Cela faisait maintenant presque un mois qu’Edmond avait rejoint la cohorte, un mois durant lequel il lui était arrivé bien des choses, agréable ou non. Il avait accompli des missions aussi diverses que variés et fait de nombreuses rencontres, néanmoins le souvenir qui lui revenait systématiquement quand il repensait au chemin parcouru était sa première mission.


Ed était allongé sur sa couchette torse nu, fumant une cigarette. Un type était passé en coup de vent pour l’avertir qu’il devait partir faire de la reconnaissance dans les lignes désaffectées et vu sa précipitation cela voulait surement sous-entendre « Et tu as intérêt à te bouger le cul ». Il écrasa sa clope et se leva à contrecœur, il n’était pas un fainéant, loin de là, il était prêt à mettre la main à la pâte et à accomplir n’importe quelle besogne pour la communauté, mais c’était l’aspect « obéir aux ordres » qui le dérangeait. La plupart des soldats de la cohorte étaient d’anciens militaires donc bon, la discipline et l’organisation ça devait les connaître, mais Ed était un ancien taulard donc par principe il était obligé d’ajouter de la mauvaise volonté lorsqu’on essayait de montrer de l’autorité envers lui.

Il jeta un dernier regard sur les tatouages bibliques qui était parsemé le long de son torse et de son dos, seule cicatrice de sa conversion ratée au christianisme, avant de les cacher avec un débardeur noir malgré la fraicheur environnante qui indiquait l’entrée dans l’hiver. Il en était fan de ses conneries à une époque, mais comme cela ne lui avait rien apporté il avait abandonné la foi, n’en gardant que quelques citations de la bible et ses tatouages. Finalement le seul tatouage qui était visible était sa devise, gravé éternellement sur son avant-bras, « Noli Timere Messorem », ne crains pas le faucheur.

Ed se fit la réflexion qu’il ne risquait pas de le voir aujourd’hui le faucheur, étant donné que les lignes désaffectées étaient dépourvus d’host, mais par principe il prit tout de même les armes qu’on avait mise à sa disposition. Il rangea le pistolet à sa ceinture, mit sa mitraillette en bandoulière et son sac sur le dos. Encore une fois il n’aimait pas le conformisme, le paquetage de base ne lui convenait pas c’est pourquoi il s’était permis d’y ajouter une bouteille de whisky Jack Daniels en cas de coup dur. Une voix au fond de lui l'accusa d'avoir des problèmes avec l'alcool, voix qu'il fit taire en rétorquant qu'il n'avait pas de problème d'alcoolisme, il aimait juste la boisson.

Il quitta sa tente et se dirigea vers l’entrée du réseau souterrain, devant laquelle se trouvait une femme qu’il n’avait encore jamais vu, ce qui était relativement normal vu qu’il n’était pas là depuis longtemps, et le Speedy Gonzales de tout à l’heure. Tout en avançant dans leur direction il observa la femme, n’accordant au passage aucun regard à l’autre type. A première vue elle devait avoir la trentaine, elle était vraiment mignonne et surtout elle était rousse, ce qui était un détail extrêmement plaisant. Néanmoins elle paraissait assez sévère pour une femme, pour quelqu’un qui a pour rôle de veiller sur la vie de la cohorte pendant que les hommes se battent elle ne donnait pas l’impression d’être très douce et frêle. Arrivé à sa hauteur il lui décocha son sourire le plus séducteur tandis que l’autre Bip Bip les présenta.

-Edmond Bronson, voilà Hale Floyd, l’une de tes collègues soldats mais également médecin. Hale, je te présente Ed, le dernier arrivant dans la cohorte. Vous ferez équipe pour une mission de reconnaissance, de plus Hale comme tu connais mieux les lignes désaffectées tu t’occuperas de vous guider dans ce dédale.

Il avait à peine finit sa phrase que Ed s’écria :

-Hey attendez ! C’est quoi ce bordel ? Je vais faire équipe avec une gonzesse ? Et puis quoi encore! Je pige déjà pas ce qu’elle fout en tant que combattante, je veux bien croire que vous êtes en manque d’effectif, mais je ne vais quand même pas avoir à faire équipe avec ! Je vais faire quoi avec quelqu’un d’aussi limité physiquement ? On va balayer la poussière qui traîne ? Enfin si elle arrive à atteindre les lignes sans se plaindre comme une ménagère.

Apparemment la déclaration d'Ed avait fait mouche, Hale, comme il venait de l'apprendre, avait levé un sourcil surpris, avant de laisser virer son expression à la colère et de le frapper dans le ventre. La violence du coup l'avait étonné, il était habitué à se prendre des beignes et à en renvoyer, mais cette femme frappait plus fort que bien des taulards.

Habituellement il aurait riposté avec un uppercut dans le visage, heureusement pour elle on lui avait appris qu'on ne devait pas taper les filles, sauf avec une fleur, il allait donc devoir attendre d'avoir un joli bouquet de fleur pour en faire un gant et étaler sa galanterie à renfort de grand coups de poings dans la tronche.

Elle se pencha et lui cracha presque sa phrase au visage:

-La ménagère est une ancienne militaire et elle vous emmerde.

Bon ok, elle avait du caractère, il devait le reconnaître, mais ça restait une gonzesse et Ed s'était intérieurement persuadé qui si elle utilisé la crosse de son arme pour frapper, c'était surement pour ne pas avoir à se casser un ongle.

Elle tourna les talons et se dirigeait fermement dans les souterrains pendant que le nerveux lui marmonna quelque chose qui devait ressembler à "Bon dieu, Bronson, arrêtez vos conneries et évitez de vous entretuer" mais il ne l'écoutait pas, toutes ses pensées étaient concentrés sur un sujet.

Il venait de voir un superbe bas de dos qui lui évoqua la pureté de la lune, le beau de l'air, la splendeur d'une campagne aux premières lueurs de l'aube, un spectacle si hypnotique que n'importe qui en aurait perdu le fil de ses pensées et serait resté piégé de cette vision féerique. Pour résumer, elle avait un putain de beau cul, et ce fut la seule pensée qui traversa l'esprit d'Ed durant les 20 secondes qui suivirent pendant que le stressé essayait de lui expliquer quelque chose en vain. Le départ stressé interrompit sa rêverie.

Il se décida finalement à la rejoindre tandis qu'elle s’enfonçait dans les tunnels sans même jeter un regard en arrière. Il fut à sa hauteur rapidement et marcha silencieux à côté d'elle durant quelques instants, avant d'ajouter sèchement

-Les femmes militaires ça a toujours été une connerie de toute façon, c'est aussi utile dans une armée que des vieillards ou des pd. Il soupira avant de continuer, 'fin bref je suis obligé de faire équipe avec toi que je le veuille ou non alors tant pis.

Il marqua une pause avant d'ajouter d'un air narquois en souriant, poussé par la curiosité et aussi en partie parce qu'il n'avait pas envie qu'elle lui fasse la gueule durant toute la mission:

-Sinon tu te fais protéger par la cohorte depuis quand? On te refilait à qui d'ailleurs avant que j'arrive?

Indéniablement, cela semblait mal partie entre eux, et Edmond devait l'avouer, il était peut être en partie responsable de cette situation, mais bon il était ce qu'il était et elle devra faire avec. Sa tentative de briser la glace fut un échec de toute évidence, bon d'accord formuler la question de façon à se moquer encore d'elle n'était peut être pas l'idée de l'année, mais c'était plus fort que lui, il se sentait obligé de se venger du coup de crosse qu'elle lui avait asséné plus tôt. Elle se retourna, le regarda dans les yeux en l'aveuglant de sa lampe puis lui lança avec froideur:

-Je ne vois pas en quoi ça te concerne

Ed resta impassible, il n'aurait jamais cru que ses remarques puisse l'énerver à ce point car vu sa démarche même un vendeur d'aspirateur se serait rendu compte qu'elle était en rogne. Il commença à se résoudre à passer le reste de la mission dans un silence pesant lorsqu'elle lui répondit finalement. Sa voix était légèrement moins agressive, presque neutre, mais elle se permit tout de même une petite pique à son encontre. Il s’apprêtait justement à lui répondre avec une nouvelle raillerie avant de se raviser, il avait déjà fait assez de dégât avec son égo, il était donc grand temps qu'il ferme sa gueule.

Ed la suivit donc silencieusement, se tenant légèrement en retrait derrière elle, la regardant en méditant sur des petites phrases innocente qui pourrais sous entendre une excuse et rétablir le contact entre eux. En vérité ce que sa fierté refusait d'admettre et malgré ses moqueries, il aimerait bien pouvoir engager la conversation car ce silence funèbre commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Malgré la température qui commençait à chuter au fur et à mesure que le soleil déclinait à la surface, Ed n'en souffrait pas en dépit de son débardeur noir qui n'était pas le vêtement le plus chaud que l'on puisse espérer dans cette situation. Il crut même voir un frisson de la part d'Hale, mais ce fut bref et étant donné l'obscurité ambiante, il préféra ne pas y prêter attention.

Après avoir préparé un subtil petit discours d'excuse en demi mot, il s'apprêta à prendre la parole lorsqu'elle le devança en demandant d'un ton désinvolte:

-Qu'est ce que tu as fait pour te retrouver en prison ? t'as volé des bonbons à un gosse ?

Ed réussit à lui marmonner un "Je ne vois pas en quoi ça te concerne". Intérieurement, il bouillonnait de rage, cette épisode fut pour lui la pire expérience de sa vie. Neuf années insupportables en enfer qui avait fait de lui ce qu'il était aujourd'hui, mais au prix de la mort de ce qu'il était à son arrivé en prison. Cette période était psychologiquement son point faible, son traumatisme, sa corde sensible et la voir aborder ce sujet avec une pointe de moquerie le mettait hors de lui. Il laissa tomber les petites phrases fleuries, une chose était sur pour lui, ça allait chier.

Elle continua à avancer en balayant le couloir du faisceau de sa lampe, dans l'obscurité derrière elle, Ed se retenait de laisser exploser sa colère. Ce fut d'ailleurs pour lui une aubaine qu'elle lui demande de dégager le passage. Il passa devant elle en la gratifiant d'un sourire de héros, le sourire "Écarte toi et laisse faire les hommes, poulettes", puis il évacua la fureur que sa précédente remarque avait déclenché chez lui en défonçant la porte violemment en bonne et due forme. Si il y avait bien une chose que la taule lui avait apporté, c'était une condition physique dont il était assez fier et dans le cas présent un très bon moyen de taquiner sa collègue du sexe faible avec un sourire de séducteur.

-Que ferais une frêle jeune femme comme toi sans quelqu'un pour veiller sur elle? J'aurais vraiment dû faire cette mission seule et te laisser préparer la bouffe et la lessive pour mon retour. Bon éclaire nous le passage que je viens d'ouvrir, à moins que cette lampe torche soit trop lourde pour toi.

Hale entra dans la pièce, non sans lui avoir asséné une petite pique relativement inoffensive accompagné d'un sourire moqueur, sa lampe torche révéla la pièce. Entrant à sa suite, Ed découvrit à son tour la salle, qui était assez grande et semblait être un ancien local de rangement étant donné tous les vieux papiers qui traînaient par terre et les palettes éparpillé dans tous les coins. Evidemment, le lieu se trouvant dans un endroit qui n'avait pas été visité depuis un certain temps, il était couvert de poussières et sa superbe humoriste de coéquipière ne trouva rien de plus spirituel à lui envoyer accompagné d'un autre sourire taquin que:

-C'est pas toi qui voulais faire la poussière ?

OuhOuh, HaHa, qu'est-ce que tu te poiles, comme elle est drôle dis donc! La poussière, Haha! Mais d'où sort-elle tous ça? Finalement Ed préférait quand elle faisait la gueule, son sens de l'humour étant aussi développé qu'une blague de Toto, il vaudrait mieux qu'elle évite de continuer son stand up foireux. Il s'apprêtait à concrétiser à haute voix son rire jaune et ses remarques sarcastiques quand la salle fut soudainement plongée dans le noir. Il crut tout d'abord à une mauvaise blague de sa part, digne d'un sketch improvisé d'un clown dépressif alcoolique, elle tombait bien bas décidément.

Elle marmonna un juron puis lui demanda d'une voix agacé des piles ou une lampe. Dans l'obscurité impénétrable, il l'entendit tenter de marcher dans sa direction et sourit, amusé de la situation et surtout de l'énervement de sa collègue, ses jurons irrités étaient comme une douce symphonie à ses oreilles. Il sortit son briquet et s'apprêta à l'allumer lorsqu'elle posa une autre question, rhétorique ce coup-ci et surtout à travers laquelle perçait des pointes d'angoisse. Calamity Jane serait claustro sur les bords? Son sourire en coin vira au sourire carnassier, exactement le sourire qu’arbore un vendeur de voiture lorsqu'il apprend que "monsieur les aime sportive" ou d'un vendeur de bijoux qui apprend que "c'est l'anniversaire de madame"

Tandis qu'il se préparait à lui faire une petite frayeur pour profiter de la situation, son instinct de survie lui susurra "Avant de faire ça, réfléchit à sa question, ça nous évitera surement une engueulade et un coup de crosse dans les couilles, donc comment ça se fait que tu n'ais pas de lampe?" et il était vrai qu'il posait une bonne question. Après une courte réflexion la réponse lui apparut rapidement, il l'avait tout simplement retiré de son sac afin d'avoir la place d'y mettre la bouteille de whisky. Il écarquilla les yeux en se remémorant ce souvenir, clairement ce n'était pas la bonne réponse, c'était même un allé simple pour un flot d'injure et de reproche accompagné peut être de violence. Finalement si elle lui reposait la question il répondrait que le type de tout à l'heure en avait besoin pour les patrouilles nocturnes, sa conscience, qui n'était que rarement active, lui reprocha directement son mensonge éhonté, ce qui entraîna une réaction simultané du reste de son cerveau composé d'un vindicatif "Rah mais ta gueule toi!"

En parlant de ce type, comment ce faisait-il qu'il ne les avait pas prévenus de l'état des piles? Il n'avait pas essayé de lui dire quelque chose à un moment? Merde, il était incapable de s'en souvenir. Ah! oui! ça y est! il ne l'écoutait pas car il était occupé à regarder le séduisant cul de sa partenaire à ce moment-là! Mais ce n'était qu'un détail insignifiant, ça n'intéresserait pas Hale, mieux valait la laisser dans l'ignorance de ce point. Pendant qu'il se faisait ces résolutions, un murmure vint d'une autre partie de son corps, un murmure soulagé. Ses testicules lui murmuraient "Merci".

Ed se dirigea vers le bruit des pas d'Hale qu'il prit par la main pour l'éviter de chuter en marchant sur une palette, puis il se mit face à elle et regarda dans l'emplacement approximatif de ses yeux. Il fit craquer la pierre de son zippo, rendant à cette salle vide la clarté et éclairant leurs visages d'une douce lumière

-Eh bien mademoiselle, aurait-on peur du noir? Je me permets d'ailleurs de te guider, ton instinct naturel était en train de te diriger vers la cuisine la plus proche. Malheureusement on n'a eu droit qu'à une lampe pour cette unité, alors va falloir faire avec et improviser

Il se baissa pour saisir un journal à terre et l'alluma, évitant ainsi à son briquet de se vider de son essence, il y avait déjà largement assez de gourde gaspilleuse dans ce groupe. De fil en aiguille il se retrouva rapidement avec un petit tas de papier embrasé, ne disposant que de peu de temps avant que tous les papiers ne soient consumé il dépita une palette qu'il jeta dans le feu. Le feu, si judicieusement alimenté avec un génie si astucieux que même Mac Gyver murmurerait "Mother of god" impressionné, prit finalement constance et emplit la pièce d'une douce chaleur et d'une lueur vacillante.

Ed se laissa glisser et s'assit satisfait contre le mur, juste en face du feu qu'il venait d'allumer. Il releva la tête et dis d'une voix qui pour la première fois ne cachait aucune moquerie et pouvait paraître presque attendri, mais c'était Edmond Bronson après tout, cette impression ne pouvait venir que d'une imagination exténué.

-Allez, viens t’asseoir près du feu, il tapota la place juste à côté de lui, on ne pourra pas avancer de toute façon, il fait si sombre qu'on risquerait d'aggraver notre cas en nous perdant plus qu'autre chose. Pas la peine de faire ta fière amazone ce coup-ci, je vois bien que tu es frigorifié alors réchauffe toi et discutons un peu.

Hale ne semblait pas impressionné par son feu de camp, son scepticisme le vexa même un peu, pourquoi ne voulait-elle pas reconnaître son génie pyrotechnique? Bon ok, peut être qu'allumer un tas de vieux papier et de bois moisis ne mérite peut être pas le titre de "génie". Il avait d'ailleurs déjà craché du feu dans sa jeunesse, ça devrait l’impressionner ça, même si le terme exacte serait plutôt "craché sur un type puis lui mettre le feu".
Il réfléchit rapidement à sa question sur la fumée en jetant des coups d'oeil furtifs autour de lui, finalement il repéra la clef de son excuse, soupira de lassitude et lui lança d'un air condescendant:

-Pour qui me prends-tu? Bien sûr que je connais les risques de la fumée, sauf que si tu savais faire preuve d'attention pour autre chose que ton obsession à cacher ta sottise tu aurais remarqué que c'est un ancien métro ici, ces tunnels sont donc truffé de bouche d'aération comme celle se trouvant dans cette pièce.

Elle semblait ne pas prêter attention à sa réponse, peut être avait t-elle développé une attitude à ignorer les phrases contenant des remarques misogynes? Si c'était le cas, il était temps pour Ed d'apprendre le langage des signes, ça ne devrait pas être bien compliqué d'ailleurs, dés qu'il saurait dire "connasse" et "laisse-moi faire" il aura assez de vocabulaire pour s'adresse à sa partenaire.

Finalement après un instant de réflexion, elle se décida à s'asseoir ce dont il se réjouit, même si elle avait pris la peine de prendre place légèrement à l'écart et que cela n'écarta pas la théorie de la surdité sélective. Hale resta un instant pensive en fixant le feu puis ôta son pull. Elle portait un T-shirt de l'armé assez classique qui ne répondit qu'à un simple doute qu'il avait sur la véracité de son passé de militaire, car ce qui attira surtout son regard fut son corps élancé et légèrement dénudé. Il n'aurait jamais cru que sans son pull moche elle puisse s'avérer aussi sexy. Il continua de la contempler jusqu'à qu'elle interrompit sa rêverie en lui proposant à manger.

Il acquiesça en continuant d'afficher son plus beau sourire, finalement elle s'était peut-être calmé et avait décidé que ce brave Ed était vraiment talentueux et qu'elle se devait, de part son statut de femme, de l'aider à ménager ses efforts. La question qu'elle lui posa et surtout le ton employé le contredit sur toute la ligne.

-Qu'est ce que tu as d'utiles avec toi ?

La manière dont elle prononça la question, sous entendait clairement "Hey le taulard débile, j'ai de la bouffe alors que toi tu n'as que joué cinq minutes avec ton briquet, alors tu fais moins le malin ? Tu te sens moins supérieur le macho hein?".

Il la gratifia du sourire satisfait de celui qui a la réponse à la question que l'on lui pose et lança en fouillant dans son sac:

-Utile? je pense qu'on peux dire ça, c'est surtout agréable en fait, c'est histoire de se payer un peu de bon temps dans notre situation. Et ne me fais pas de discours moralisateur niais de bonne femme sur le fait que ça soit interdit en mission, tu connais mon passé. Les règles c'est pas mon truc.

Tout en parlant il extirpa de son paquetage sa fameuse bouteille de Jack Danniels. Il regarda satisfait la bouteille de whisky et se remémora les marmonnements stupides des séances des alcooliques anonymes auquel il avait participé. Il ouvrit la bouteille et s'accorda une bonne rasade, faisant définitivement taire ses souvenirs. Il n'était pas alcoolique, il aimait l'alcool c'est tout. Il tendit ensuite la bouteille à sa partenaire en plongeant son regard dans ses séduisants yeux bleu.

-Tiens bois un coup, ça te fera du bien, l'ambiance est assez oppressante. Il s'alluma une cigarette puis ajouta, tu sais Hale, j'aimerais bien te connaitre un peu mieux. Même si on est partit sur des bases assez...tendu on va dire, je pense qu'on devrait faire un peu mieux connaissance, c'est d'ailleurs tout ce qu'il nous reste à faire étant donné notre situation et puis ça nous ferait pas de mal de discuter un peu, sans animosité. Parles moi un peu de toi, qu'est ce qui te passionne, qu'est ce qui te bouleverse, qu'est ce qui te tourmente en ce moment, tout ça.

Il attendit sa réponse, le regard pénétrant, la mine sérieuse. Il cherchait toujours à se valoriser physiquement, se rendre plus séduisant, sans vraiment l'admettre dans le but d’impressionner Hale, mais cette fois-ci il tentait une approche plus subtile, laissant tomber le sourire frimeur quelque temps au profit d'un air plus sérieux, plus intéressé.

Edmond fut surpris de voir Hale lui emprunter sa cigarette, il l'avait toujours prise pour une béni-oui-oui moralisatrice et sérieusement planqué dans des valeurs aussi chiantes qu'un épisode de Derrick spécial Noël. Comme quoi, essayer de la connaitre était une bonne idée, peut être ne correspondait-elle pas exactement à sa première impression. Il ne s'attendait qu'à deux réponses de sa part d'ailleurs, soit une description des banalités de sa vie qui aurait été aussi chiante que l'autre épisode de Derrick mais dans un cross-over avec Maigret, soit tout simplement une réponse sèche et cassante.

C'est pourquoi en entendant sa réponse il éclata de rire. Ah ça, il était désormais indéniable qu'elle avait de l'humour et surtout de l'ironie, discuter avec elle n'était peut-être pas aussi déplaisant qu'il n'y parait si on excepte son obstination à renier sa condition naturelle. Une chose est sur en tout cas: la regarder était loin d'être déplaisant.

Il souriait encore de sa blague lorsqu'elle lui rendit sa cigarette en ajoutant:

-Je te propose un jeu.

Ed connaissait son sourire, c'était le sourire des gens qui avaient une idée derrière la tête et il craignait le pire, c'était une idée de gonzesse tout de même.
Il écouta attentivement sa proposition et finalement acquiesça malicieusement, il connaissait exactement quelle question elle allait lui poser, et il ne s'était pas trompé.

-Tu as déjà tué avant l'attaque.

Il la regarda droit des yeux, scrutant sa réaction. L'ex criminel savait que cette question l'intriguait, c'était compréhensible quand on est enfermé sous terre avec un ancien taulard on préfère toujours savoir si on doit l'assommer et s'enfuir en courant ou lui tapoter le dos en disant "Ne t'inquiète pas, ne prend que des bains, ça s'arrangera. Tiens assieds toi sur cette bouée, j'aurais jamais cru voir un anus de la taille de mon poing un jour tu sais".

Elle était clairement intriguée par cette question, peut être que la réponse l'effrayait un peu, était-il vraiment un tueur? Lentement, sans la quitter des yeux et sans effacer son petit sourire en coin, il tendit sa main vers la bouteille et la porta à ses lèvres. Il attendit quelque seconde avant de boire afin de laisser encore un peu de doute, de suspense, puis finalement en pris une gorgée. En reposant la bouteille il se tourna vers le feu, le fixant silencieusement quelques secondes puis, sans regarder Hale, s'expliqua:

-Tu sais, mon père était un véritable enfoiré, il dilapidait tout notre fric pour son alcool alors quand j'étais enfant j'étais obligé de gagner ma croûte moi-même et dans mon quartier il n'y avait 36 solutions, je me suis retrouvé à faire des petits deals et à voler des morceaux de bagnoles. ça me permettait de gagner ma vie mais c'était pas ma passion, je n'attendais qu'une chose c'était de pouvoir être majeur, me tirer et partir vivre décemment. Malheureusement le paternel s'était endetté et comme c'était un branleur, il n'a pas pu rembourser et s'est fait descendre. Du jour au lendemain je me suis retrouvé à devoir rembourser un gang qui essayait de monter une mafia, alors pour ça j'ai dû bosser pour eux. Je t'explique ça pour que tu comprennes que même si j'ai tué des mecs de sang froid, ce n'était pas des meurtres gratuits. Je ne suis pas un psychopathe, j'essayais juste de survivre. C'était mon monde, un monde régit par des lois cruelles "Il va te balancer aux flics, balance lui de l'essence et une allumette". N'essaye pas de me juger en te basant juste sur ce que je te raconte, tout n'est pas aussi facile quand on est du mauvais côté de la loi. Alors oui, j'ai tué, abattu, exécuté, volé, braqué, dealé et détruit, car sans ça je n'aurais jamais pu rester en vie aussi longtemps, mais cela ne fait pas de moi pour autant un connard de psychopathe qui trucide sans raison en bavant dés qu'il voit du sang.

Il soupira, se tourna vers elle et souris gentiment, ce qui contrastait singulièrement avec le discours qu'il venait de prononcer. Tout en se rapprochant discrètement d'elle, Ed murmura d'une voix suave:

-A mon tour maintenant, elle l'avait poussé à montrer ce qu'il avait de plus mauvais dans son passé, au moins ils seraient quittes. Tu as déjà été trahis et abandonné.

Lorsque Edmond avait affirmé qu'elle avait été trahies et abandonnée, il ne s'attendait qu'à une petite histoire d'amourette niaise où un type l'aurait largué parce qu'elle était trop fière et énervante mais il n'aurait jamais cru que la vie ait pu lui jouer un tour aussi cruel. Jérémie avait beau le dire dans l'Anicen Testament: "La voie des humains n'est pas en leur pouvoir, et il n'est pas donné à l'homme qui marche de diriger ses pas.", c'était toujours aussi choquant. Il se sentait gêné, gêné de savoir qu'Hale avait eu une garce comme soeur et que le dernier des connards avait jeté son coeur dans la poubelle en face de la maternité. Habituellement il aurait pris le mec à part pour lui apprendre à faire pleurer les femmes à coup de beignes, dans le cas présent cette ordure devait être déjà morte.

Ed se sentait vraiment désolé pour elle, il la couva d'un regard attendri. Elle était perdue dans ses pensées et semblait vraiment avoir été perturbé par le déterrement de ses souvenirs douloureux, il ne la voyait plus comme l'agaçante mégère de service qu'il aurait été obligé de se coltiner durant cette mission, elle lui semblait désormais si fragile et innocente.

Sans même sans rendre compte, il s'était rapproché encore d'elle, il aurait aimé lui prendre la main et dire quelque chose de réconfortant, mais il ne fit rien, il n'était pas très fort dans ce domaine. Leurs épaules se touchaient presque lorsqu'elle affirma:

-Tu n'as jamais voulu finir comme ça mais former une famille, avoir une femme, des mômes et un boulot normal n'a jamais été dans tes plans.

Il réfléchit un instant, il ne s'était jamais sérieusement posé la question tant elle lui paraissait absurde, il n'avait même jamais envisagé cette possibilité. Finalement il saisit la bouteille et laissa couler le liquide jaunâtre dans sa gorge.

-C'est vrai, c'est même entièrement vrai. Je ne suis pas fait pour avoir une famille, surtout des mômes, car cela veut dire veiller sur eux, les éduquer, les aimer quoi qu'ils fassent, ce genre de conneries c'est pas mon truc. J'ai jamais pu blairer les gosses et puis c'est un paquet de responsabilitées, et je ne suis pas quelqu'un de bien, vraiment, alors avoir un braillard à ma charge non merci, ce serait comme donner un ange à Satan. Dieu bénisse l'invention de la capote, les merdeux sont la pire mst possible. Ensuite pour le truc du boulot normal c'est aussi vrai, en partie, je n'ai jamais envisagé de vivre autrement que par la violence, j'aurais pu devenir militaire , mais je suis bien trop immoral pour être un genre de protecteur de la liberté.

Ed se tourna vers elle, elle le regardait. Il savait qu'il était censé ajouter quelque chose à propos d'elle, une affirmation, mais sa gorge s'était noué, ses lèvres s'étaient terriblement asséchés. Il n'arrivait pas à la quitter du regard, ses mèches rousses qui lui donnait un air innocent, ses lèves légèrement entrouvertes qui n'éveillait en lui qu'une envie et surtout il ne pouvait quitter son regard de ses yeux bleue hypnotique. Son coeur battait la chamade, son corps était fébrile, son cerveau avait surchauffé, il n'entendait qu'une vague écho "Putain Ed! qu'est-ce-que tu fous?! dis lui "tu es une acheteuse compulsive soumise et doué que pour le ménage" pour être sur d'avoir raison!". Il ne s'était écoulé que quelques secondes, mais dans son monde il avait l'impression que ces secondes avaient été des décennies d’épopée. Finalement sa dernière pensée fut "Oh et puis merde, ta gueule le cerveau"

-Tu es vraiment magnifique.

Il se pencha vers elle et leurs lèvres se rencontrèrent tendrement, passionnément.

Ed sentait la chaleur d'Hale contre lui. Il sentait ses mains l'attirer contre elle, se laissant tout d'abord aller à son étreinte puis il se mit à faire de même. Toutes ses pensées furent balayé par la sensation des douces lèvres de sa partenaire contre les siennes, de la tendre danse de leurs langues, de leurs bouches animé par une passion commune. Il frémit en sentant son souffle chaud et ses baisers dans son cou, laissant une main s'emmêler dans ses cheveux, il fit descendre son autre main dans son dos afin de la rapprocher de lui pour lui murmurer à l'oreille:

-Finalement je n'ai rien contre avoir une coéquipière aussi mignonne

Lentement, sans cesser de l'embrasser, il fit glisser sa main sous son t-shirt, caressant sa peau douce et enivrante. Ils se laissèrent tomber sur le côté, allongé et profitant de la chaleur du feu, ils oublièrent tous: la déperdition du monde, les host qui leur prenaient leur humanité, leur mission, leurs camarades, leurs souvenirs, tout. Seul cet instant comptait.

Ed profita de ce changement de position pour la regarder dans les yeux et ajouter:

-Il faut vraiment chaud avec ce feu, tu ne trouves pas?

Il lut dans ses yeux qu'elle avait compris le sous-entendu et ayant reçu son approbation, il posa ses deux mains sur sa taille, enleva son t-shirt militaire, dévoilant ainsi sa ravissante silhouette, puis resta admiratif quelque seconde. Ne pouvant résister à cette envie, il prit le visage d'Hale entre ses mains et s'approcha pour y déposer son baiser le plus sincère.

Tout en s'allongeant à ses côtés, il décrocha son soutien gorge et fit dériver ses baisers vers son cou, n'hésitant pas parfois à le lui mordiller sensuellement. Il ne fallut que peu de temps avant que l'une de ses mains n'emprunte la même direction, atteignant sa poitrine fascinante, se laissant aller à la passion qui l'habitait.

Son cerveau, pourtant déconnecté du reste de son corps, s'étonna de la tournure des évènements. Comment Edmond Bronson, le pire enfoiré antipathique de la cohorte avait fait pour charmer Hale Floyd? Il était sexiste, elle était presque féministe, c'était un taulard, elle était une militaire, il était fier, elle...l'était aussi, raison de plus pour ne pas s'entendre. Alors pour quelle raison Hale avait-elle réussit à pousser un type aussi renfermé qu'Ed à se confesser, sur son passé qui plus est, et inversement qu'Ed, qui avait la subtilité d'un champ de bataille dans une prairie, puisse pousser Hale à lui parler de son histoire la plus douloureuse? Pourtant, aussi incompréhensible soit la chose, elle arrivait, mais ses pensées lui étaient de toute façon inaccessible actuellement, paralysé par ses sens qui lui faisait ressentir la plus extrême des drogues.

Ed ferma les yeux de plaisir, laissant le reste de ses sens apprécier la situation. Il laissa son odorat sentir l'odeur de sueur, de désir et d’excitation qui emplissait l'atmosphère, il laissa son ouïe profiter du bruit de son souffle, de sa voix suave, mais surtout il laissa sa peau se délecter des caresses des douces mains d'Hale.
Il rouvrit les yeux surpris lorsqu'elle le poussa en arrière pour s'allonger sur lui. En apparence il était censé râler un peu de ce changement de position, il était tout de même désormais soumit au moindres geste de sa partenaire, mais intérieurement l'avoir presque à califourchon contre lui ne lui déplaisait pas, surtout que maintenant il avait ses superbes seins sous les yeux. L'avoir contre lui était amplement suffisant, d'autant plus qu'elle ne profita pas de sa position pour lui révéler sa nouvelle passion pour le sado-masochisme ou quelque chose dans le genre mais pour des actions bien plus tendres et langoureuses. Il savait néanmoins qu'elle faisait surtout ça pour l'énerver, il lui fit donc une petite moue avant de se remettre à l'embrasser passionnément.

Il sentit ses mains s'agiter agréablement au niveau de son pantalon, jusqu'à ce qu'elle lui se mit à rire doucement en lui avouant que la fermeture était bloquée. Ed rit à son tour, agissant comme si cet imprévu était vraiment amusant alors qu'en réalité il paniquait presque autant que si elle pointait un revolver sur sa tête.
Il agita la fermeture à coup de mouvement brusques et secs jusqu'à que les dents métalliques finissent par coulisser, le délivrant enfin de cet encombrant et inutile accessoire.

Il laissa finir de lui enlever son pantalon avant d'à son tour la renverser en lui susurrant

-Laisse-moi faire de même.

Il lui mordilla le lobe de l'oreille, la couvrant de baiser, tout en posant une main contre son ventre. Il la fit descendre lentement jusqu'à atteindre sa ceinture qu'il ouvrit rapidement avant de faire de même pour son pantalon, sans problème contrairement à elle, révélant ainsi son sous-vêtement. Ed se laissa glisser le long du corps de sa coéquipière qu'il se remit à embrasser dans le cou, tout en glissant une main aventureuse sous sa culotte. Il sourit en la sentant frémir de plaisir à ce contact.

Edmond ouvrit les yeux péniblement. Le réveil s’annonçait difficile car le feu étant éteint il commençait vraiment à se geler le dos allongé sur ce sol froid, mais le plus embêtant était surement que la bouteille ne se trouvait plus là où il l'avait laissé tomber la veille et qu'Hale était déjà debout et habillé, à son grand déplaisir. Il sourit dans la pénombre en se remémorant la tournure de la soirée et se mit à trier les centaines de phrases qu'il aurait pu utiliser pour rappeler cet agréable moment. Il hésitait fortement entre un classique "Alors? Heureuse?" ou un innocent "Bon, ça c'est fait, maintenant il ne te reste plus qu'à faire à bouffer pour accomplir jusqu'au bout ton rôle de femme", et même si c'était un compliment, il ne pensait pas qu'un "comme quoi, ne pas avoir d'âme n'empêche pas d'être sacrément sexy" soit une bonne idée.

Finalement elle stoppa sa réflexion en lui envoyant la bouteille d'eau, ce dont il n'avait pas l'habitude étant donné que généralement, les lendemains matin ses conquêtes ne prenaient pas le soin d'enrober l'eau qu'elles lui jetaient au visage de plastique. Il l'attrapa au vol en la remerciant puis tendit l'oreille quelques secondes pour vérifier si elle allait l'insulter de tous les noms, ce qu'elle fit pas, décidément les temps changent. De toute façon cette femme avait un petit quelque chose en plus par rapport aux autres, et ce n'était pas un troisième sein malheureusement. Il n'arrivait pas à mettre la main dessus, sur la chose bien sur, vous vous doutez bien que si elle avait eu un troisième nichon il ne lui serait pas restait inconnu longtemps, plutôt trois fois qu'une d'ailleurs.

Il soupira, laissant tomber le cours de ses pensées pour se relever et se rhabiller. Ed n'avait habituellement aucun problème pour laisser son corps à la vue des regards, il fallait avouer qu'il n'était pas mal foutue, mais il n'avait aucune envie qu'Hale puisse examiner plus en détail les tatouages bibliques qui constellaient son torse et son dos. Ils étaient assez classe dans l'ensemble, surtout le "JESUS IS DEAD FOR US, YOU GONNA TO FOLLOW HIM" qu'il affectionnait particulièrement, mais ils dataient de sa phase de fanatisme religieux dont il n'avait aucune envie qu'elle le questionne.

Vu le ton froid qu'elle reprit, il semblait tellement évident qu'elle n'avait aucune envie de reparler maintenant de la nuit érotique qu'ils venaient de passer ensemble que même Ed le remarqua. Malheureusement pour elle l'ambiance sensuelle était passé et comme elle venait de reprendre son attitude d'inébranlable amazone aussi froide qu'un croustibat, il n'avait aucun remord à reprendre son rôle de derniers des enfoirés:

-Alors princesse, bien dormis? lui glissa t-il doucement d'une voix suave.

Tout en lui posant cette question lourde d'un sous-entendu évident, il sortit son briquet et glissa délicatement une cigarette dans la bouche d'Hale avant de la lui allumer. Il ne s'en grilla pas de son côté, préférant garder en bouche un léger arrière-gout des lèvres de sa coéquipière, et éclaira le plan de son briquet. Il n'avait pas d'autre choix que de la laisser gérer la suite du trajet, c'était la première fois qu'Ed patouillait dans ce coin il n'avait donc aucune idée des lieux qui l'entouraient. S'il avait eu une autre solution que de laisser une gonzesse s'occuper de l'orientation, il l'aurait prise sans hésiter. Laisser Hale, qui les avaient quand même paumé une fois ce qu'il n'osait pas lui reprocher d'ailleurs étant donné la tournure très appréciable qu'avait prise leur égarement, lui paraissait une aussi bonne idée que de se lancer dans le tourisme chez les bouffeurs de tacos en pleine invasion d'aliens.

Hale lui rendit sa cigarette accompagnée d'une remarque sarcastique, mais plus teinté d'une joyeuseté taquine comme la veille, elle était devenue froide et distante à son égard. Bon pas qu'ils aient toujours été en très bon terme, néanmoins elle semblait pendre plaisir à se moquer de lui avant, alors que maintenant elle ne souhaitait visiblement que de le voir devenir aussi invisible et inexistant que le sexe de Ronron.

Edmond lui jeta un regard interrogateur qu'elle ne put voir tant elle était plongée dans sa carte. Finalement, après lui avoir pris son briquet et réfléchis quelques instants, elle lui donna une indication sur leur itinéraire, indication qu'il n'écouta même pas car il était occupé à récupérer ses affaires et ,aussi accessoirement, car il s'en tamponnait la nouille avec une pelle. Ed n'était pas un génie non plus, faire une action en se concentrant sur quelque chose d'aussi inintéressant que les paroles d'une gonzesse était aussi miraculeux qu’espérer voir un jour Scar perdre des kilos.

-Par rapport à hier, je crois que nous sommes tous les deux d'accord pour ne plus jamais en parler

Ed se redressa surpris. Gné? La première réponse qu'il lui passa par la tête fut "Hey, tu risques de me supplier pour avoir droit à nouveaux aux privilèges charnelles de mon corps si sexy donc tu devrais presque te vanter auprès de tes amis d'avoir pu te taper le meilleure coup encore en vie dans ce monde de ruine"
Pourtant il se ravisa au dernier moment, même s'ils avaient couché ensemble, évènement auquel elle faisait surement allusion, ils avaient également discuté, discussion qui était allée jusqu’à des confessions qu'il regrettait amèrement en y repensant. Mais merde, qu'est ce qui lui avait pris de parler de son passé? Lui qui n'accordait d'affection et d'attention à personne, pourquoi diable avait-il révélé des informations qui étaient censé ne jamais resurgir? Le fait qu'il soit un ancien taulard et un criminel n'était pas un secret, mais les circonstances exact de ses débuts de l'autre côté de la loi devait rester inconnu de tous, même de Dieu, omniscient ou pas il avait intérêt à la fermer lui aussi.

Il se mordit la lèvre inférieure et acquiesça d'une mine grave:

-Ouais, il vaut mieux que cela reste entre nous, c'est la meilleure solution pour toi comme pour moi. Certains secrets doivent rester au fond des souterrains poussiéreux et ne jamais resurgir au grand jour.

Ed sortit en premier en direction de la surface à la demande d'Hale, sans même se retourner pour voir ce qu'elle dessinait sur le mur. Il soupira, Alala les femmes, elles ne pouvaient vraiment jamais s'empêcher de dessiner des coeurs là où elles avaient trouvé l'amour.
Il marcha d'un pas volontairement vif, il l'entendait presque trottiner pour le rattraper et, par principe, il voulait l’emmerder à chaque fois qu'il en aurait l'occasion. Elle profita de son entrée dans le doux halo lumineux du briquet pour lui faire remarquer que s'il continuait de l'utiliser aussi longtemps qu'elle devait se regarder dans un miroir, ils tomberaient rapidement à cours d'essence.
Avant de l'éteindre pour les laisser se faire dévorer par les ténèbres, il lui sourit et, souhaitant détendre l'atmosphère, lança d'une voix narquoise:

-C'est clair qu'on pourrait largement illuminer le chemin rien qu'avec tes cheveux! 'Tain, si j'avais eu le choix, moi aussi j'aurais échangé mon âme pour devenir un rouquin, ça doit être tellement pratique pour allumer des clopes. Bon le désavantage c'est que tu dois quand même passer ton enfance persécuté parce que tu es une hideuse créature démoniaque, mais au final l'économie d'essence pour briquet et d'allumette que tu te fais doit vraiment valoir le coup.

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Le coup par tout seul. Tu le plaques contre l'un des murs et lui assène une violente beigne bien placée dans l'estomac. Puis, doucement tu approches ton visage du sien, si près que vos lèvres se touchent presque.



"Je croyais t'avoir bien fait comprendre que tu étais mieux lorsque tu fermais ta grande gueule, non ? M'oblige pas à le faire pour toi."

Tu restes comme ça un instant, le scrutant dans l'obscurité. Tu ne vois pas son visage bien sûr mais tu espères qu'il a eut mal. Ce type est un con, chacune de ses paroles te donne envie de lui en foutre une. Ce sentiment d'exaspération, exacerbé par votre expérience de la veille te rend nerveuse. Dieu merci il a accepté ton invitation à se la boucler sur votre petite soirée confidences et autre. Ça t'aurais embêtée de devoir l’assommer avec ton arme dans l'espoir qu'il oublie tout. Wait... non, à la réflexion ça ne t'aurais pas dérangée du tout comme option, loin de là. Mais les chances de réussite étant réduites ça ne valait pas le coup. Puis un soldat reste un soldat et qu'il soit stupide ou non, vous en avez bien besoin.
Tu recules, le laissant se dégager. Reprenant ta marche, tu fais de ton mieux pour te calmer.



"Ho et j'avais oublié, tu te fous de moi par rapport à mes cheveux, mais sincèrement, avec les tatouages que tu te traînes, sincèrement je me la ramènerai pas."


Tu as mal à la tête. Décidément, boire sans trop manger n'avait pas été la plus brillante de tes idées. Tu regrettais l'époque tranquille où il te suffisait de descendre de ton lit, d'attraper une aspirine et de faire passer le tout avec un grand verre d'eau. Cela te semblait si loin maintenant ! Aujourd'hui tu ne pouvais que prendre ton mal en patience, utiliser un doliprane pour ce genre de connerie était hors de question. Ça t'apprendra !
Au fur et à mesure que tu marches des flashs te reviennent, ses baisers, ses caresses, le son de vos souffles entremêlés. En bonne rousse que tu es le rouge te monte vite aux joues et tu remercies la pénombre de dissimuler cette gène.

HJ : donc court pour que ça avance vite et qu'on le conclue itout OwO

Ed avait à peine eu le temps d'achever sa raillerie qu'il fut projeté contre le mur et, sans même comprendre ce qui venait de se passer, eut le souffle coupé par un coup de parpaing dans le ventre. Dans les faits, il était peu probable que Hale ait vraiment un parpaing planqué sur elle, à part peut être dans son pantalon ce qui expliquerait son gros cul, mais plutôt qu'elle l'ait frappé avec plus d'énergie et de colère que n'importe qui jusqu'à présent, même les taulards qui ont maintenant un maelstrom à la place de l'anus par sa faute le frappaient plus mollement.

Elle se pencha ensuite vers lui, si proche qu'il était à deux doigts de l'embrasser passionnément avant d'être refroidis par sa menace de lui péter la gueule s'il ne la fermait pas. Hale resta un instant pensive, en face de lui sans rien dire. Ed ne saurait absolument pas dire à quoi elle pouvait bien penser et n'essaya même pas de deviner, il était bien trop occupé à calculer la trajectoire qu'il devait avoir pour faire semblant de tomber et atterrir droit dans son décolleté pour se soucier de trucs aussi inutiles que ce qu'elle pouvait bien ressentir.

Malheureusement, les couilles du grand dadet qui avait pris le contrôle de son cerveau afin d'organiser cette expédition au sein des boobs de la donzelle furent déçus car juste avant qu'il ne puisse plonger dans la chair tendre et laiteuse de ses seins, elle recula, repris la marche et lui lança d'une voix agacé:

-Ho et j'avais oublié, tu te fous de moi par rapport à mes cheveux, mais sincèrement, avec les tatouages que tu te traînes, sincèrement je me la ramènerai pas.

Silencieusement, Edmond encaissait pour la première fois une raillerie dont il n'avait aucune réparti. Tout simplement parce qu'il ne s'attendait pas du tout à ce que quelqu'un puisse remettre en doute le charisme que lui apportait ses tatouages, ils étaient emplis de symbolisme et retraçaient toutes les épreuves douloureuses par lesquelles il était passé, comme les médailles pour les militaires ils étaient des marques extérieurs du fait qu'il avait passé tel nombre d'années en prison ou qu'il était un meurtrier par exemple.

Il aurait pu lui faire ravaler son mépris à cette bourge avec un discours complet, mais il ne le voulait pas, pas de cette manière. En fait il ne voulait pas lui montrer tous ses tatouages ou encore lui expliquer leurs significations car, même si elle n'avait pas une haute estime de lui, il ne voulait pas juste devenir pour elle que "Le meurtrier", "Le criminel" ou encore "Le destroyer d'anus", de plus son corps gardait de nombreux tatouages en souvenir de la période de fanatisme religieux qui l'avait hanté.

Derrière ses airs de connard sarcastique, il gardait toujours l'espoir que sa relation avec Hale s'améliore, c'est pourquoi il préféra la suivre silencieusement que de risquer de se retrouver plaqué contre un mur encore une fois. Malgré la pénombre, il pouvait tout de même discerner sa silhouette qui marchait rapidement. Elle avait quand même un super beau cul. Ça serait quand même con mine de rien que cette nuit de gnutgnut intense finisse ainsi, sur un long silence teinté de colère.

Ils continuèrent de marcher dans ce silence de plomb jusqu'à ce qu'Ed, ne supportant plus cet atmosphère gênante, se résolu à briser le silence et à jouer carte sur table pour éviter d'avoir à ne recevoir que de la haine d'Hale à l'avenir:

-Je sais que j'étais censé la boucler, mais je voulais m'excuser pour...Eh ben...Tout ça quoi, t'sais, avoir été un peu un connard depuis le début. Bref, c'est pas vraiment mon genre les excuses donc je suis pas hyper habitué à en faire, mais je voudrais qu'on reprenne un peu depuis le début et qu'on reparte à zero si possible pour vraiment apprendre à se connaitre parce que, 'fin voilà quoi, on était pas dans d'hyper bonne condition pour se familiariser et j'aimerais pas qu'on parte comme ça sur de mauvaises premières impressions. Donc...Parle moi un peu de toi, t'avais des passions avant l'invasion? P'têtre qu'on avait des passions en commun et que p'têtre on pourrait en profiter pour en parler et se rappeler le bon vieux temps, 'fin tu vois quoi, genre se revoir quoi, en dehors des missions.

Edmond, qui était pourtant une grande gueule par excellence et un beau parleur lorsqu'il était question de courir après les femmes, ne s'était jamais senti aussi gêné et mal à l'aise en parlant. Il s'était senti comme un gamin devant réciter un poème qu'il ne connaissait pas devant une foule d'autres gamins détestables et hilares. Ce genre de moment arrive, quand on ne sait pas si on doit l'ouvrir ou pas mais que la situation est tellement mauvaise qu'on se force à faire quelque chose un peu au pif sans savoir vraiment si on améliore la situation on si on l'empire.