Il aurait du être là.
Être là, à l'attendre, l'accueillant d'un sourire, même bref, mais faire acte de sa présence.
Cobalte était rentrée depuis seulement 5 minutes et elle sentait déjà son agacement poindre de nouveau son nez. Sa semaine avait été trop longue pour qu'elle puisse supporter une angoisse de plus. Il n'était pas certain avec le groupe d'être dans les temps en ce qui concerne leur nouveau single. Cobalte avait passé ses dernières nuits à faire des arrangements sur sa basse afin d'avoir elle aussi l'inspiration. Mais il n'en était rien. Et cela l'avait exaspéré. Et comme un cercle vicieux, indéfiniment, sa vexation ne cessa pas de gonfler encore et encore. Sa seule jouissance était son retour dans la maison familiale. Elle n'avait pas vu sa mère depuis un certain temps, cette dernière n'était pas là lors de sa dernière visite. Elle sait qu'elle venait de plus en plus rarement et c'est quelque chose qu'elle n'apprécie pas. La jeune femme accorde tout autant d'importance à la famille qu'aux amis, qu'à ces amis. Dans les deux cas, son seul cercle d'amis était sa famille, de ce fait elle sentait régulièrement son cœur balançait entre sa véritable famille et celle adoptive.
Un soupir franchit la barrière de ses lèvres.
IL aurait dû être là.
Il était surprenant pour elle de constater la vitesse à laquelle elle s'était attachée à lui. Fait indéniable et que personne n'osera nier, Cobalte avait un caractère épouvantable. Dans ses beaux jours. De plus, elle n'avait qu'une confiance étroite dans les gens qui les entouraient. Néanmoins, avec lui, le lien s'était tissé de lui-même, comme si  quelque part, c'était écrit qu'elle devait le rencontrer là. Sur le bord de cette route. Et manquer de le renverser, railla une voix dans sa tête. Oui, il y avait les détails superflus, certes.Toujours étant qu'elle avait une affection toute particulière pour le garçon et voir ses rares sourires lui mettaient du baume au cœur, et optionnellement lui faisaient oublier le reste. Les choses essentielles, rajouta la voix qui vrillait dans un coin de sa tête. Fronçant les sourcils, elle ouvrit de nouveau la porte de la chambre, comme si elle espérait un tour de magie. « Khors est sorti. » Cobalte se retourna et regarda sa mère qui lui souriait, appuyée sur le mur, clairement amusée par la situation. La jeune femme lui esquissa un sourire et sans un mot, pris la sortie de la maison. Il était parti. Elle était partagée entre la partie qui souhaitait rattraper le jeune garçon par la peau du cou et lui rappeler les dangers de l'extérieur, surtout s'il ne s'était pas dirigé vers le cœur de la ville, ou le laisser en paix afin qu'il puisse réfléchir seul. Chose qu'il faisait rarement d'après sa génitrice. Il ne parlait pas de son passé. Personne ne lui demandait. C'était une règle tacite. Selon Cobalte, il avait du être attraper par des humains et être torturé. Si elle devait pousser sa pensée plus loin, elle en viendrait même à dire que c'est à cause d'eux que Khors était malade. Sa mère avait ri. Sa mère ne comprenait pas. Elle n'avait qu'un avis neutre sur les hommes. D'après elle, les hommes et les Hosts auraient du vivre en cohésion dès le départ, partager leur point de vue et essayer d'arranger les choses. C'est pour cette raison que Cobalte était restée humaine et qu'elle n'avait pas été implantée. Raison tout à fait ridicule, lui avait fait remarquer sa fille. Mais voilà, sa mère aimait sa fille telle qu'elle était et ne voulait pas de quelqu'un d'autre. Si la jeune fille devait elle-même en dire quelque chose, puisque de toute façon elle avait promis à sa mère qu'elle ne ferait rien d'inconsidéré, elle aurait demandé à être implanté pour la simple satisfaction de voir un humain disparaître de nouveau. Mais comme la jeune femme n'a pas vocation d'être masochiste. Ou même de mourir. Elle s'abstenait. Autant vivre humaine, même si le mot lui arrachait la bouche, de toute façon elle considérait davantage les Hosts comme sa famille que les déchets qui vivaient reclus dans la forêt comme des lâches.
Marchant sans vraiment de direction en tête, la bassiste s'attendait à croiser le jeune garçon par un simple hasard. Et puisqu'elle avançait sans but déjà depuis 10 minutes, elle était amenée à penser qu'il aurait mieux valu rester à la maison, au lieu de chercher une aiguille dans une botte de foin. Après tout, le garçon connaissait le chemin, non ? Cependant, une vague d'anxiété vrilla de nouveau dans sa poitrine. Non, elle s'inquiétait. Et quitte à recevoir un accueil glacial, elle préférait ça que ne plus le voir du tout. Et ce fut au moment où elle eut cette pensée que la petite tête caractéristique de Khors se dessina devant ses yeux, au fur et à mesure qu'elle avançait. D'un pas rapide, elle atteignit le banc et sans même lui demander s'il lui permettait, elle pris place plus ou moins bruyamment. Manquant de rencontrer le sol au lieu du bois. « Alors ? Je te manquais tellement que tu as cru qu'il serait bon pour toi de te balader dans la rue sans être accompagné par quiconque, n'est-ce pas ? Je ne te savais pas si aventureux. » Ironisa t-elle, agacée alors qu'elle prenait négligemment une pose confortable à côté de lui.