espoir de jours meilleurs le tenait entre ses griffes acérées et traitresses.
 
« Putain ! Jeni couvre toi le visage ! »
Il n’est pas certain de qui a pris la parole au juste, mais ce cri l’arrache finalement à sa torpeur et Jamie se reconnecte enfin à la réalité. Il tire sur le col de son teeshirt pour le lever jusqu’à son nez et se remet sur ses pieds aussi rapidement qu’possible.
« Fais sortir ta sœur de c’merdier ! » crie-t-il à l’adresse de Julian, sans lui accorder un regard, pendant qu’il se rue sur son vélo.

Celui-ci a déjà à moitié disparu dans la fumée qui lui irrite déjà les yeux, mais Jamie ne compte pas renoncer. Ce vélo représente sa meilleure chance de survie. Mais s’il le sait, peut-être qu’un de leurs assaillants va tenter de s’en approcher aussi, ne serait-ce que pour les empêcher, eux, de le récupérer. Jamie reste en apnée pour éviter d’attirer l’attention sur lui et de dévoiler sa position. Après quelques affreuses secondes de tâtonnements, sa main finit par se refermer sur le métal familier du vélo et Jamie l’attire à lui avant d’entreprendre de le remettre debout pour pouvoir grimper dessus.
Il s’attend à tout instant à ce qu’une main se referme avec autant de jouissance sur lui. La main d’un de ces enfoirés de parasite. Il est incapable de les repérer dans cette purée de pois où ils les obligent à évoluer à présent. Putain d’merde, ils étaient si près du but ! Si près d’une sortie… Pas le temps de se morfondre ceci dit. C’est le moment de se tirer d’ici. Et alors qu’il se met en route, tenant le guidon de son vélo aussi fermement que possible, le cœur battant, une détonation retentit et lui glace le sang.

Qui est le con qui tire à l’aveugle dans ce bordel et les met tous en danger ? L'un d'entre eux ou...l'un des leurs ?

Il n'y voyait rien dans cet épais brouillard. A peine plus loin que ses mains. L'une d'elle tenait toujours cette arme vide qui n'était plus bonne à rien à présent. C'était le chaos complet, tant autour de lui que dans sa propre tête. La vue brouillée, la respiration douloureuse, les poumons brûlants.

Toussant à s'en arracher la poitrine, il cacha sa bouche au creux de son bras comme s'il n'était pas encore trop tard.

Il ne pensait qu'à Lily, comment la retrouver dans ce branle-bas de combat, comment la sortir d'ici et la mettre en sécurité. Tant pi pour les autres, maintenant il fallait avant tout penser à sa propre survie si ils voulaient éviter de tous y passer. Penser à eux, à lui et à sa sœur. C'est sa seule chance de survie. Elle est là, à peine à quelque mètre de lui, protégeant sa tête sous ses petits bras. Il s'élance vers elle, l’attrape par la manche pour l'attirer vers lui.

On l'attrape dans le dos, quelque chose le frappe au niveau des reins, une douleur le transperce. Une sensation de chair perforée, pas de sang. Il cri sous l'impact et se détache violemment de son assaillant d'un coup de coude hasardeux. Son articulation heurte une surface dure, la douleur vrille ses muscles du coude jusqu'à la main. Ses doigts se resserrent instinctivement sur la détente de son arme. Cette arme qui aurait dû être vide, il en était persuadé. La détonation traverse ses tympans.

Comme un réflexe idiot, il porte sa main valide vers celle qui est douloureuse, l'écho du choc se répand dans ses os. Le canon encore fumant de l'arme brûle sa chair et lui arrache un cri rauque qui résonne à ses oreilles comme un bruit lointain et étouffé. Il n'entendait plus qu'un sifflement strident.

Bonne prise. Tu agrippes le bras de la jeune fille sans réellement la voir. Malgré tout, tu sais qu'elle sera une enveloppe de choix : ni trop grosse ni trop chétive. Quant à sa forme physique, tu ne peux te prononcer pour le moment. Lui tirant les cheveux, l'attirant contre toi tu essais de l'isoler un peu. Faut pas qu'elle soit avec les autres, ils risqueraient de l'aider et ça, soyons honnête, c'est mort. Pas avec toi. Et puis soudain, sans que tu ne t'y attendes, elle frappe. Elle te massacre la jambe à coup de crosse de flingue. Tu tires la gueule, ça fait mal merde. Avec le brouhaha personne n'entend le gémissement qui s'échappe de tes lèvres. Saloperie. Sous la douleur tu relâches la pression sur son bras, du moins momentanément. Mais bientôt la rage te submerge, tu la pousses contre l'un de mur avec violence, espérant que le choc lui ferait voir des petites étoiles dorées. «Putain tu veux jouer à ça ?» T'es en colère Kellian, un peu trop même. Avec la fumée t'as du mal à distinguer les formes et t'espère ne pas la perde de vue. Autour de toi c'est la tempête, un coup de feu se fait entendre, tu ne sais pas qui est touché. Pas l'un des tiens tu l'espères. Tes oreilles sifflent, le bruit t'a désarçonné. Portant tes mains à tes tempes, tu luttes contre le vertige. Tu n'entends plus presque plus rien. Plus maintenant. Seul un sifflement terrible et désagréable. Tu te demandes si tu es le seul, si tu pourrais en tirer avantage. Sûrement. Tout tourne, se défragmente. Tu hais cette sensation de surdité, de ne plus être capable de te situer. Ajoutons-y la fumée et bingo. Tu es dans la merde. Quel abruti avait bien pu tirer si près de vous ?