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 Prudence est mère de sureté

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MessageSujet: Prudence est mère de sureté   Prudence est mère de sureté EmptyMar 13 Aoû 2013 - 16:37

Ezra Doe
/w Dawn E. Ambrose


Ezra ne savait pas du tout à quoi il ressemblait, cette étrange constatation s'était imposée à lui plus tôt dans la matinée, et depuis, ça l'obsédait. Il ne se souvenait pas de son visage. Bien sûr, le sex appeal de son hôte n'avait aucune importance à ses yeux, mais il aurait aimé avoir une vue d'ensemble de son état. Le bandage que les humains lui avait fait à la tête avait fini par se détacher, et la curiosité l'avait poussé à tenter d'évaluer l'étendue de ses blessures. Mal lui en prit, en plusieurs endroits, ses cheveux étaient englués par du sang caillé, on l'avait lavé, certes, mais très sommairement, et il distinguait au moins trois grandes cicatrices. Une longue comme la paume derrière son oreille gauche, une autre de la taille d'un pouce quelques centimètres au-dessus et une dernière au sommet de sa tête, souvenir du premier coup qu'il s'était prit. Ses cheveux les cachaient sans doute en partie, mais ça ne devait pas être beau à voir, et surtout, il vaudrait mieux qu'il nettoie ça pour ne pas risquer de problèmes plus sérieux.

Après, pour le reste, ça n'allait pas si mal, les marques sur ses bras verdissaient gaiement et ses côtes lui faisaient mal à chaque inspiration, mais il revenait de loin et mesurait sa chance. Il avait eu plus d'une occasion de mourir depuis… depuis… Bref. Cela faisait plusieurs jours qu'il suivait la même route, il n'avait plus d'eau dans sa bouteille de Taillefine 0 % et la seule nourriture qu'il lui restait était de petites baies noires qu'il avait ramassé dans les buissons du bas-côté, et qui donnaient terriblement mal au ventre. D'où qu'il regarde, il ne trouvait aucun signe d'activité humaine, présente ou passée, si ce n'était cette route. Pourtant, elle devait mener quelque part, sinon quel était l'intérêt ? Pour tromper l’ennuie, et parce que, à part la faim, il ne pensait plus qu'à ça, Ezra observait son reflet dans la lame de son couteau-suisse. Malheureusement, il était beaucoup trop petit, et à force d'apercevoir une moitié d'œil, un coin de lèvre ou un bout de nez, il se forgeait une image de lui-même digne du meilleur de Picasso, qui ne le satisfaisait pas vraiment.

Ce n'est qu'en fin de matinée, ou en début d'après-midi peut-être, que quelque chose vint briser sa routine. Quelque chose de grand et de métallique qui s'élevait au-dessus des arbres en formant un grand cercle, peut-être un ancien moyen de produire de l'énergie, ou d'étudier le climat, en tout cas c'était intéressant. Ezra rangea son couteau dans sa poche et accéléra le pas, il mit un peu de temps à arriver au pied de la gigantesque structure, qu'il regarda avec des yeux ahuris. La mécanique de l'engin était ridiculement basique, et ne correspondait pas aux usages possibles qu'il avait imaginé. Prudemment, il monta les quelques marches de la machine et se pencha au-dessus d'une des nacelles les plus basses. Bingo ! Elle avait recueilli un peu de la pluie qui était tombée ces derniers jours. Ezra s'empressa de remplir sa bouteille en prenant garde à récupérer la surface sans remuer les impuretés tombées au fond, il la but en bonne partie avant de la remplir à nouveau et de la fourrer dans son sac. Puis il s'immobilisa et tendit l'oreille, avant de tenter d'observer la forêt de derrière sa nacelle sans trop se montrer.

« Y'a quelqu'un ? »

Silence. Il avait cru entendre un craquement, mais c'était une forêt, ça craquait au moindre courant d'air, et puis il y avait des animaux. Ezra se redressa lentement sans quitter les bois des yeux, puis jugea plus prudent de s'éloigner de sa minuscule oasis.

La grande structure circulaire faisait partie d'un ensemble plus large de bâtiments tous plus étranges les uns que les autres. Il y avait chapiteau arrondi auquel était fixé des chevaux de bois, un véhicule à wagonnet qui ne menait nulle part, puisque ses rails tournaient en rond, d'autres wagonnets étaient quant à eux fixés sur des bras métalliques qui semblaient fais pour monter et descendre, et il y avait même des bols géants avec des volants au milieu. Ezra avançait au milieu de toutes ces étrangetés en les contemplant d'un air dubitatif, de toute évidence, c'était des engins de tests, mais pour tester quoi ? L'énergie cinétique ? La gravité, peut-être ? Ne pouvaient-ils pas utiliser un supercalculateur à virgule flottante de 15 000 pétaflops pour ça, comme tout le monde ? Que de pertes de temps et d'espace.

Alors qu'il marchait au milieu d'une allée, Ezra se retourna d'un coup et fixa d'un air soupçonneux une machine remplie d'une montagne de petites peluches d'animaux couleur pastel, qu'il fallait visiblement attraper avec une pince mécanique, et dont il n'avait pas cherché à comprendre l'utilité profonde. Il ne vit rien, n'entendit rien, et commença sérieusement à se demander si tous ces engins flippants n'étaient pas en train de le rendre maboule. Peut-être la zone était-elle saturée de champs magnétiques à cause des expériences louches que les humains avaient menées. Ça expliquerait pourquoi l'endroit était construit dans un lieu isolé. Enfin, pas si isolé que ça, un côté de la place donnait sur plusieurs groupes d'immeubles, c'était d'ailleurs vers eux qu'Ezra se dirigeait. Rien n'indiquait que des humains ait pu s'y réfugier récemment, pas de barricades ou de planches aux fenêtres, pas de véhicules en état de marche ou de trace de pneus, pas le moindre son, si ce n'est derrière lui – foutus champs magnétique.

Devant l'un des immeubles attendait un monticule d'objets disparates, dont beaucoup de valises et de sacs de voyage, sans doute les habitants du coin avaient voulus s'enfuir en emportant avec eux leurs effets personnels, mais ils avaient sans doute manqué de temps ou de place dans leurs véhicules et en avaient abandonné une partie. D'autres étaient passés par là ensuite et la plupart des sacs étaient éventrés, leur contenu jonchant le sol, mais il restait probablement des choses intéressantes. Déjà, il y avait des vêtements, Ezra pouvait se changer, se faire des bandages et même se laver avec l'eau des nacelles quand les champs magnétiques auront arrêtés de le faire flipper. Après, il devait chercher des choses utiles et suffisamment petites pour être transportées. Il se mit à fouiner, entassant les vêtements ensembles, ce qui lui fit déterrer une multitude de photos délavées. Ça, c'était vraiment une invention fascinante, très vite, Ezra se perdit dans la contemplation d'humains de tous âges, qui avaient pu voir leur visage, eux, alors que lui n'avait toujours aucune idée du sien. Il fut tellement absorbé par ses fouilles et ses découvertes capitales qu'il en perdit toute notion du temps, et ne fit plus attention à ce qui l'entourait.
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Dawn E. Ambrose
Dawn E. Ambrose

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MessageSujet: Re: Prudence est mère de sureté   Prudence est mère de sureté EmptyJeu 15 Aoû 2013 - 11:28




Le Michigan était aussi vaste et désertique que l'Ohio, mais contrairement à ce dernier, il émanait en lui une angoisse constante et secrète qui m'avait envahie après que j'ai quittée Detroit. Avançant dans ces contrées sauvages et hantées, j'avais tentée de me convaincre que ce sentiment était seulement dû au passage violent de l'ouragan le mois dernier. Mais rien n'était si simple. Depuis que j'avais mit les pieds dans l’État, rares étaient les humains qui s'étaient présentés à moi, m'abandonnant à ce sentiment de solitude qu’éprouvait les rares survivants du continent. Il n'y avait que ces hosts, encore et toujours. Le mécanicien de Détroit et puis Cobalte... L'appeler par son nom me restait encore en travers de la gorge et pourtant je voyais encore en elle la personne que j'avais rencontrée il y a des années déjà sans me douter alors qu'elle ne faisait pas partie de ce monde. Elle était la dernière que j'avais croisée ici, alors que le froid s’éternisait encore sur les plaines et les montagnes. Sans doute était-ce dû au fait que j'avais constamment cherché à fuir les présences qui habitaient encore les lieux, ne sachant pas à quoi m'attendre si je m'approchais trop d'eux. Leur silence c'était fait plus présent depuis, comme si ma folie intérieur c'était apaisée avec l'arrivée du printemps. Mais plus je marchais sur ses terres arides, plus je regrettais l'Ohio. Louis et sa famille s'y trouvaient sans que j'ose aller les retrouver. Les circonstances qui avaient accompagnées mes retrouvailles avec eux m'avaient laissées perplexe. D'abord Louis et la mauvaise posture dans laquelle je l'avais mit. Ensuite Thomas et les sentiments mitigés que je lui portais à présent, ne sachant pas si s'être retrouvés seuls cette nuit avait levé l'incompréhension qui nous avait suivie jusque là. Ils faisaient malgré ça partie des personnes avec qui je m'étais le mieux entendue depuis le début de ce voyage imprévu, et les avoir revus tout les deux avait éveillé en moi le bonheur que j'avais ressentis en voyageant à leurs côtés. S'il n'y avait été question que d'eux je serais sans doute retournée sur mes pas depuis longtemps. En attendant j'errais depuis plus d'un mois sur des terres hostiles, m’accommodant à ce paysage et ce train de vie.

Le climat s'adoucissait de jour en jour, laissant apparaître les prémices d'un été mérité. Je ne voulais pas imaginer le nombre de personnes qui avaient terminées leur route à l'aube de cette nouvelle erre tant attendue. Un sourire s'esquissa sur mes lèvres alors que je fixais inlassablement la sphère lumineuse et pâle qui s’élançait lentement dans le ciel. Encore timide elle devenait flou derrière les nuages et ne laissait entrevoir qu'une faible sensation de chaleur malgré sa grandeur. Une chaleur ne faisant pas fuir les dernières traces de l'hiver mais qui de sa présence devenait aussi précieuse qu'une source d'eau dans le désert. Mon corps aurait pu rester ainsi des heures, avachis au sol contre un arbre tout en se réchauffant de l'aurore. Mon prénom seul aurait pu devenir à ses yeux comme le signe d'un destin tracé. Mais les dessous du destin n'avaient jamais étés de mes croyances. Je préférais me ressourcer des seuls instants de plaisirs qui rythmait encore ma vie. Même si cela était parfois difficile et qu'il m'était arrivé de lâcher prise. Aujourd'hui était en l’occurrence un jour clément dénué d'une quelconque trace de déception hors mit celle quotidienne de se réveiller au milieu de nulle part. Je m'étais inconsciemment laissée emportée par l'engourdissement du matin, fermant les paupières quelques instants pour finalement les rouvrir plusieurs heures après. Comme si nous avions encore le temps. Je ne savais pas réellement quelle heure il était, ma montre sommeillant elle aussi au fond de mon sac. Le soleil s'était élevé plus haut dans le ciel sans que l'obscurité de la journée ne s'avoue vaincue. Je sortais peu à peu de cet état léthargique, ma silhouette se relevant maladroitement tandis que j'attachais mes cheveux dans une longue queue de cheval. Mes bras tentèrent d'atteindre le ciel, mes doigts se grandissant dans l'espoir de toucher les nuages épais qui s'éloignaient au dessus des arbres. Je pris quelques secondes pour boire et manger avant de poursuivre ma route vers l'inconnu. Depuis des jours je tournais en rond volontairement, me reposant de tous ces kilomètres que j'avais parcouru. Je profitais donc du calme de l'après-midi pour dévier mes pas et sortir de cette bulle dans laquelle je m'étais confinée. Le silence n'avait rien de pesant pour une fois et entendre le chant lointain des oiseaux me fit fermer les yeux.

Un bruit plus proche entrava mon écoute. Je m’immobilisais par réflexe, tendant l'oreille à ce nouveau son à peine perceptible. Mon regard se projeta devant moi sans qu'aucune expression ne se profile sur mon visage. Il y avait toujours eu deux solutions lorsqu'une présence nouvelle venait faire son apparition. Avancer ou passer son chemin. Or je ne savais pas laquelle choisir. Il me restait encore un peu de provisions dans mon sac pour rester autonome quatre ou cinq jours, mais je ne savais moi même pas quand je pourrais me réapprovisionner. Sans réelle conviction je me mit à avancer d'un pas lent en direction de ces bruits qui rompaient le silence. Au loin se dessinait une silhouette bancale suivant une route sinueuse au milieu de la forêt. Je ne savais pas si ma surprise se portait plus sur la route dont je n'avais pas soupçonnée l'existence ou sur cet homme à la démarche houleuse qui se dirigeait on ne sait où. J'avais cette impression étrange qu'un élément me manquait dans la contemplation de cette scène. Je m'approchais de lui et me rendais peu à peu compte à sa démarche et sa prestance qu'il était mal en point. Je n'étais malgré ça pas assez près pour déterminer les causes exactes de son état. Mes yeux arpentèrent rapidement la forêt, tentant de repérer l'éventuelle présence d'un intrus. Mais personne mis à part cet inconnu ne semblait se trouver ici. Il m'aurait été facile de m'approcher de lui pour lui soutirer des provisions, mais ne me considérant pas comme un vautour près à bondir sur une proie agonisante je préférais en rester là. Quant à l'aider, je ressentais encore cette appréhension à cette idée. Pour autant je ne détachais pas mon regard de lui et restais là sans but à l'observer. Les minutes s'écoulèrent tandis que je le suivais de loin, analysant ses gestes dans l'idée de déceler une quelconque preuve de sa culpabilité. Après une vingtaine de minutes mon attention se détourna de lui alors que je devinais au loin la présence du cadavre d'une fête foraine. L'inconnu se dirigeait vers elle et à la fois emplie d’émerveillement et de frissons d'horreur je le suivis dans sa démarche.

Je me souviendrais toujours de la première fois où j'avais mit les pieds dans une fête foraine. L'odeur du sucre et de la friture m'avait tout de suite mit l'eau à la bouche, les lumières dansantes et les musiques s’entremêlant me perdant dans un monde à part. Je n'avais alors qu'une dizaine d'années mais les souvenirs étaient ancrés dans ma mémoire comme s'ils s'étaient déroulés il y avait quelques semaines seulement. Des souvenirs chaleureux qui contrastaient avec l'endroit. Je me voyais encore me glisser en fraude sous les grands chevaux blanc qui tournoyaient dans une cage de lumière tandis que mon père me cherchait, agacé par cette pile électrique qu'il ne parvenait pas à canaliser. Une pile électrique qui aujourd'hui se retrouvait seule devant ces chevaux abîmés. Je n'osais approcher, de peur que l'on repère ma présence et par mélancolie du passé. Lui était toujours là, s'abreuvant avec insouciance dans l'eau croupie qu'il trouvait ici et là. Je me dissimulais un peu plus derrière les branches ornant le petit terrain goudronné sans le quitter des yeux. Mon bras heurta une branche frivole qui se brisa contre son accroche et tomba sur le sol. Éprise de l'adrénaline qui montait en moi je m'immobilisais derrière l'immense sapin avant d'inspirer une grande bouffée d'air. Combien de temps encore allais-je rester ici à l'observer ? Plus j'y pensais et plus je trouvais cette filature ridicule. Lui ne paraissait se douter de rien, arpentant les manèges tel un automate. Je me mit à le suivre à l'intérieur de l'espace goudronné d'un pas plus lent, le perdant de vue lorsqu'il se faufilait derrière les grandes structures abandonnées pour finalement le retrouver quelques mètres plus loin. Je me demandais alors si tout cela n'était finalement pas qu'un piège. Peut être s'était-il rendu compte de ma présence et cherchait-il à m'entraîner quelque part. Il avançait sereinement vers les habitations, longeant la continuité de la route avant de finir sa course en s'accroupissant près d'un amas d'objets divers. L'atmosphère devenait aussi glauque et repoussante qu'un scénario de film d'épouvante. Cela était sans doute dû à l'immensité anormalement vide qui se prenait place dans un des lieux les plus perdus du Michigan. Inutile de chercher les raisons qui avaient amenée la ville à arborer cette allure. Tout le monde était conscient des événements qui s'étaient déroulés sur terre. Lucas... Où était-il ? Je m'en voulais de l'oublier, mais me forçait à ne pas y penser. J'attrapais un bout de bois qui traînait sur le sol. Assez gros pour intimider l'inconnu en cas de problème. Jouer les espionnes avait assez durer. Je m'approchais sereinement de lui, prenant confiance en moi en voyant le sang et les blessures qu'il arborait de dos. Si bien que je laissais pendre mon morceau de bois contre ma hanche. Je ne cherchais pas à arriver par surprise mais j’appréciais le fait qu'il ne se rende pas compte de ma présence tout de suite. Je le contournais pour me retrouver à un mètre sur sa gauche, mon bras se tendant vers lui afin que mon bâton touche sa joue.



« Les mains en l'air. »
J'étais aveuglement persuadée qu'il était humain, pensant impossible le fait qu'un host se balade seul et mal en point au beau milieu de nulle part. Je rejetais ses agissements parfois étrange sur le fait qu'il soit blessé et mal en point. Je souris pour divulguer toute l'ironie de mes paroles avant d'abaisser à nouveau le bâton contre moi et de reculer pour le toiser d'un air plus sérieux. Je me rendis compte qu'il n'avait pratiquement rien sur lui et me demandais ce qui avait pu lui arriver pour qu'il se retrouve dans cette situation. Les scénarios se bousculèrent dans ma tête mais je me contentais de lui demander :



« Comment ça se fait qu'un homme blessé avec apparemment rien dans ses bagages se promène dans un lieu aussi exposé comme si de rien était ? »


Dernière édition par Dawn E. Ambrose le Sam 24 Aoû 2013 - 13:39, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Prudence est mère de sureté   Prudence est mère de sureté EmptyVen 16 Aoû 2013 - 18:38

Ezra était très fier de lui, en quelques secondes à peine, il avait pas mal ratissé dans le monticule d'affaires, et mit au jour de nombreuses choses fascinantes. Avoir enfin quelque chose d'intéressant à faire lui avait donné une énergie nouvelle, qu'il ne pensait plus avoir. Comme les vêtements, les photos avaient étaient entassées dans un coin, avec des livres qui ne ressemblaient plus à rien et tous ce qu'il avait jugé inutiles, c'est-à-dire mal de choses. Les seuls objets qu'il avait gardé pour lui reposaient à ses pieds, une paire de ciseaux pointus, une bouteille d'alcool à 70° vidée au trois-quart, un rouleau de ficelle, un stylo-bille et une casquette des Yankees. C'était un maigre butin, mais ça faisait toujours ça de gagné. Absorbé par ses fouilles, il ne jeta pas un regard aux alentours, et n'eut un mouvement de recul que quand quelque chose bougea sur sa gauche.

Ezra n'émit pas un son, mais il fit un bond sur le côté et se retrouva presque couché par terre, une main levée devant le bâton qu'on tendait vers lui. Il ne comprit pas pourquoi son cœur c'était soudainement mit à battre très fort dans sa poitrine, comme s'il avait courut à toutes vitesses, mais une chose était sûr, il venait d'avoir la peur de sa vie. Ses yeux écarquillés de surprise détaillèrent rapidement son agresseur. Qui était une agresseuse. Une petite agresseuse, mince, en plus de ça, et même pas armée. Et qui souriait. Dire que pendant un instant il avait cru que sa fin était venue. Se drapant dans le peu de dignité qu'il lui restait, Ezra se leva en toisant encore de haut en bas cette jeune fille sortie de nulle part.

Impossible de savoir si c'était une implantée aussi perdue que lui ou pas, il allait falloir être prudent. Car si elle était humaine, elle faisait sans doute partie d'un groupe vivant près d'ici. Ezra imaginait en effet mal ce petit bout de fille survivant à la dure dans ces contrées inhospitalières, bien qu'il soit lui-même en très mauvaise posture. Il avait eu de la chance de ne pas tomber directement sur la troupe au complet. Enfin, ce sera sans doute le cas s'il n'est pas brillant, là, tout de suite. N'ayant jamais eu à se faire passer pour un humain jusqu'à présent, il se sentait un peu nerveux à l'idée de faire une gaffe, mais il savait d'expérience que ne rien dire le trahirait encore plus rapidement. Il rassembla donc son courage et le peu de ressources qu'il lui restaient pour tenter d'être convaincant.

« Bonjour. »

C'était un excellent début, il s'en félicita intérieurement, puis son regard glissa vers la route qu'il avait suivit jusque-là tandis qu'il réfléchissait à la question. L'explication lui semblait à la fois très simple et très compliquée, il lui était arrivé pas mal de choses, l'air de rien. Ezra se demanda s'il devait tout reprendre depuis le début, parce que s'il n'avait pas été tabassé, ramassé, soigné, re-tabassé, s'il ne s'était pas enfuis pour revenir avec des renforts et si quelques humains n'étaient pas parvenus à s'échapper, il ne serait pas là. Mais tout ça faisait quand même beaucoup pour une première rencontre. Avant de répondre, il tenta d'imiter le petit sourire de la jeune fille, même si le sien était un peu bancal.

« Je crois que c'est ce qu'on appelle une longue histoire. J'ai cru que cette route finirait par me ramener d'où je viens, mais il semblerait que non. Maintenant, ça n'a plus d'importance, je n'ai pas de quoi retourner en arrière. »

En un mot, il était perdu. Comme s'il venait de se rappeler à lui-même combien il était désœuvré, Ezra se pencha à nouveau sur le bazar qui traînait par terre et se remit à trier. Cette fois-ci, cependant, il resta attentif à ce qu'il se passait autour de lui, et tout particulièrement à la jeune fille, dans le cas où elle tenterait de le surprendre encore. Alors qu'il jetait un dixième exemplaire de la bible dans le tas de déchets inintéressant, il interrogea.

« Et toi, qu'est-ce que tu fais ici ? Cet endroit avait vraiment l'air désert, tu t'es éloignée de ton groupe ? Tu cherches de la nourriture, peut-être ? Parce que moi oui, on pourrait chercher ensemble si tu veux. Ah, et tu n'aurais pas vu une fille blonde ? Elle est un peu comme toi, mais en différente… »

Voilà la seule description qu'il pouvait donner d'Ashley, mais était-ce sa faute si les humains se ressemblaient tous ? Ezra doutait qu'elle soit passée par ici, il était à des jours de marche de l'endroit où il avait perdu ses traces, et avait marché bien plus que ce qu'un humain sain d'esprit aurait fais. Après, on ne sait jamais, mais quand même. Maintenant qu'il y repensait, il se sentait stupide d'être partis à sa poursuite sans vraiment réfléchir, et en même temps, il était persuadé que si la faim ne lui tordait pas les tripes, il n'aurait pas tant de regrets que ça. Cette planète était trop belle pour rester inexplorée, et c'était aussi la curiosité qui l'avait poussé à s'éloigner des siens, même s'il n'avait jamais cru se retrouver si loin.

Sans doute qu'en perdant la mémoire, Ezra avait aussi perdu son sens des obligations. Quel était son rôle dans cette guerre, d'ailleurs ? Chasser les humains peut-être, ou les étudier, ou bien autre chose. Dans tous les cas, il avait oublié ça aussi, et il n'avait pas assez d'énergie pour s'interroger sur le but de son existence. Au bout de plusieurs minutes, le jeune homme arrêta de fouiller et se releva en soupirant, il s'était épuisé un peu plus sans rien trouver d'utile. Il promena un regard légèrement déçu sur tout ce qui traînait par terre, même s'il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il espérait trouver là. Puis son visage s'éclaira alors qu'il fixait le tas de bagages vides.

« J'ai une super idée ! »

Ezra venait d'inventer quelque chose, il suffisait de prendre une valise, de la maintenir ouverte avec un bout de bois auquel on aura préalablement attaché une ficelle, de mettre des baies pas bonnes à l'intérieur, et d'attendre qu'un petit animal crétin entre dedans pour le piéger. Si cela fonctionnait, l'histoire de la Terre serait changée à coup sûr, il devait absolument tenter l'expérience. Ezra mit deux valises dans les bras de la fille – qui avait déjà un bâton, c'est bien les gens prévoyants – en prit deux autres et partit en quête de l'endroit idéal pour leur test. Il opta pour une petite clairière dégagée autour de laquelle quelques buissons permettait de se cacher. Il avait assez de ficelles pour poser trois pièges, puis s'assit quelque mètre plus loin, devant ses trois bouts ficelles, très motivé. Au bout de quelques dizaines de minutes sans que rien ne se passe, il se mit cependant à gigoter et soupirer, autant par ennuis que par faim, mais il n'en oubliait pas de jeter par moment quelques regards assurés à sa compagne de route.

« Tu verras, ça va marcher. »

Sa patience s'amenuisait cependant à mesure que l'après-midi avançait et finalement, il se mit à observer d'un air très intéressé le sac bien rempli de la jeune fille.

« Tu transportes beaucoup de choses, je trouve, tu n'aurais pas à manger par hasard… ? Oh, attends ! Chut ! »

Sortant des buissons, un lapin s'approcha en reniflant de l'une des valises, mais difficile de dire s'il cherchait de la nourriture et allait se faire avoir, ou s'il était juste un peu trop curieux.
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MessageSujet: Re: Prudence est mère de sureté   Prudence est mère de sureté EmptySam 24 Aoû 2013 - 13:31




Mon intervention avait semblé le sortir de ses rêveries, son regard horrifié exprimant toute la peur qu'il avait ressentis en prenant conscience de ma présence. Autant dire qu'il était rare que j'amène ce genre de réactions chez un inconnu. La grande majorité m'aurait regardé de haut avant de se résigner à voir dans ces traits insouciants une quelconque forme de danger. Je profitais de ces quelques secondes de notoriété en arquant mes sourcils sans le quitter des yeux afin de faire transparaître mes élans de moquerie. Mais sa lucidité reprit vite le dessus. Par réflexe je me reculais d'un pas alors qu'il se relevait. Qu'il soit humain ou non, rien ne m'assurait de son innocence, les êtres de ce monde étant devenus bien plus imprévisibles qu'autrefois. Il me restait au moins ces pensées pour me protéger des dangers que je soupçonnais à peine. Mais même éloignée d'un pas je restais assez près pour me rendre compte avec un certain malaise que j'étais réellement minuscule face à lui. J'eus cette impression soudaine que sa silhouette s’élevait devant moi de façon à me rendre plus insignifiante encore que ce dont je pouvais paraître. Une sensation presque ironique alors que je vivais dans un monde où la plupart des gens, aussi rares soient-ils, baissaient les yeux pour croiser les miens. Cependant sa grande taille n'enlevait rien à cet air innocent et perdu qui déformait son visage. Je me demandais même si cette impression qu'il renvoyait n'était pas due à la maigreur de son corps qui le grandissait tel un spectre bancale. Je l'écoutais me saluer d'un regard plus compatissant comme si mon côté détestable c'était délesté un instant de ses fonctions. C'était à peine s'il prenait conscience que j'étais là, vraiment là. Les manèges semblaient avoir reprit vie et les bruits de la foule brisaient le silence de cette terre abandonnée. Il me parlait comme si j'étais devenue une parfaite inconnue au milieu de la foule. Son esprit était peut être finalement bien atteint par sa confusion. « […] me ramener d'où je viens. [...] » D'où venait-il ? Il parlait d'un endroit qui l'attendait alors que l'Amérique entière était devenue hostile à l'homme. J'aurais souhaité lui poser la question mais mon esprit me demandait d'attendre pour le laisser se perdre dans ses pensées les plus secrètes. Mon regard se projeta sur les objets qu'il empilait autour de lui, quelques uns plus utiles trônant déjà à ses pieds.


«  Et toi, qu'est-ce que tu fais ici ? Cet endroit avait vraiment l'air désert, tu t'es éloignée de ton groupe ? Tu cherches de la nourriture, peut-être ? Parce que moi oui, on pourrait chercher ensemble si tu veux. Ah, et tu n'aurais pas vu une fille blonde ? Elle est un peu comme toi, mais en différente… »

Je repris mes esprits, levant les yeux vers lui en tentant de comprendre une à une ses questions. Un enchaînement de questions qui n'avaient parfois aucun rapport et dont la simple évocation d'une fille blonde me fit exprimer une mine interrogative. Je resserrais mon arme entre mes doigts et lui tournais le dos pour déraidir mes jambes avant de continuer avec scepticisme.

« J'ai tant une tête à me faire entretenir par un groupe pour survivre ? Je suis ici par simple hasard. En te voyant marcher comme un alcoolique à deux doigts du comas éthylique je me suis dit que c'était plus prudent de te suivre. Et non, je n'ai pas vu de fille blonde comme moi mais en différente. »

Autant jouer la carte de la jeune femme bienveillante prête à courir au secours d'un parfait étranger dans le besoin. Dire que j'avais espéré pouvoir profiter de lui en lui volant une partie de ses ressources pour survivre serait sans doute mal passé. Finalement ce n'était pas ce qui me préoccupait le plus. Il mentionnait des détails flous que je ne parvenais pas à comprendre. Cette fille blonde qu’apparemment il recherchait et ce lieu dit qu'il imaginait retrouver. A croire qu'il vivait dans un monde à part... ou bien je me posais définitivement trop de questions. J'aurais aimé en savoir plus mais plus je le regardais plongé dans ses occupations sans se préoccuper de moi, moins j'arrivais à aligner mes mots, trop intriguée par ses agissements. Je regardais autour de nous un instant, veillant à ce que rien d'anormal ne vienne troubler cet instant de répit. Les valises vomissaient des vêtements et des objets à même le sol, recouvrant le goudron sale et poussiéreux d'un manteau de tissus. Ma main se tendis vers un pull beige aux dessins légers dont la manche tentait de se frayer un chemin entre les jeans et les vestes. J'en avais volé un de ce type un jour, la simple idée de porter des vêtements du foyer me donnant la chaire de poule. Le pauvre avait fini découpé par cette chieuse de Nora avant que je n'ai pu le mettre. Je le glissais dans mon sac avant de m'avancer vers... Je me rendis compte que je ne connaissais pas même son nom. Décidée à lui demander j’entrouvris la bouche pour finalement ravaler ma salive alors qu'il me coupait la parole.

«  J'ai une super idée ! »

J'attendais de voir ça... Il s'agitait autour de l'amas d'objets jonchant le sol avec détermination, agitant ici et là des cordes et des bâtons pour finalement empilé deux valises dans mes bras sans que je ne puisse exprimer autre chose qu'un gémissement de mécontentement. Je plissais les yeux avec consternation, rendant comme évident le fait qu'il était réellement tombé sur la tête. Malgré ça je le suivis un peu dépassée par les événements jusqu'à la clairière qu'il avait prise pour cible. Je jetais les valises au sol pour qu'au final il s'empare de mon morceau de bois. Un peu surprise je me reculais. J'avais peur de comprendre ce qu'il tentait de faire. Mes bras ses croisèrent en même temps que je lui lançais avec agacement :

« Tu as vraiment cru que c'était aussi simple ? »

«  Tu verras, ça va marcher. »


Ça il l'avait dit avant que les minutes s'écoulent sans signe de progrès et que lui même semble se rendre à l'évidence que l'idée de chasser le gibier avec des valises était quelque peu tirée par les cheveux. La vraie question était pourquoi je l'avais suivie sans rien dire. Sans doute parce que malgré ses airs de cinglé un peu pommé, être avec quelqu'un d'autre me permettait de baisser un peu plus ma garde sur ce qui m'entourait. Ceci ne m'ayant pas empêché de le fixer avec insistance comme si j'allais bientôt réussir à comprendre ce qui lui passait par la tête.

« Ça va durer encore longtemps ? C'est aussi ennuyeux qu'une après-midi de pêche. »

« Tu transportes beaucoup de choses, je trouve, tu n'aurais pas à manger par hasard… ? Oh, attends ! Chut !»


Je n'eus pas le temps de trouver sa question déplacée que déjà mon attention se portait sur les deux grandes oreilles qui se dressaient un peu plus loin. Mes yeux s'écarquillèrent de surprise à l'idée qu'il est réussis à attirer un animal jusqu'ici. Je m’aplatis un peu plus sur le sol en prenant appuis sur mes genoux, le regard épris de cette petite créature qui me redonnait soudain le sourire. Le lapin se redressa sur ses pattes arrières, son museau s’agitant à toute vitesse. Sans un bruit je continuais de l'observer. Le petit animal reprit une posture plus sereine avant de s'approcher d'une des valises. A la fois choquée et prise d'enjouement je me redressais un peu plus pour le voir renifler l'étrange affaire qui se présentait à lui. Après inspection il tendit son corps sous le toit que formait la valise pour attraper une baie et finalement se laisser entraîner dans le piège. Je soufflais doucement à mon compagnon de chasse :

« Vas y tires la. »

La ficelle se tendit. Mon cœur se mit à battre tandis que je retenais ma respiration. C'était un plan parfait. Si parfait que le bâton se coinça à l’intérieur de la valise, laissant retomber celle-ci de quelques centimètres sans pour autant la faire tomber. J'eus envie de frapper celui qui se révélait être la cause de ce désastre mais le lapin paniqué s'excita sous la valise pour finalement heurter le morceau de bois et s'enfermer seul sous sa cage de fortune. Une fois prit au piège je me redressais en serrant les poings de joie.

« Ce lapin est trop stupide ! »

Je n'attendais pas le génie de la journée pour me précipiter vers la valise et poser mes mains sur chaque côté de celle-ci. J'admirais un instant les mouvements que faisait le tissus en même temps que le lapin paniquait à l'intérieur. Une présence se fit sentir derrière moi, me sortant de mes rêveries. Je prit place sur la valise, appuyant mes fesses dessus pour être certaine que notre victime ne nous échappe pas pendant que je venais à mes fins avec monsieur le chasseur. Je mis la main dans mon sac pour en sortir deux barres de céréales et lui en tendre une comme récompense.

« Je te préviens ce n'est pas moi qui le tue. »

Je n'avais pas l'intention de me salir les mains et espérais que lui avoir offert une barre de céréales suffirait à lui faire faire le sale boulot sans question. Mais même si je me sentais encore sur un petit nuage à l'idée d'avoir capturé un repas digne de ce nom, j'avais sur le moment d'autres idées en tête. J'ouvris le sachet plastique de ma barre de céréale afin de croquer dedans sans le perdre des yeux. Je profitais du fait qu'il ne puisse plus porter d'attention qu'à ma propre personne pour continuer avec détermination.

« Maintenant que tu n'es plus occupé à faire je ne sais quoi... Tu pourrais me dire clairement d'où viennent tes blessures ? De la fille que tu recherches ? »
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