« C’était le 14 juin 2012, il y a presque deux ans déjà. Il faisait à peine jour et pourtant c’était un capharnaüm pas possible. Tous les gens dans la rue se bousculaient dans les avenues de Saint Louis. Des enfants criaient et pleuraient, à la recherche de leurs parents. Personne savait ce qu’il se passait, fallait fuir une menace inconnue, un point c’est tout. Je pourrais même pas te dire comment je me suis retrouvée dans la foule hurlante et paniquée, à déguerpir je ne sais où. Tout est très flou dans mon esprit, je ne sais plus vraiment comment ça s’est passé pourtant… Je me souviens parfaitement du visage de la femme qui s’est arrêtée pour me demander si je voulais monter. Brune, une trentaine d’années, les traits tirés. Il y avait d’autres personnes dans le van. Ils avaient tous la même expression horrifiée et impatiente, le genre de tête qui veut dire « Bouge, décide toi vite, fais quelque chose, tu veux crever, monte merde ! » Avec mon petit budget d’étudiante, j’avais pas de bagnole, mes parents habitaient à des kilomètres de la ville, où pouvais-je aller ? J’suis partie avec eux, et on a roulé pendant plusieurs heures. On n’osait pas parler, de peur de dire de la merde tout simplement, de s’inquiéter encore plus mutuellement. On redoutait le pire. À un moment on s’est stoppés pour refaire le plein d’essence, une fille est descendue pour acheter une bouteille d’eau et… De loin on l’a vu se faire taser par un groupe de jeunes dans la boutique. De suite Ellen – celle qui m’avait proposé de monter, c’est comme ça qu’ils l’appelaient- est sortie de la voiture en gueulant, telle une furie. Sans prononcer aucun mot, sans donner aucune explication, ils lui ont fait subir le même sort. L’homme le plus âgé de la bande –t’as compris que c’était Jordan- nous a hurlé de sortir et de courir en direction de la forêt qui bordait la station-service, nous ordonnant de ne surtout pas se retourner. Je perçois encore la détresse contenue dans son cri, le dilemme qui se présentait à lui : sauver notre peau ou faire face à ces mecs étranges. Sur le coup j’avais pensé qu’il irait quand même, pour essayer de faire quelque chose, dans une situation normale c’est ce qu’on fait. Sauf que… A force on a pu comprendre que ce n’était pas une situation normale. Au final, on est tous partis sans poser de questions, et plus tard, lorsque l’on s’est arrêtés pour essayer de faire un point, il ne restait plus que moi, Jordan et deux autres personnes, Judith et Luc, alors qu’on était une petite dizaine au départ. On a décidé qu’il fallait marcher encore et encore sans s’arrêter. Pour de p’tits citadins, c’était dur, dur de marcher pendant des heures, de dormir en pleine nature. Les premiers jours, quasiment personne ne parlait, on suivait Jordan sans poser de question –on l’avait  désigné de suite comme « chef » inconsciemment en fait -. Il y avait seulement Judith qui ne parvenait pas à cacher à quel point elle était affectée, gémissant sans arrêt et répétant maintes fois que c’était insoutenable de fuir sans en connaître la raison. Je crois que ça a du taper sur le système de Jordan. Il nous a tout déballé, comme ça. Les hosts, l’invasion, l’alerte… tout. Enfin, tout ce qu’il savait du moins.»

« Jour après jour, semaine après semaine, on s’est mués en une sorte d’équipe, une bande. Les autres sont devenus de vrais pro de la survie.
Je pourrais pas dire la même chose pour moi. A l’école maternelle j’étais déjà pas foutue de faire mes lacets, de m’habiller ou de manger sans recevoir l’aide de personne. Depuis, j’ai pas vraiment progressé, tu le sais bien. Comment tu veux qu’aujourd’hui je puisse me démerder seule dans la nature, sérieusement ? J’ai de la chance d’être tombée sur Ellen et Jordan ce jour-là. Je ne sais pas où je serais aujourd’hui sans eux. Doit y’avoir quelqu’un qui s’efforce de me maintenir en vie là-haut, j’sais pas, ça devrait faire un moment que j’aurais dû clamser si tu veux avoir mon avis. »

« On a appris à tous se connaître à force, à rester solidaires tant bien que mal. Judith est le genre de fille avec qui tout le monde s’entends bien, souriante et féminine, toujours de bonne humeur. En tout cas  c’est comme ça qu’elle s’est présentée à moi. Je sais bien que c’est pas tout à fait la même histoire aujourd’hui, qu’elle est souvent à deux doigts de fondre en larmes, que son petit confort lui manque. Je crois que je l’apprécie vraiment, si l’on fait abstraction de son côté pleurnichard, mais… Je suis pas vraiment à l’aise avec elle, avec les autres aussi d’ailleurs. »

«  J’ai jamais été du genre à causer beaucoup. Rien qu’au lycée, les contacts humains et moi ça faisait deux. Bien sûr j’avais ma bande de potes sur qui je pouvais « m’appuyer »… Mais lorsque tu es quelqu’un qui a l’habitude de s’isoler, qui aime être seul, les gens commencent à se poser des questions, à penser que t’as un problème avec eux, non mieux, que c’est toi qui a un problème. Je crois que j’aime pas les gens en fait. J’aime pas aller vers eux. Non je sais pas, c’est pas quelque chose de naturel pour moi. En général je faisais le maximum pour qu’on me laisse tranquille, je devenais froide, je devenais celle qui laissait couler toutes les remarques désagréables sans rien dire. Faut dire que j’avais peur. J’avais peur de me recevoir encore plus de critiques alors quand c’est comme ça tu sais, tu ne bouges plus, t’es là comme prêt à encaisser un coup. »

« Le problème c’est que… Je pense que j’ai mal supporté le fait que ça recommence, ou en tout cas c’est l’impression que ça me donne. A 20 ans, t’as pas envie de revivre la même chose qu’à 15 ou 16. Les brimades, j’en ai ma claque si tu veux. Je sais que je suis pas celle qu’ils attendent, que je suis pas autonome ou débrouillarde comme ils le souhaitent tous. Pas foutue de trouver de la bouffe sans assistance,  de monter une tente, de pas de faire de bruit… Ça m’a attiré quelques remarques bien sûr, d’abord gentillettes puis de plus en plus lourdes. Ouais, je sais qu’au fond il est pas bien méchant Luc, je sais qu’il supporte mal la vie au grand air que ça lui tape sur le système aussi. Que sa copine lui manque, que sa famille lui manque, ses amis aussi, et toutes les personnes qui contribuaient à son quotidien paisible. Comme nous tous en fait. Ca il l’a pas trop compris ça en revanche. Du coup… il semblerait qu’une petite rousse malhabile qui parle pas trop convient parfaitement à la tâche de défouloir. »

« Je ne saurais dire quand ça s’est passé précisément –de toute façon ça fait bien longtemps que j’ai perdu la notion du temps, toutes les journées se ressemblent et se confondent-, seulement ça ressemblait à une fin d’après-midi d’été, quand la lumière est jaune pâle et que le soleil joue encore dans les feuilles des arbres. Comme d’habitude, on avait marché toute la journée, on était tous exténués et on s’apprêtait à monter le camp. Et comme d’habitude aussi, j’avais eu ma dose de rembarrage quotidienne et… Je ne sais plus vraiment, je crois que y’a eu une remarque de trop. Une goutte d’eau qui a fait déborder le vase. J’ai rien dit, je l’ai pas envoyé bouler, je l’ai pas frappé, non, je me suis juste cassée en courant le plus vite que je pouvais, comme pour extérioriser tout ça. C’est après que ça s’est passé. »

« J’ai pété un plomb, littéralement. J’suis devenue une sorte de louve enragée. Qui aurait pu croire que la sage Hailee pouvait déconner à ce point ? C’était pas le genre de colère où tu as envie de tout casser, où tu penses ne plus pouvoir supporter personne, que tu te sens incompris, délaissé, etc. Non. La colère dont je te parle moi, te secoues les membres, te dictes quoi faire, elle est incontrôlable. Tu peux rien faire contre ça, cris et pleurs non plus. Tu trembles sans vraiment comprendre pourquoi. Le pire c’est que tu as conscience que ça te bouffe à petit feu. Tu te sens piégé.  Je ne pense pas que ce soit seulement à cause de notre situation –la forêt, les hosts, les brimades incessantes de Luc- si j’ai totalement perdu le contrôle... C’est ma colère refoulée qui a surgi, c’est tous mes vieux démons qui sont remontés à la surface et qui ont entamés à nouveau leur danse totalement insoutenable. C’est la peur d’entendre dire encore une fois cette phrase faussement empathique « Hailee t’es bien trop sensible, tu le sais, ‘faut que tu apprennes à gérer tes émotions », le genre de remarque dont tu te passerais bien.  »

« C’est Jordan qui est venu me chercher. Une quarantaine d’années environ, les cheveux grisonnants, le regard dur, il ne parle pas beaucoup. D’après ce que j’ai pu comprendre, Ellen était sa femme et sa « disparition » l’a profondément marqué, il y a de quoi en même temps. En général on n’ose pas lui en parler, je crois même que l’on n’a jamais abordé le sujet. J’admire beaucoup Jordan, je l’admire pour ce qu’il a fait pour nous et ce qu’il fait encore. Et lorsqu’il est venu, que j’étais au pied de cet arbre roulée en boule comme une gamine qui aurait fait une bêtise, j’ai eu d’autant plus d’admiration et de respect pour lui. Il est comme un père pour nous. J’ignore comment il a fait pour me retrouver mais il est venu, c’est tout, sans un mot, sans poser aucune question et on est repartis aussi simplement que ça rejoindre les autres. »

« Depuis j’ai beaucoup de mal à gérer mes émotions, à me contrôler. Parfois un rien suffit à me faire péter un câble. J’aimerais tellement que tout ça aboutisse à quelque chose, que l’on trouve un endroit où se poser, qu’on ait plus d’infos sur ce qu’il se passe en ville, qu’on sache ce qu’ils sont tous devenus, etc… Pour l’instant on suit Jordan mais ça se sent que la troupe fatigue. Bien que l’on se soit endurci physiquement au fil du temps, nos nerfs sont plus que jamais à fleur de peau. Marcher sans avoir de but réel devient insupportable. Je sais pas si on va pouvoir continuer comme ça encore longtemps. »

Holà futurs amis de moi! Je suis Emma, 15 ans (  ) et c'est Acacia qui m'a fait venir sur Invaders! Je connais aussi Gabriel -fraîchement arrivée aussi- on est la petite bande de newbies en fait .

Je fais du rp depuis plus de 4 ans, j'aime euh... Dormir, manger ( :dahl: ), dessiner, les RDCP, Fauve, GoT (c'est grace à ma très chère Acacia ça  ), Skins... Et pis j'ai pas envie de faire toute une liste (aa). J'éspère que je vais me plaire ici (j'en doute pas trop), le design est super cool soit dit-en passant, eeet... A très vite.  8) 

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