Cher journal,
Aujourd'hui, la télévision ne cesse de diffuser des images d'horreur. Aux quatre coins du monde, c'est la cohue. Certains parlent d'actes terroristes, d'autres des revanches historiques sur la colonisation, et il y en a même qui parlent d'invasion extraterrestre. Le monde serait-il devenu fou ? Ce soir, assise sur mon lit, je me sens tellement seule, que j'ai décidé de me rappeler de ce qui m'est arrivé, du premier jour où je suis née, à aujourd'hui. Je vais écrire mon histoire, comme fait Tom Hanks dans
La Ligne Verte ou encore Ryan Gosling dans
N'oublie jamais. Sauf que je ne vais pas parler d'une carrière ou d'une simple histoire d'amour. Enfin...Si, mais je vais renouer avec ma vie dans son intégralité, jusqu'à la dernière minute. Et demain sera le premier jour du reste de ma vie.
Commençons par le début. Je suis née à New-York, à Queens. Celle qui m'a mise au monde, c'est Nicole Jonhson : écrivain new-yorkaise réputée dans le monde de la littérature moderne. Elle a écrit de nombreux romans, et continue encore aujourd'hui. Tous parlent de meurtres, d'enquêtes judiciaires et...D'amour. Son succès vient de là. Elle a fait un mélange entre le policier et le roman à l'eau de rose. Remarquable, n'est-ce pas ? Celui qui y a contribué, et qui est aussi techniquement mon père, se nomme Derek Anderson. On y vient. C'est effectivement de lui que je tiens mon nom de famille. Lui, par contre, je ne pourrais pas vous dire grand chose, excepté le fait qu'il m'aime, et que je suis persuadée qu'il reviendra un jour. Il nous a quitté ma mère et moi, quelques mois après ma naissance. Mais il avait une excuse, il avait beaucoup de travail. Même si je ne sais pas en quoi consiste exactement sa profession....Dans tous les cas, il a été contraint de quitter sa famille. Ma mère dit qu'il a refait sa vie, et qu'il ne se soucie aucunement de mon bien être. Même si c'est vrai, on dit toujours qu'un père aime sa fille quoi qu'il arrive. Alors je me tiens à cela. J'aime imaginer mon père comme un agent de la CIA très audacieux, ou encore un scientifique surdoué qui travaille pour la sécurité internationale dans des laboratoires secrets...Ce qui me titille cependant, c'est le fait que je ne puisse pas mettre de visage sur son nom. Un jour, quand j'avais sept ans, un homme est venu sonner à la maison. Il m'a regardé d'un regard très...Profond. Et quand maman est arrivée, il y a eu des cris, puis il a disparu derrière la porte d'entrée. Un amant ? Un harceleur ? Ou mon père ? J'ai choisi cette dernière option, et depuis je garde ce visage pour celui de mon paternel. Même si je ne suis pas sûre et certaine qu'il s'agisse bien de lui.
Quand à ma scolarité....A vrai dire, je n'ai jamais vraiment aimé l'école. Enfin si, j'adorais cela. Mais justement. A cause de mon côté trop "intello", j'ai eu pas mal de problèmes avec ce que je pourrais nommer...L'amitié. J'étais assez solitaire, trop sage peut-être. Ou trop mature. C'est ce que ma mère me dit tout le temps : je suis plus mature et intelligente que les autres filles de mon âge. Je n'y crois pas. Je suis plutôt frustrée au contraire. Pourquoi je puis-je pas être comme les autres ? Alors il y a eu une période où je me suis laissée aller. J'ai voulu changer. Me faire des amis. Ça a porté ses fruits. Un peu trop d'ailleurs. Je suis devenue une des filles les plus populaires de mon lycée, et par ailleurs, une des plus mauvaises. Je m'en suis rendue compte quand j'ai perdu ma meilleure amie. Celle qui était là depuis la maternelle, et qui m'aimait même avec mon côté "asociale". Pour une histoire ridicule d'image, je me suis disputée avec elle. Et j'ai regretté. Alors j'ai de suite changé, et finalement je suis redevenue cette fille un peu bohème et pas très populaire, qui passe ses journées à étudier. J'ai fais l'expérience de la popularité, et je dois vous dire que ça ne m'a pas du tout plu. Dans tous les cas, j'ai eu la chance de connaître la vie lycéenne et tous ses clichés. Ce petit "coup d'ascenseur social" m'a permis de développer une chose : le don de comprendre le comportement des gens. Ma mère est pareil, et je suppose donc que je tiens cela d'elle. Dans tous les cas, je comprends, et j'interprète. Pas mal pour négocier ce qu'on veut ou cerner le vrai du faux venant de quelqu'un à qui on tient...Ou pas.
J'ai touché le feu. Et je me suis rendue compte que ça brûlait.
Lorsque j'ai eu 18 ans, j'ai obtenu mon diplôme. Assez douée en écriture et en géopolitique, la plupart de mes professeurs m'ont proposé le journalisme. Sans refuser, j'ai laissé cette idée de côté. J'avais une toute autre préoccupation. Ma mère venait de se marier avec ce coeur de pierre, froid et arrogant. Cela ne faisait même pas trois mois qu'ils étaient ensemble, et pourtant, elle avait déjà la bague au doigt. Jamais je n'aurais cru que je devrais le supporter tous les jours : Sam Colins. Un homme exécrable. Mais il semble que ça n'a jamais dérangé ma mère. Elle a dut être aveuglée par le fait qu'il soit à la tête d'une grande firme nationale. Argent, travail, business, argent et or. C'est tout ce qui importe à cet homme. Il semble n'éprouver aucun sentiment. Et à chaque fois qu'il embrasse ma mère, ou qu'il tente de sympathiser avec moi, la seule chose que j'ai envie de faire, c'est de lui cracher au visage. Mais j'ai mes raisons : et si papa revenait ? Que penserait-il de tout cela ? Il croit peut-être pouvoir le remplacer ? Surtout pas. Et encore moins, lorsqu'on sait qu'il va se taper des escorte-girls un week-end sur deux, où il prétend être en "voyage d'affaire". Je l'ai pris en flagrant délit, un soir alors que ma mère n'était pas là. Il a eu le culot d'en amener une à la maison, pensant que je passerais la nuit chez une amie, et donc qu'il serait seul. Il m'a fait promettre de garder le secret. Je ne l'ai pas fais. J'ai tout avoué à ma mère à son retour. Mais pensant que je voulais me débarrasser de mon beau-père par tous les moyens possibles et inimaginables, et aveuglée par son amour pour lui...Elle ne m'a pas cru. Après tout, j'étais censée être chez mon amie..
Pour cela, j'ai commencé à lui en vouloir terriblement. Elle préférait croire un homme qu'elle ne connaissait que depuis 9 mois plutôt que sa propre fille. Nos relations ont commencé à devenir compliquées, et on s'est énormément éloignées. A cause de lui : Sam Colins. Nous étions comme deux soeurs, deux meilleures amies, deux inséparables....Jusqu'à ce qu'il arrive et gâche tout. A mon plus grand désespoir. Ma mère s'en est rendue compte, mais n'a pas ouvert la bouche. De peur de perdre cette relation avec lui, trop confortable et rassurante.
Espérant quitter la maison le plus tôt possible, j'ai décidé d'économiser moi-même. Hors de question que j'utilise l'argent de mon beau-père, si c'était pour m'éloigner de lui. J'ai trouvé un job dans un cinéma. Vendeuse de pop-corn. Pas mal. Ensuite, je me suis inscrite dans une école de journalisme. Ma première année a été une véritable bouffée d'oxygène pour moi. Une renaissance. Ecrire et découvrir le monde, me permettait d'extérioriser mes sentiments, de grandir, et de devenir plus forte. J'ai tellement aimé cela, que mes résultats aux premiers examens ont été plutôt prometteurs. On m'a proposé un grand projet, à moi et à quelques autres élèves audacieux. Participer à l'écriture d'un article mensuel dans un grand journal New-yorkais. C'était une promesse à notre avenir. Un bijou dans notre CV. C'est durant cette année là que je me suis le plus fait d'amis. Je suis devenue une femme. Encore jeune, mais pleine d'ambitions. Un peu trop jalouse peut-être, trop impulsive. Mais j'étais moi-même, et c'était ce qui comptait le plus à cet instant là. C'était la clé qui me permettait de rentrer chez moi en serrant les dents tous les soirs, et en surmontant ma haine contre celui qui partageait la vie de ma mère.
Finalement, cette dernière s'est petit à petit rendue compte qu'elle ne me voyait pas grandir. Qu'elle m'avait perdue. Alors, comme une sorte de déclic, elle a commencé à douter de son mari. Et si c'était vrai ? Et si il la trompait vraiment ? Contrairement à ce que l'on pourrait croire, je n'étais pas vraiment heureuse de ce retournement de situation. Au contraire. Ma mère a décidé de divorcer, lorsqu'elle a prit Sam en flagrant délit, comme je l'avais fait une année auparavant. Tout son monde magique s'est effondré. Mais j'étais là pour elle, comme j'avais promis de l'être depuis toujours. Finalement, en femme forte et indépendante, elle a su surmonter ce mauvais épisode, et pour tourner une page et commencer une nouvelle vie, elle m'a proposé de partir trois mois au Kansas pour l'été de mes dix-neufs ans. Avec détermination et admiration, j'ai accepté, et c'est ainsi que j'ai rencontré Hayden.
On était installées, ma mère et moi, dans une petite propriété à quelques mètres de celle de ses grands-parents. On avait une petite maison rien qu'à nous, avec un petit jardin et des champs tout autour. Le grand air. La belle vie. La première fois que je l'ai vu, c'était un mardi. C'était lui qui était chargé de nous apporter de quoi manger pour la semaine. Alors, chaque mardi, il venait, munit de quelques sacs de provisions. Il était jeune. Mon âge, peut-être un peu plus. C'est son regard...Qui m'a le plus troublé. Et son côté mystérieux aussi. Il ne parlait pas, ou très peu, pour prononcer quelques politesses. Mais rien d'autre. Il semblait être là pour accomplir son devoir, et retourner ensuite dans une vie pleine d'ombres et de choses inconnues. Moi, habituée aux gars superficiels de New-York, voir ce gars là sortir de nulle part ne m'avait vraiment pas laissée indifférente. A tel point qu'au bout de la troisième semaine, j'ai commencé à lui parler. Puis toutes les autres semaines. Puis tous les jours. Et finalement, je crois que j'ai commencé à avoir des sentiments pour lui. Voir plus. J'étais irrémédiablement amoureuse de lui. On passait nos journées ensemble, on était inséparables. On riait, on jouait, on parlait, on apprenait à se connaître. Mais avant même que je sache qui il était, je ressentais énormément de choses pour lui. Tellement que je me suis livrée au désir qui m'éprenait depuis notre premier baiser. Je lui ai offert ma virginité, comme il m'a offert la sienne. Et trois mois durant, nous avons construit une histoire pleine de souvenirs, et indestructible au fil du temps. J'étais si bien avec lui, si sereine..! A tel point que j'en oubliais tout, et que je commençais même à éprouver un peu de compassion pour mon beau-père qui venait de perdre un petit million d'euros dans le divorce.
Finalement, ma bonne humeur et mon bien-être ont été contagieux, et ma mère a passé un été très agréable. Mais pas autant que le mien. C'était le plus bel été de ma vie. Et ce seront certainement les trois mois de mon histoire qui me tiendront le plus à coeur, lorsque je raconterais ma vie entière à mes petits enfants, au bord du feu.
Notre séparation, lorsque l'été s'est terminé, a été atroce. Une véritable torture. Malgré nos promesses, celles de nous croiser à nouveau, nous savions que cette séparation nous suivrait sur plusieurs mois. J'ai détesté le Kansas pour cela.
Et je crois bien que je n'avais jamais autant pleuré de toute ma vie, dans cette voiture, qui me menait de force à ma vie d'avant, et qui m'arrachait sans retour possible, de Hayden. J'étais certainement prête à passer ma vie dans les campagnes, si c'était pour rester avec lui.
Et finalement les gratte-ciels de New-York m'ont à nouveau envahit. Ma mère s'est installée dans un petit appartement, et j'ai acheté un studio pour y continuer mes études. Finalement, il ne m'a pas fallu beaucoup de temps avant de quitter mon école actuelle, pour devenir stagiaire au New-York Times. J'ai écris quelques articles, mais la loi les voulait anonymes. Une stagiaire, écrire dans un journal officiel ? No way. Il m'a fallu énormément de temps pour oublier Hayden. Et je crois même que je ne l'ai jamais oublié. A chaque fois que je marchais dans la rue, j'avais le terrible et stupide espoir de le voir derrière moi, ou sur le trottoir d'en face. Et à chaque fois que je croisais un individu de sa corpulence, je croyais le voir, et mon coeur s'emballait. Seulement nous ne nous sommes jamais retrouvés. Et les mois ont passé. Entre temps, je suis sortie avec un homme. Un photographe réputé. Riche et gentleman. Beau, respectueux, le bon gars à marier. Je me suis installée avec lui au bout de quelques mois, me persuadant des sentiments que j'éprouvais pour lui. Mais à chaque fois que je voyais son visage, je pensais à Hayden, et mon coeur se serrait. Pourtant, poussée par mes amis et ma mère, je me suis lancée dans cette aventure, me voyant déjà en robe de mariée.
Ce soir, Kyle n'est pas là. C'est lui, le gars parfait dont je viens de vous parler. Il s'amuse avec ses amis. Soirée entre mecs. Je viens de lui dire la vérité. Je ne l'aime pas. Je ne veux pas d'une relation maintenant. Je suis fière de mon acte, et soulagée. Il n'était pas le bon. Ce n'était pas la vie que je voulais. Pas comme cela.
A few months later....
C'est arrivé ici. J'ai encore du mal à y croire. Ça a tout chamboulé. La vie d'aucun d'entre nous ne sera jamais comme avant. Perdue dans cette ville dévastée, j'ai appris à négocier de la nourriture. A voler aussi, à me cacher et à fuir. Grâce à mes anciens cours d'arts martiaux, j'arrive à me battre. Mais jamais je n'aurais tenu, si je n'avais pas trouvé la Cohorte. Ça fait maintenant une semaine que j'y suis. En sécurité. Je m'occupe des enfants qui y sont. Je leur change les idées. C'est pour eux, mais aussi pour moi...
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M'enfin bref.
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Autre chose mon capitaine ?
! 
!
:gni: 
