Beaucoup de gens n'aiment pas les hôpitaux. Les murs y sont blancs et froids et bien sûr, le présage de mort qui plane a de quoi mettre n'importe qui mal à l'aise. Mais ces temps-ci, le présage de mort planait un peu partout sur la planète et à la vue des couloirs vides et froids de l'hôpital abandonné, Tommy s'illumina d'un sourire et poussa un soupir de soulagement. Personne à l'horizon.
Il ne s'était pas trompé en remarquant les mauvaises herbes poussant dans les fissures du goudron du parking et l'allure poussiéreuse des vitres, les extraterrestres n'avaient pas prévu de faire quoi que ce soit avec ce bâtiment. S'étant trouvé dans de mauvaises situations en cherchant à rejoindre des lieux qu'il connaissait, l'avocat finit par comprendre qu'il lui faudrait changer ses critères pour trouver un abris. Les Aliens appréciait le luxe tout autant que les humains et il espéra qu'ils dépréciaient également les hôpitaux.

Un peu essoufflé, il laissa tomber son sac de sport rempli de ce qu'il avait amassé pour survivre et massa son épaule endolorie. Il n'était jamais allé dans un hôpital même si souvent l'idée d'y amené son attardé de frère lui était passé par la tête, mais il savait qu'il trouverait surement beaucoup de choses intéressantes ici. Des médicaments tout d'abord, mais aussi des armes, des seringues, des scalpels, des béquilles, et pourquoi pas de la nourriture. De mauvaise qualité et probablement même périmée, mais cela faisait longtemps que Tommy ne faisait plus autant la fine bouche. Ca ne l'empêchait bien sûr pas de râler.
Il cala son sac dans un coin, derrière le comptoir de l'accueil. Il avait l'intention de glaner dans l'hôpital et porter son poids de 20 kilos le rendrait moins efficace. A l'intérieur, il y prit tout de même une lampe de poche qu'il glissa dans la poche arrière de son jean et une clé à molette qu'il avait prit dans un garage. Même si l'endroit paraissait vide, l'avocat préféra se préparer en cas de mauvaise rencontre.

Puis Tommy fit son petit marché. Tout d'abord interpellé et figé au moindre bruit, il prit de l'assurance au fil des pièces qu'il fouillait. Dans un petit sac, il fourra pansements, compresses, outils chirurgicaux, pots de compotes, bref tout ce qu'il trouvait qui pourrait lui être utile. Il savait qu'il ne pourrait pas tout emporter mais il préféra tout rassembler au cas où il repasserait plus tard.
Depuis les évènements, Tommy ne s'était pas posé à un endroit plus d'une nuit, une chose qui relevait presque de l'habitude étant donné son passif de DonJuan et d'avocat surbooké. Mais la cavale était quelque chose d'assez fatiguant et ne pensant pas être traqué particulièrement, Tommy commençait à songer à s'installer quelque part, fortifier un lieu où il y entreposerait tout et où il se barricaderait. Il ne savait pas trop comment cela marcherait avec la population Alien qui se multiplie à chaque instant, mais il avait bien l'intention de rester lui-même le plus de temps possible. Quelle perte pour l'humanité serait-ce de le voir transformé en Host !
Il avait songé au fait que quelque part, l'armée ait construit des abris où les civils pourrait s'y réfugier, mais n'ayant aucune information là dessus, il préféra penser qu'il était un des seuls assez fort et intelligent pour résister.

Les heures passèrent sans incidents et Tommy s'accorda une petite pause. Depuis le début, les lits de malades lui faisaient de l'oeil avec leurs draps blancs et leur gros oreiller. Il se laissa tomber sur l'un d'eux en poussa un long soupir de bonheur. Il pouvait sentir toute la tension de son dos après ces jours de marches et ces nuits passées un peu n'importe où, se relâcher. Il prit un pot de jus d'orange de son sac et l'ouvrit avec un sourire. Sa joie fut de courte durée alors qu'il goûta à la boisson trop acide. Une grimace de dégoût étira son visage charmant et il jeta le pot dans un coin. Loin était le temps où môsieur ne buvait que du pur jus d'orange pressé. Tommy soupira et ferma les yeux. Avant qu'il ne se rende compte de quoi que ce soit, il s'était plongé dans un lourd sommeil réparateur.
Ce n'est que plusieurs heures plus tard que son esprit endormit se donna lui-même un coup de pied aux fesses. Dès que les quelques neurones éveillés de Tommy comprirent qu'il avait commit l'erreur de s'endormir au milieu de nulle-part, un frisson de panique parcouru son corps entier et il ouvrit les yeux. Il y avait quelqu'un d'autre dans la pièce.
Surprit et terrifié, Tommy ne trouva rien de plus intelligent que de pousser un cri strident de vierge effarouchée, les yeux exorbités par la peur. Dans la panique, il tomba du lit sur le sol froid et se recroquevilla dans un coin en ne trouvant comme seule protection que les draps fins du lit, qu'il avait tiré contre lui.

"LAISSEZ-MOI TRANQUIIIIIIILLE !" couina-t-il en tremblant. Un beau grand froussard.

A l'approche de l'inconnue, Tommy continua de couiner jusqu'à ce que les mots de cette dernière fassent leur chemin dans son cerveau paniqué. Il s'étrangla mais ne se senti pas plus rassuré. Dévisageant la jeune femme de ses yeux bleus exorbités, il n'obéi pas tout de suite, malgré la menace du fusil.
Cela faisait un certains temps qu'il survivait tout seul et son cerveau avait bien vite associé toute forme humanoïde à un danger potentiel. Il se ficha bien du fusil ou même du joli minois et des belles gambettes de la demoiselle. Dans l'obscurité, il pria seulement le ciel qu'il ne s'agissait pas de ceux qui aimaient trifouiller dans les cerveaux.

"Ok ! Ok !" finit-il tout de même par dire en faisant signe à son interlocutrice de se calmer et éventuellement de baisser son arme. Les Aliens étaient la raison pourquoi le monde avait prit une tournure apocalyptique et pour laquelle Tommy avait dû abandonner sa confortable position au barreau pour se salir les mains dans la nature, mais ça ne rendait pas les autres menaces obsolètes.
"C'est bon, je ne suis pas l'un d'entre-eux. Il serait bête de s'entre-tuer entre bons terriens, non ?" tenta-t-il de rassurer l'étrangère en portant ses deux mains devant lui. Voyant le canon du fusil pointé sur lui, Tommy ne put s'empêcher de se sentir un peu jaloux. Comment se faisait-il qu'elle ait une telle arme alors que lui devait se contenter d'une clé à molette ?

A cette pensée, l'avocat se rappela qu'il n'était pas si démuni qu'il l'avait d’abord pensé face à cette menaçante arme à feux. Il était plus grand, plus fort et peut-être bien plus rapide que la demoiselle. De plus, un fusil n'était pas l'arme la plus efficace en combat rapproché et savait-elle vraiment s'en servir ? Son sac à lui et sa clé à molette était juste au pied du lit et avaient été recouverts par le drap lors de sa chute dramatique. Il lui suffisait simplement de se pencher...
"Alors quoi ? Vous me tirez dessus ou vous me mangez le cerveau ?" plaisanta-t-il doucement avec un sourire apaisant en voyant que la jeune femme n'avait pas l'air vraiment agressive en dehors du fait quelle pointait toujours son fusil vers lui. En l'observant un peu plus, il put remarquer le charme certain de son visage, pourtant tiré par la méfiance et la peur.

"J'aimerais vous dire que je ne vous veux aucun mal, mais je ne suis clairement pas à la bonne place pour... et bien pour dire ça. Voulez-vous bien baisser votre arme ?"
Tommy avait l'art de paraître inoffensif avant de frapper. Une bonne technique pour prendre ses cibles au dépourvu. Dans ses yeux bleus brillèrent une lueur pleine de bienveillance, d’innocence, de bonne volonté et même de supplication. Sa peur sur son visage était moins authentique que la petite frayeur qu'il avait eu au réveil, mais elle était tout de même assez convaincante.

Bien sûr, comme le bon requin d'avocat qu'il était, il attendait seulement que la brunette ai une seconde d'inattention pour saisir le fusil ou la clé à molette sur son sac, celui qui serait le plus à portée de main.