Callie était fatiguée de marcher. Elle aurait bien voulu faire du stop, lever le pouce, que quelqu’un s’arrête à sa hauteur et l’emmène … où ?

Elle n’avait nulle part où aller.

Partant de cet état de fait elle errait de trous paumés en trous paumés, sac sous le bras et cheveux sur la nuque. Elle avait  emprunté une voiture à la sortie de Nevada, son côté humain avait été presque gêné de voler ainsi sans vergogne. Mais la situation se fit très –trop- facilement clair dans sa tête, elle s’en foutait royalement de voler une voiture à un « parasite », un envahisseur qui avait détruit le monde humain, son monde. Elle avait traversé plusieurs états ainsi, voguant de voitures en voitures, marchant parfois … Inconsciemment elle s’était rapprochée de Denver, dans l’espoir idiot de voir sa mère ou son père venir à sa rencontre en souriant. Bien sûr elle savait, oh oui elle savait, que ça n’arriverait jamais à moins que ce ne soit pour la changer elle aussi.

Elle avait continué son voyage et le fait était que cela faisait presque six long mois qu’elle n’avait pas parlé à quelqu’un, que ses réserves étaient à court et que son périple la fatiguait . Elle avait laissé sa dernière voiture à l’entrée de l’Ohio, préférant continuer à pied. Elle avait marché, marché, marché seule avec ses pensées. La solitude n’avait jamais été sa tasse de thé et elle commençait à déprimer sec.

Arrivée devant les ruines des bâtiments elle poussa un soupir. Profitant de l’obscurité tombante elle se faufila dans une vielle maison dégringolant, évitant sciemment celles en meilleur état. De son point de vue mieux valait choisir le moins sûr pour les hôtes, histoire de passer la nuit. Faisant un tour rapide de la baraque, son éternel pied de biche bien ancré dans sa main, elle s’autorisa enfin à respirer. L’endroit était calme et avait bien l’air désert. Seuls les grognements de son estomac affamé remplissaient le silence de la nuit.

Testant les robinets de la maison elle n’en sortit même pas une goutte, sa fouille ne fut pas plus glorieuse. Tout avait été vidé, pillé, enlevé.  Son ventre se rappela à son bon souvenir en se tordant, elle étouffa un gémissement de frustration.  

Il lui faudrait le lendemain partir en quête de nourriture, mais pour l’heure ses yeux se fermaient tous seuls. Elle alla se pelotonner dans un des canapés poussiéreux, priant pour ne pas avoir de visiteurs.

La peur ne la teint même pas éveillée cinq minutes.