Son regard suppliant est posé sur moi. Il gémit. Baignant dans une marre de sang. Nous sommes les deux derniers, je ne veux pas me retrouver seule. Non. Je ne veux pas. Je ne peux pas. Ça ne doit pas arriver. Il ne peut pas mourir. Je tremble, tout en exerçant une pression énorme sur la plus grosse blessure de Jeremy. Je dois me calmer, je ne peux pas perdre mon sang froid. J’essaie de me convaincre qu’il pourra s’en sortir. J’essaie de toutes mes forces. Mais le sang tâche mes doigts, le sang coule le long de son corps qui est prit de spasmes, plus violant de secondes en secondes. Je veux le sauver. Parce qu’il mérite de vivre. Et parce que j’ai peur de me retrouver seule. Seule face à l’inconnu, face au danger. Je me mords la lèvre et me concentre sur sa respiration, qui se fait de plus en plus haletante. Il tousse, crache du sang. Du sang, juste du sang. Partout. La senteur de rouille me monte au nez. Elle restera gravée dans ma mémoire comme un mauvais souvenir. Je cherche du regard une serviette, un morceau de vêtement susceptible de pouvoir m’aider. Mes mains ne sont plus couleur chair, elles sont rouges. Je prends les siennes et les déposes sur la blessure et pèse dessus alors que mon autre main essaie de déchirer le bas de son pantalon. Merde, merde, merde. Pourquoi ne veux-t-il pas se déchirer? Je tire de toutes mes forces et il finit étonnement par céder. Je le lacère pour en faire un long bandage que je pourrais nouer autour de son ventre. Jeremy essaie de dire quelque chose, il n’y arrive pas, pourtant.
«Accroches-toi Remy, me laisse pas seule.» Si seulement je pouvais stopper l’hémorragie, est-ce trop demandé? Il faut croire que oui. Il faut croire que je dois arrêter d’avoir espoir. Il m’empoigne soudainement le poignet avec une force étonnante et je me retourne vers lui, surprise. Il me regarde de façon si intense que j’en deviens mal à l’aise.
«Fanta…» Il tousse. Le sang s’échappe de sa bouche, encore. Il tremble tellement, j’ai peur. Peur de ce qu’il va arriver.
«Survie.» Puis, plus rien. Je sens son emprise s’affaiblir, sa main glisser de mon poignet. Il m’a abandonné, il m’a laissé seule. Je termine toujours seule. Il me demande de survivre, je ne sais même pas si j’y arriverais. Je ne sais pas chasser, je ne sais rien faire, sauf soigner les gens. Je vais crever, j’en suis sûre. Je tremble, sentant les larmes me monter aux yeux. Pour la première fois en cinq mois – ou est-ce 6?-, je m’autorise à pleurer. Je pleure. Toutes les larmes de mon corps. En me demandant comment je ferais pour survivre. Il n’y a que moi, la nuit, ce sang sur mes mains et mon corps, puis Remy, mort.
Ce gamin est vraiment lent, à la fin! Je me retourne vers lui et lance un regard meurtrier, comme si cela allait lui redonner des forces, qu’il accélérerait le pas. Rien n’y fait, il ne réussit qu’à me lancer un regard de chien battu et traine toujours de la patte. La vérité, c’est que nous n’avons pas mangé de toute la journée et nous n’avons eu à boire que quelques lampées d’eau, à peine. Il a faim, tout comme moi. Il a soif. Il nous reste un peu d’eau, mais j’ai décidé de la garder pour plus tard. Je me retourne pour lui faire dos et continue à marcher, à m’enfoncer un peu plus dans la forêt.
«Fanta, j’ai soif.» Je sers les dents, agacée. Je me dis que si je l’ignore, il comprendra peut-être. Je me trompe. Il continue.
«J’ai vraiment très soif, Fanta…» Je me stoppe et me retourne vivement, agacée par cette situation. La crainte se lit dans ses yeux quand je m’approche de lui à grands pas et que je l’empoigne fermement par les épaules, me baissant à sa hauteur pour le regarder dans les yeux. Je ne sais même pas pourquoi j’ai pris ce gamin sous mon aile. Je n'aimes pas les enfants.
«Écoute Charly. Il nous reste à peine de quoi boire. Tu te souviens de ce que je t’ai dis ce matin? On doit garder cette eau. Pour nous deux. Pour notre survie.» Le ton de ma voix fut ferme, cassant, même. Déjà, ses petits yeux s’embuent de larmes, ce qui me fait regretter soudainement cette saute d’humeur. Soupirant, je me relève et fouille dans mon vieux sac à dos pour trouver la gourde presque vide. Je l’agrippe et la sort pour ensuite la tendre au petit. Il la regarde, me regarde, puis la regarde, ne sachant trop quoi faire. Je lui prends finalement la main et j’entoure ses petits doigts alentour de la bouteille avant de dévisser le bouchon.
«Allez, bois. Je peux me passer d’eau pour quelques heures.» Ses yeux s’illuminent soudainement et il porte le goulot à sa bouche, avalant l’eau qui a eu le temps de devenir plus chaude avec les heures. Il me tend la gourde vide et je lui offre un sourire, mal à l’aise suite à cette bonne action envers un enfant. Je la range dans le sac et passe la bretelle sur mon épaule avant de jeter un regard se voulant rassurant au petit garçon, puis je lui ébouriffe les cheveux.
«Bon, et si on reprenait la route, maintenant? On a encore beaucoup de chemin à faire avant de retrouver ma famille et ton papa, il vaudrait mieux se dépêcher.» Quelques secondes plus tard, nous voilà repartit. C’est seulement la nuit tombée, lorsque nous sommes arrêtés pour dormir, que je réalise ce qu’il représente pour moi. Charly, ce petit bonhomme d’à peine huit ans, c’est la raison première pour laquelle je me bats pour survivre, c’est lui qui me donne tout mon courage. Alors, mes yeux se ferment et je m’accroche à cette conviction, un jour après l’autre.
SOUAGUE, SOUAGUY, SOUAGUE
fatmoony. 17 ans. est un eskimo, vient du quouébac. poukémon d'aaron. pète le souague avec hale (fantale ship ftw). 2god avec charline la soeur. gnutgnut everyday, every week, just ask. pis ci ço là.