Summer J. & Kilian H.

« Je ne veux pas de ton aide ! »

Il y a des jours, comme ça, où l’on se dit qu’on aurait mieux fait de rester chez soit, au lit. Certes, je n’avais plus de chez moi, encore moins de lit, mais la sensation était la même. Je me disais simplement que j’aurais du rester planqué dans un coin sombre, et ne jamais en sortir. En tout cas pas aujourd’hui. En même temps, ce n’était pas une idée très brillante d’avoir établit un « campement » dans une ville comme Cincinnati. Ce n’était pas mon idée, clairement, c’était celle du Shérif. En fait, je devais avoir rendez-vous avec lui dans cette ville d’ici trois jours. C’était d’ailleurs rare que l’on choisisse une ville comme point de rendez-vous, surtout une ville aussi grande. Habituellement, on choisissait des coordonnées plus extérieures, un peu plus à l’écart des villes. Les hosts aimaient bien les villes, alors généralement, on y mettait pas trop les pieds. Ou alors, on s’arrangeait pour que ce soit des villes comme North Platte, sans aucune valeur à leurs yeux. Le Shérif avait certainement des raisons pour avoir choisi Cincinnati, mais j’avoue que j’étais quand même perplexe face à cela. Non pas que le Shérif ait tendance à prendre les mauvaises décisions, au contraire, mais je ne pouvais cesser de me demander ce qu’il pouvait bien avoir dans la tête pour prendre des décisions pareils. Un plan, certainement, que j’aimerais bien connaitre. Le Shérif était un homme intelligent, mais des fois, j’avais quand même peur.

Toujours est-il que je m’étais installé dans un des vieil immeubles de la ville. J’avais choisit un bâtiment au hasard, mais j’avais prit la décision de monter le plus haut possible pour éviter tout problème. Il n’y avait pas d’ascenseurs – du moins, ils n’étaient plus en état de fonctionner – et j’étais certains que monter cinq étages en dissuaderait plus d’un. J’avais forcé la porte d’un appartement au hasard, dans lequel je mettais temporairement installé. Par chance, j’y avais même trouvé quelques vivres, notamment des boites de conserves et des cannettes. J’en avais profité un peu, tandis que j’avais planté le reste dans un autre appartement pour les partager avec le Shérif. Seulement, je ne supportais pas de rester à attendre dans l’appartement à rien faire, j’avais donc profité de ma matinée pour fouiller un peu la ville. Il ne restait pas grand-chose d’utile, un peu comme si quelqu’un avait fait le ménage avant moi. Seulement, j’avais la poisse. Combiné un miroir brisé, un chat noir, et une échelle, et vous m’avez. En voulant fouiller un appartement, je mettais fais remarquer par un autre mec. Je m’étais enfui comme je pouvais mais il avait quand même eut le temps de me tirer dessus. J’avais une balle logée dans le bras droit, et j’avais intérêt à vite l’enlever si je ne voulais pas me vider de mon dernier litre de sang. Après un long détour pour ne pas retomber sur ce fou furieux, j’avais fini par regagner l’immeuble dans lequel je me planquais.

Seulement, c’était sans compter sur cet acharnement divin. En rentrant dans l’appartement où je m’étais installé je découvrais une jeune femme debout, au centre de la pièce, une arme à la main. Les dieux voulaient ma mort. Pour ce soir ! Habilement, je saisis mon arme et la pointais vers la jeune femme. J’aurais pu tirer, sans états d’âmes, je le savais, mais je risquais ma vie. Elle ne semblait pas très à l’aise avec une arme à la main, j’aurais certainement pu tirer avant elle, mais un coup de feu n’aurait rien de discret. Et si l’autre psychopathe était toujours dans les parages, il ne mettrait pas longtemps à venir me chercher. Et ayant un bras en moins, je ne pouvais pas me permettre d’essayer de la maitriser physiquement. Alors on était là, à se regarder en chien de faïence tandis que je me vidais de mon sang maintenant que je ne pouvais plus faire pression sur la blessure. La douleur ne m’aidait pas non plus à rester concentrer. Je me contentais de la regarder en me mordant légèrement la lèvre, tenté de tirer. Osant prendre la parole, je tentais une approche plus ou moins amicale. « Je suis pas certain que vous ayez envie de tirer. Alors je vous propose qu’on pose doucement nos armes, tout les deux ok ? ». Pour faire foi de ma bonne parole, je me baissais doucement pour poser mon arme au sol. C’était risqué comme attitude, mais c’était peut-être la seule qui me permettrait de rester en vie ce soir. Regardant la jeune femme, je priais pour que son regard ne soit pas une comédie, et qu’elle ait encore moins envie de tirer que moi. Si elle posait son arme, j’avais encore une chance de m’en sortir vivant, de la maitriser, même avec un seul bras. A condition que les dieux acceptent de me laisser vivre encore un peu.