Je choisis le package de départ n°6 (1 arme à projectiles sans munitions ( arbalète) + set d'objets rudimentaires + couverture survie)
«
Padre nostro che sei nei cieli, Che il tuo nome sia santificato, venga il tuo regno, la tua volontà sia fatta sulla terra come in cielo. Dacci oggi il nostro pane quotidiano.
rimetti a noi i nostri peccati e ci aiutano a perdonare coloro che ci hanno offesi.
non ci indurre in tentazione. Ma liberaci dal male. Perché è la tua qu'appartiennes il regno, la gloria e la potenza per, per secoli e secoli . »
Amen
17 Mars, 1983.Puis le silence. Il ne dit plus rien ensuite. Il se contenta d'ouvrir ses petits yeux bruns, de passer sa main sur ses lèvres. Je ne comprenais pas pourquoi il ne parlait jamais. Le peu de fois où je l'entendais, c'était pour les prières et le bonsoir. Le reste du temps, je crois que je n'avais pas le droit de l'entendre. Il me fascinait grandement. Je restais là à le regarder pendant tout le repas, j'en oubliais presque d'écouter Mama. Je rougissais quand il me surprenait. Il ne me parlait pas beaucoup, mais j'adorais ces petits sourires qu'il me lançait. Ces petits regards. Ça me réconfortait assez, j'en oubliais presque le son de sa voix. Et cela me plaisait de la redécouvrir à chaque fois.
Il nous aimait profondément, je le savais. Quand Agata lui sautait dessus, il lui accordait toujours de son temps pour lui faire un bacio, et plaisanter un peu avec elle. Moi je ne lui sautais pas dessus. Je trouvais ça indécent. Je l'admirais et le respectait énormément. Plus que je ne devais le faire. Je ne le voyais pas comme Lorenzo Ferro, mon père. Je le voyais comme Don Ferro. Et cela faisait toute la différence.
«
- Rosalia, tu as des choses à dires sur ta journée ? » Je me souviens encore de cet instant, où j'avais subitement levé mes yeux vers les siens, pupilles dilatées. Je reposais mes couverts lentement, comme si je venais être prise en flagrant délit. Un court silence occupa la pièce et je restai intriguée par la question, comme si elle était tout à fait saugrenue. Je grattai ma joue, me tortillant un peu sur ma chaise. «
Rien de bien intéressant..., répondais-je en haussant les épaules. » «
Ca c'est à moi de le dire.» Il sourit un peu, jouant avec son verre de vin.
Je baisse le regard, mes mains sur la table. Je ne voulais pas l'embêter avec mes histoires de petites filles. Je n'avais que huit ans, qu'est ce qui pouvait bien être intéressant pour un homme comme lui ?
Puis je le regardai à nouveau. Il ne cessait de me fixer. Sourcils arqués, sourire en coin.
«
- Eh bien ? » J'hésitai un moment. «
Je me suis disputée avec Hélène. » «
Aah.. Et qui est Hélène ? » «
Une amie à l'école. Mais je m'en fiche. Elle n'en vaut pas la peine. » Toujours concentré sur moi, il redevint silencieux. Il hochait un peu la tête, de haut en bas, les yeux plissés. Comme sil il réfléchissait. Ça me rendait anxieuse. Je ne savais pas exactement quoi faire, si je devais en rester là ou si je devais attendre. «
Et.. est ce que j'ai le droit de savoir pourquoi tu t'es disputée avec elle ? » Je fus étonnée de sa question. Étonnée de voir qu'un si petit problème, qu'une chose aussi insignifiante puisse attirer son intérêt. Je réfléchis. «
Elle a dit des tas de mensonges sur moi. Alors ce n'est pas mon ami. » Il eut un petit rire. «
Et que comptes-tu faire ? » Je fronce les sourcils, comme si ce qu'il venait de dire était absurde. Mama me lança un coups d’œil amusé. «
Rien. Je ne peux rien faire. Il n'y a rien à faire. Je la trouves juste bête. Et je n'ai pas envie d'être bête moi aussi. Alors je préfère ne rien faire, et la laisser tranquille. Du moment qu'elle me laisse tranquille. »
Puis le silence. Il ne dit plus rien ensuite. Il se contenta de cligner de ses yeux bruns, de boire une gorgée de vin et de me sourire doucement. Et j'adorai ça. Ça et son petit regard, qui embauma mon cœur de toute sa chaleur.
08 Janvier, 1990.Je marchais en riant. Je riais beaucoup. Un peu trop. Mais il m’arrive souvent d’avoir des moments d’allégresse soudain, que je ne contrôle pas, et dont j’ai un peu honte parfois. Je me pavanais dans les rues de New York, avec Luisa, Violante et Ornella. Elles étaient italiennes elles aussi. Pas de Sicile, mais italienne. On se comprenait sur beaucoup de choses. Mais ce n’était pas mes amies. Je n’ai pas été élevée avec cette notion d’amitié. Moi je plaisante avec elle, je parle, je déambule en ville. Mais ça s’arrête ici. Dans ma famille, l’amour et l’amitié correspond à quelque chose de plus puissant. Et je ne retrouve rien de puissants dans nos liens, même si l’on s’apprécie toute les quatre. Déjà je ne leur fais pas confiance. La confiance c’est trop précieux pour le donner à n’importe qui. Il faut faire ses preuves et le mériter, pour que l’on puisse vous transmettre cela. Elles sont gentilles, honnêtes, douces ; mais ça ne m’importait que très peu malheureusement. Parce que je n’arrivais pas à leur faire confiance.
On avait finit les cours depuis deux heure de l’après-midi déjà. Alors j’étais allée me débarrasser de tout ce qui m’encombrait, et je suis partie. Sans un mot, sans trop me faire remarquer. Non pas que je devais rester dans le secret, mais je n’étais juste pas bruyante ou même assez exubérante pour qu’à ce moment précis, on constate que je sois rentrée. Et maintenant j’étais dans les quartiers, qu’on disait italiens. Ce n’était pas le bronx, mais ce n’était pas Manhattan. Tout le monde se connaissait ou presque. Mais moi je m’en foutais. Parce que je savais que rien ne circulait bien vite, quand on savait avec qui il ne fallait pas être.
On s’enfonçait dans la ville, de plus en plus, on ne s’arrêtait pas de marcher. Y avait toujours le sale italien pour te balancer des belles phrases d’amour. Il beuglait de l’autre côté de la route, en espérant que tu t’arrête et que tu lui fasses un petit signe. Ca me dégoutait. J’avais quinze ans, il devait en avoir presque trente.
Et finalement, on atterrit dans le Bronx. On n’était pas trop dans le bronx avant, mais là on y était. Ca faisait longtemps qu’on marchait. On connaissait bien les alentours. Enfin, les alentours s’étendaient jusqu’à loin. On s’arrêta devant les marches d’un immeuble. En face il y avait une épicerie, et pas loin un bar. Le reste c’était que des grands immeubles. Mes trois amies s’assoient, moi je reste debout. Je les regardai. Je trouvais qu’elles manquaient un peu de classe. Et c’était dommage parce qu’elles étaient belles. Mais la façon dont elles étaient habillées ça ne les rendait pas classe du tout. «
- Je vais acheter des clopes à l’épicerie d’en face, dit Ornella.
Vous en voudrez ?»«
Te fatigue pas j’en ai, s’empressa de répondre Luisa. »
Elle sortit un paquet de Malboro de la poche de sa veste en cuir. Un petit sourire satisfait orna son visage, puis elle nous en tendit une à chacune. Alors on se mit à fumer en rigolant, en parlant de tout et n’importe quoi. Surtout de tout. Ce n’était pas le genre de filles à dire n’importe quoi, au contraire. On parlait souvent de sujet sérieux, on pouvait parler des heures jusqu’à que ça finisse en rigolade. Mais on était jamais d'accord pour rien. Parce qu'elles étaient assez fermée, et violentes dans leur propos des fois. Je veux dire, je sais que je suis rude de temps à autre, mais là ce n'est pas pareil. C'est poussé à l'extrême.
J’en étais à la moitié de ma cigarette, et je souriais. Un petit silence s’installa, au milieu des klaxons. Puis je tournai un peu la tête pour observer les lieux. Et j’entendis crier mon nom, de nulle part, d’une voix rauque. J’eus un sursaut, est ce que c’était Papa ? Qu’est ce qu’il pouvait faire ici ? Je tournai la tête en tout sens, jusqu’à que je vois un petit groupe d’hommes me fixer. Merda, pensais-je. L’un d’eux me fit un petit signe de la main, pour que je traverse la route. Je leur montrai mes amies, parfait prétexte. Mais il y eut insistance et je soupirai. Sans un mot, sans un bruit, je quittai les marches pour m’avancer vers eux. C’était Tony Vanaria, le bras droit de Papa. Un gros bonhomme, qui parlait tout le temps avec les mains, et d’une voix rauque. Il était là, devant le bar, avec deux autres hommes. La cigarette toujours entre mes lèvres, j’étais maintenant devant eux. Tony avait un petit sourire espiègle que je trouvai, à ce moment là, tout à fait détestable. Parce qu’il l’a toujours, mais ça ne me fait pas plus d’effet que ça. Là, vraiment, je trouvais ça exaspérant et irritant à la fois. «
- Buongiorno Rosalia. » «
- Buongiorno Tony, répondais simplement. » «
- Tu n’as pas cours à cette heure-ci ? » «
- Non, pas à cette heure ci. Pourquoi donc ? » «
Je ne sais pas, je ne te vois jamais dans le coin. Qu’est ce que vous faîtes ici ? » Un brin de malice se glissa dans son regard, quelque chose de pas bien méchant, mais qui continuait de m’agacer. «
On se promène Tony. Parce qu’on aime bien se promener, et que sans faire attention on a atterrit ici. » Il sourit un peu. Tout trois me regardaient d’un air paternel, et un peu amusé à la fois. Ils fumaient le cigare, dans leur bel ensemble noir. Tony me prit la cigarette des doigts et me la mit sous le nez. «
Je ne savais pas pour ça. » «
Oh. » Ca ne m’inquiéta pas vraiment. Je savais que Tony, malgré toute ses petites messes-basses, ne dirait jamais rien, pareil pour les deux autres. Parce que c’est comme ça, et que même si ils ont un devoir moral à respecter, ce n’est pas le genre de foutaises qu’ils iraient rapporter à Papa. Le secret c’est quelque chose de très précieux, surtout quand on sait que ça peut faire des ravages.
Tony balança la cigarette sur la route, puis m’adressa un fin sourire. «
Je ne voudrais pas que tu sente aussi mauvais pour ta soirée d’anniversaire. » J’eus tout de même un petit souvenir. Il s’en était souvenu. Il se souvenait toujours de tout. C’est utile, on a besoin de gens comme ça dans son entourage. Enfin Tony avait un air effrayant. Des fois je me sens mal à l’aise avec lui, il fait fuir tout le monde. Mais je l’appréciais beaucoup. «
Est-ce que tu sais quelle heure il est dis moi ? demanda-t-il en jetant un petit coup d’œil vers le ciel qui s’assombrissait doucement. D’un air de dire qu’il savait à peu près la réponse mais qu’il voulait bien l entendre de ma bouche. » «
Non je ne sais pas, mais je suppose que toi tu le sais, répondais-je un petit sourire en coin. » Les deux autres nous saluèrent, nous quittant sur une bise chaleureuse. Tony calla son cigare entre ses lèvres, puis étendit le bras pour regarder sa montre avant de reprendre le cylindre. «
- Il est presque vingt heure, si tu veux tout savoir. Presque vingt heure et tu te pavane tranquillement, l’air de rien. On va être en retard. Allez, je t’embarque. » Un petit silence s’installa puis il avança de quelques pas. Je tournai la tête, pour regarder mes amies qui elles, me fixaient depuis un bon moment je crois. Nous échangeâmes de grands sourires et un signe de main, pour ensuite nous lancer des signes de main. Et je rejoins Tony, qui n’allait pas me lâcher d’une semelle jusqu’à qu’on arrive à son auto. Une fois dedans, un sourire particulier se peint sur ses lèvres. Le genre de sourire que Papa me lançait des fois. Mais que je retrouvais partout. C’est peut-être un signe, c’est peut-être à ça qu’on reconnait sa famille. Il finit par me dire : «
Tu grandis trop vite Bella. »
13 Septembre, 1997.
«
- Aïïe, dit mama avec son bon vieil accent sicilien. »
Quelqu’un s’était ajouté à table depuis la semaine dernière. Nous sortions tous de la messe, et le dimanche midi nous avions l’habitude de nous réunir pour déjeuner. Il y avait les grands amis de Papa, les vrais, les quatre personnes en qui il devait avoir le plus confiance au monde après nous. Dedans, il y avait Tony, Jimmy, Louis et Daniele. Tous au service de Papa, et bien plus encore.
Il y avait Agata, et les deux bonnes amies de mama avec leurs maris. Ensuite il y avait moi… Et notre dernier invité. Eric. Eric Hogan. Je l’avais rencontré à mon entrée à la fac. Il a trois ans de plus que moi, en master de droit. Jusqu’ici, j’ai toujours caché ma relation avec Eric à ma famille. Je n’avais même jamais envisagé le fait de le présenter. Cela ne faisait qu’un an que nous nous voyons, un an et des poussières. Moi je ne voulais pas que ça se sache tout de suite, c’était stupide. J’ai déjà eu des amourettes au lycée, rien de bien sérieux, rien de bien honnête. Parce qu’au fond je m’en fichais pas mal. Je n’éprouvais aucun besoin de faire savoir à la terre entière que j’étais avec quelqu’un, que je n’aimais pas tant que ça. Oui je le savais bien à l’époque ; je ne les aimais pas. C’est très sérieux vous savez. Je crois juste qu’ils étaient attachants. Mais je ne regrette pas, c’est sûrement que j’en avais besoin à l’époque.
Eric était franco-américain. Son père était un pur new-yorkais, un homme d’affaire. Et sa même venait de Toulouse je crois, une ville en France. C’était une professeure d’anglais à l’université, engagée dans la recherche linguistique. Au départ j’avais trouvé cela très impressionnant. Et je crois que ça m’impressionne toujours au fond.
Mama grognait un peu. Elle n’était pas mécontente de le voir, bien au contraire. Je savais pertinemment qu’elle était très excitée de le voir. Seulement faîtes bien le compte ; nous sommes treize à présent. Je suis croyante, mais pas superstitieuse. Le coup des 13 convives moi ça me fait autant d’effet qu’un chien errant qui aboierait près de chez moi. Oh bien sûr il y a certaine chose que je n’aime pas : les croix retournées, ou le pain qui n’est pas posé du bon côté ça m’embête. Je trouve ça idiot, mais c’est un véritable automatisme chez moi. Je suppose qu’on a tous un petit côté incensé.
Par contre Mama… je songe au jour elle s’arrêtera de vivre à cause de tout ça. A force de voir le malheur partout, on finit par ne même plus pouvoir reposer en paix. Je me demande d’où ça vient, ces angoisses constantes. Elle s’oppresse elle-même, elle s’étouffe. Et je me retrouve désemparée face à tant de masochisme.
Je l’aidais à mettre la table, un fin sourire aux lèvres. Elle me regardait depuis la cuisine, une main sur la bouche en hochant la tête.
«
- Mama…, dis-je l’air amusé.
-
Désolée, mais ce n’est pas habituel. On n’a jamais mangé à treize. »
Quelle classe elle avait Mama. Une femme superbe, élégante, gracieuse. Une femme de caractère, pleine de subtilités. Je crois que je l’ai toujours admirée. Je me surprends même à sourire tendrement, quand on me complimente et me dit que je lui ressemble.
Elle fit volte face en balançant ses bras le long de son corps. J’entendis des bruits de vaisselle, un jet d’eau. Puis arriva Papa et Agata. Après la messe, il aimait bien aller boire un café avec nous deux. J’étais restée pour aider, alors ils y sont allés seuls. Et j’étais sûre que ça ne pouvait être qu’une bonne chose. Agata était très proche de lui quand elle était enfant. Puis elle a commencé à s’éloigner. Je me demande si elle va bien. Je la connais assez pour me permettre d’avoir des doutes.
Quatre hommes les suivaient, tous en costard noir. Ce qui était bien les « truands », c’est qu’ils n’avaient pas besoin de se changer : mariage, enterrement, messe, vie de tous les jours… J’ai l’impression qu’ils étaient habillés pareil, au pli près. Ca doit être sûrement très pratique. Ils étaient tous amis d’enfance, ou presque. Tony et Papa se connaissent depuis le berceau. Ils ont rencontrés Louis et Daniele au lycée si je me souviens bien de ce qu’il m’avait raconté. Je les imagine bien, tous les quatre. Je les imagine même très bien. Un peu différent de maintenant, mais pas trop.
Quelques minutes plus tard arrivèrent les deux couples. Le premier, venait du Mexique. Leur anglais n’était pas excellents et je crois que des fois elle mixait avec des mots espagnols. Quand je les ai connus pour la première fois, j’étais vraiment petite. Autant vous dire que j’étais sacrément paumée. Le second couple avait emménagé il y a quinze ans de cela dans le quartier, et venait tout droit du Texas. Je les ai d’abord trouvé un peu sans gêne, certaines impolitesses ne me plaisait pas trop. Mama ne disait rien, elle se faisait un plaisir de servir ses nouveaux amis. Bien que très aimables, je leur ai très vite fait comprendre qu’elle n’était pas une bonniche. Depuis, tout va bien dans le meilleur des mondes.
Mama les avait rencontré ses amis à la messe. En réalité elle s’est au départ rapprochée des épouses. Elle a commencé à aller au marché avec elles, à faire des ballades, à prendre le café. Et petit à petit, elle invitait leurs maris. Cela la rendait si joyeuse. Elle avait déjà des copines ici et là. Mais là, on aurait dit un rayon de soleil. Des hommes de partout, je comprends que ça puisse vite être lassant.
Puis vingt midi pil. Au moment où l’horloge sonna, au moment où nous allions tirer les chaises pour prendre place, au moment où Papa allait ouvrir sa bouteille de vin, on sonna à la C’était lui. Qui d’autre, me direz vous. Papa me regarda, silencieux. Des exclamations, des sourires malicieux. J’affichai un doux sourire, posant le torchon que je tenais pour aller ouvrir.
Et je vis son visage. Je croisai son regard, répondis à son sourire si ravageur. Et avant qu’il ne dépose un baiser sur mon front, avant que je ne ferme les yeux, je gardai cette image en tête. Car je sus, étrangement, un peu honteusement, comme une enfant, que c’était le début. Je sus qu’il était l’Homme qui allait donner naissance à de nombreuses choses dans ma vie. C’était si nouveau pour moi, que je tentai de me le cacher. Mais que voulez vous, je ne parvins pas à le faire très longtemps.
«
- Je me fiche de ton nom, mon garçon. De ce que tu as fais, de ce que tu fais aujourd’hui, ou de ce que tu feras dans cinquante ans. Tu peux me détester si tu le souhaites, ce n’est pas de cela dont je me préoccupe. Avant de te dire au revoir, je veux juste que tu sache une chose : J’aime ma fille. Et j’ai toujours pris soin d’elle. Si tu l’aime, prend soin d’elle s’il te plait. Tu en auras ma reconnaissance éternelle. Un jour qui sait, il ne lui restera peut-être plus que toi. Et je veux m’en aller en paix, en sachant que tu es là. Que tu es là pour voir ce qu’il se cache derrière ses sourires, derrière ses rires. Et je ne sais pourquoi, mais je n’ai encore aucun doute.»
Aujourd'hui j'ai laissé de nombreuses choses derrière moi. Ce n'est pas mon passé, que je garde en mémoire et qui jamais ne me quitte. Ce sont mes larmes et mes sourires, tout ce qui me faisait sentir humaine et qui me donnait l'impression de vivre véritablement. Il n'y a plus personne avec qui partager quoi que ce soit. Je n'ai plus personne avec qui rire, à tenir dans mes bras, ou même à mépriser. Je n'ai pas décidé de errer seule dans la verte nature. Je ne sais pas où est mon mari, où est ma sœur. Où sont ces adolescents, à qui j'enseignais chaque jours ? Où sont tous ces visages, que j'ai croisé dans toute ma vie ? Tout ce qui me reste ce sont des souvenirs. Gais ou douloureux, je les chéris bien. Ils me permettent de ne jamais plier devant quoi que ce soit. Ils me permettent de mettre un pied devant l'autre, de ne pas baisser les bras.
Je ne prie plus le ciel, il ne pourrait répondre à mes souhaits. Mes objectifs sont clairs, il ne me reste plus qu'à les atteindre. Et je ne mourrai pas, avant d'y être parvenu. Qu'importe l'enfer, et qu'importe le paradis. Je laisse ma croix de côté, elle ne m'est plus d'aucune utilité. Même si en moi perdure la foi, ce n'est point elle qui me fait avancer. Même si en moi elle perdure, elle ne m'empêchera pas d'appuyer sur la gâchette si j'y suis obligée. Qu'importe le nombre de chemins que j'ai croisé, et le nombre de chemins sur lesquels je suis passé. A présent tu es ami ou ennemi. Jette moi la pierre je ne t'en voudrai en rien. Tend moi ta main, je te le rendrai bien.