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 Don’t be scared if you know, help me to explain myself. (Nevael)

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MessageSujet: Don’t be scared if you know, help me to explain myself. (Nevael)   Don’t be scared if you know, help me to explain myself. (Nevael) EmptyMer 27 Mar 2013 - 19:38




Noir. Tout est noir. Sans lumière, sans vie, sans âme, tout juste noir, comme le néant l'a toujours été. Tout commence toujours avec le noir. Ce vide insondable, cette absence insurmontable. Il n'y a rien. Dans l'ombre sans lumière, il n'y a rien, comme il n'y a jamais rien eu - ni forme escarpée, ni silhouette dégingandée, ni même le soupçon d'une vie arrachée. Pas de bruit, pas d'odeur, pas de goût. Rien à regarder, rien à toucher, si ce n'est cette substance sans fond qui entoure et avale tout ce qu'elle semble frôler sans le vouloir. Un rien et un tout à la fois, une présence dans l'absence, un creux comblé par le vide et, au milieu du néant, une figure insignifiante, oubliée depuis bien des années déjà, même si le temps coule à un autre rythme ici. Lentement, rapidement, indubitablement, le manque laisse place au plein, la lacune à la présence et, sans même y prendre garde, l'infection se rétracte, et la substance sombre s'étiole, laissant apparaître des monceaux d'images corrompues, effacées par une existence bafouée, meurtries par des souvenirs mélangés. Du bon, du mauvais, du noir, du blanc, du gris - et encore du noir, à n'en pas douter. Petit à petit, elles se succèdent, s'enchaînent et s'emmêlent, perdant ce manteau trop sombre pour un revêtir un autre, aux formes bien plus brouillées. Les souvenirs se mélangent avec les visions fugitives d'un présent incertain, et les apparitions prennent des allures d'illusion, au milieu de tout ce chaos. Où est la vérité, où est le mensonge ? Personne n'est là pour me dire que faire ou quoi penser, personne n'est là pour guetter, surveiller, ou aiguiller les plus simples des pensées. Laissé pour compte, abandonné à errer sans fin dans un tourbillon intérieur, il n'y a aucune main pour me rattraper, aucune aide à espérer, encore moins une rédemption à envisager. Juste moi. Moi et cette respiration trop lourde, ces battements de coeur trop vagues, et cette main qui doucement m'écrase le coeur. Un, deux, trois. Je le sens qui cogne, je le sens qui frappe, là, profondément dans ma poitrine, pour tenter d'en sortir, je n'en sais rien. Occupé, absorbé par les apparitions fugitives qui peuplent mon esprit, je suis bien loin d'y prêter l'attention qu'il mériterait et, plutôt que de chercher à le calmer, je me complais dans une souffrance sans fond qui a l'air d'égaler ma capacité à m'enfoncer encore plus loin dans l'inexistant. Faits d'horreur et de tristesse, mes songes n'ont de fin que celle que je n'arrive pas à leur donner et, pris entre les multiples feux de ces adversaires agressifs, je parviens à peine à sentir autre chose que le sang pulsant férocement de part et d'autre de mon corps. Suis-je endormi, suis-je éveillé ? Devant mes yeux clos, mes rêves éveillés ont l'air de prendre vie et, si je tends la main, j'ai presque l'impression de pouvoir plonger dans ces visions déformées proches d'un cauchemar déguisé. Il est là, en train de rire, ses pas martelant le trottoir brut de notre rue. A peine quinze ans, ou peut-être un peu plus, le soleil masque son visage, et je n'arrive pas à distinguer les traits de son visage. Il rit, à gorge déployée, sa voix perçant et transperçant ce silence obligé. Lorsque je m'approche de lui, il recule, et la chasse devient un jeu auquel mes pas ne peuvent se défaire. Le macadam coule sous mes pieds, j'ai l'impression qu'il m'avale, et je n'ose poser mes yeux d'enfants sur sa surface grise et aussi froide que brûlante. Un arrête, une plainte, une supplique. Mes pieds refusent maintenant de bouger et, autour de moi, l'univers se met à tourner. Lui ? Il s'est arrêté, à quelques mètres de moi. Sa bouche ne fait que s'entrouvrir encore plus lorsque ses yeux vides de toute âme se posent sur moi, encore et encore, jusqu'à ce que son rire n'ait plus rien d'humain, et ne ressemble plus qu'à un cri étouffé cramant mes tympans. J'ai beau vouloir hurler, m'enfuir, quitter cet endroit qui cherche à m'étouffer, ma voix a disparu, et le goudron a définitivement recouvert mes pieds. Vicieusement, il monte le long de mes jambes, alors que mes cris silencieux déchirent ce qu'il reste de ma gorge. Un, puis deux...et trois. Mains sur le sol, son ombre se rapproche de moi, et je ne peux m'empêcher de relever la tête vers lui, même si je suis terrorisé à l'idée d'y apercevoir ce que je redoute. Une surface maculée, défigurée, un visage qui n'a plus rien d'humain. Mes mains n'ont même plus la force de marteler le sol et, anéanti dans ce qu'il reste de mon corps, je me sens sombrer bien trop brutalement dans son ombre oppressante. Sans bruit, sans mouvement, je hurle et me débats, et la douleur qui me brise les os n'a d'égale que l'horreur que me procure ce rire dément inscrit dans mes veines.

Un sursaut, une inspiration prise trop vite, comme si je sortais la tête de l'eau. Le front brûlant, ruisselant, je sens mon sang ne faire qu'un tour alors que je me redresse trop rapidement, sans vraiment savoir ce que je fais vraiment. Le sang bat à mes tempes comme s'il ne souhaitait qu'une chose, s'échapper de chacun des pores de ma peau et, au creux de ma poitrine, mon coeur semble être animé par la même envie. Toc. Boum. Toc. Boum. La respiration saccadée, les poumons complètement vidées, je n'arrive ni à respirer calmement, ni à récupérer cet air qui me manque tant. Les sensations supplantent les croyances, et la douleur s'éveille comme une balle lancée à pleine vitesse dans mon crâne. Là, au bout de ma jambe, je la sens plonger jusque dans mes os, et réveiller ce qui devait être jusque là suffisamment endormi pour que je n'y pense pas. Comme pris dans un manège, je peine à baisser les yeux sur cette partie brutalisée de mon propre corps et, gémissant presque, je ne fais que subir ce violent retour à la réalité auquel je n'étais visiblement pas préparé. Les images s'emmêlent, les visons s'embrouillent, les questions se mélangent dans ma tête. Qu'est-ce qui se passe ? Où suis-je ? Est-ce que je suis vivant ? Les trois doivent être liées et, si je n'arrive pas à savoir laquelle est la plus importante, j'ai l'impression que la réponse de l'une induira forcément les réponses des autres, pour un bien ou pour un mal. Je ne garde les yeux ouverts que quelques secondes, suffisamment pour que la lumière tamisée chatouille de trop près mon regard trop longtemps privé de toute clarté et me donne presque envie de retourner m'enfermer dans le noir qui m'accompagnait jusque là. Luttant pour rester redressé sur ce qui a l'air de me servir de lit -ou que quelque chose d'approchant-, je réussis à relever avec un peu de peine cette main qui était bien trop endormie, et la porte sur mon visage, touchant ce visage qui n'a plus rien d'enfantin. L'air me brûle la gorge, et chaque respiration contrainte m'arrache un râle proche du gémissement d'un chaton sauvé de justesse de la noyade. Paume posée maladroitement sur mes paupières anéanties, elle appuie, réchauffe et rassemble ce qu'il reste de ma peau. Moite, chaude, la fièvre ne doit pas être loin, et je la tiens responsable de ces cauchemars dont je peine à me souvenir. Esprit retourné, renversé, rêves brisés et piétinés, vu la teneur de mes pensées, je préfère ne pas chercher à m'en rappeler. Déglutir avec cette gorge asséchée ressemble à une torture des plus abjectes et, réprimant à peine la douleur qui la traverse, je laisse échapper un râle mal calibré dans cet endroit que je reconnais à peine. Combien de temps, combien de secondes avant que mon esprit se réveille, que la douleur se calme, et que je mette le pieds hors de cet enfer sombre ? Ma paume glisse sur mon visage, tombant quelque part plus bas et, doucement, je relève ce qui me sert de paupière, ou plutôt qui me servait jusque là d'écran à pensées malsaines. Tout est gris devant moi ou, du moins, tout semble avoir perdu de ses couleurs, comme si le monde entier était passé au lave-linge. Les bruits étouffés d'une terre qui continue de tourner me parviennent à peine, mes tympans étant déjà occupés par un vrombissement venu de mon propre coeur. Plus les secondes passent, plus le bourdonnement l'entête, plus la douleur se fond en moi, et plus je prends conscience de cet espace qui m'entoure. Gris, noirs, gris, noir, obscur et fermé, j'ai du mal à me rappeler ce qui m'a amené ici, ce qui m'a retenu en vie. Dernier souvenir en date ? Le froid, l'humidité, la pluie et cette jambe, accompagnée d'une douleur lancinante qui ne la quittait jamais. Des pas malhabiles, un espoir presque réduit à néant, une chevelure d'ange, et le noir absolu, encore et toujours. Si ce qui est poussière retournera à la poussière, ce qui est né de l'ombre ne semble pas être capable de s'élever à la lumière et, prisonnier entre ces murs épais, j'ai l'air d'être un rat attendant une main secourable ou, au pire, celle qui mettra fin à son existence. Intangible, je sais que je ne pourrais pas l'attraper, mais qu'à défaut elle parviendra à réduire ce qu'il reste de moi en miettes, sans grande difficulté j'imagine. Passé, terni, je dois moi aussi avoir été effacé au fil du temps, par je ne sais quelle gomme vicieuse. Quels mots restent-ils pour me décrire aujourd'hui ? Perdu. Blessé. Brisé. Et des tas d'autres adjectifs bien loin d'être reluisants. Au revoir les sourires et le coeur léger, au revoir l'espoir et l'optimisme, laissons place à une version tout aussi saccadée que buguée, et admirons la descente aux enfers de cet être à l'existence bafouée. Si mon coeur bat fortement dans ma poitrine, il n'est qu'une façade, un leurre qui me fait croire qu'il est toujours en vie, alors qu'à l'intérieur, il n'est plus qu'un vide sans nom. Arraché sans vergogne par la seule personne qui comptait vraiment pour moi, il n'a sûrement jamais pu s'en remettre et, encore aujourd'hui, chacun de ses battements me rappelle ce qu'il a perdu ce jour-là. Cogne, cogne, comme un tambour à la peau trouée, sa musique n'a plus rien de mélodieux depuis bien longtemps, et ses battements retentissent en moi comme le glas d'une existence passée de vie à trépas sans me laisser le temps de m'en apercevoir.

Ne me faut qu'un coup d'oeil vers l'inconnu, un regard lancé à la volée, et la vision d'une silhouette recroquevillée non loin de moi me fait brusquement sursauter, remettant sur pieds cette réalité à laquelle je pensais avoir naïvement échappé. Les murs tombent lourdement autour de moi, récupérant leur aspect de briques et de broc, bien loin d'être aussi suintant d'horreur que dans mes visions décomposées, la poussière s'étale paresseusement sur cet intérieur que je ne reconnais pas réellement, et que je semble pourtant connaître, sans en être bien sûr. Elle tourne, bon dieu qu'elle tourne, cette tête qui ne semble pas vouloir s'arrêter. Lancée à vive allure sur une route dans réelle destination, elle s'échauffe et surchauffe, et manque de peu de s'écraser contre les briques dressées fièrement à ma gauche. En sursautant, j'ai du faire tomber des choses, je ne sais pas trop quoi, mais le vacarme est assourdissant. Tintant, tonitruant, il supplante de loin ce vrombissement incessant et ne fait que planter une épine douloureuse dans les restes de mon cerveau. Gémissant, je ferme les yeux une brève seconde, ravalant cette douleur fulgurante comme je peux, avant de les relever, jetant des regards rapides de droite et de gauche, comme un animal pris au piège, si j'ose dire. Les contours du dispensaire se redessinent devant mes yeux, même si mes souvenirs de ce lieu me paraissent encore trop flous pour être explorés. Depuis combien de temps est-ce que je suis allongé là ? Qui s'est occupé de moi ? Comment.... et surtout qui est là ? Cogne, cogne, dans ma poitrine comme dans ma tête. La température a bon dos, ah ça oui, lorsqu'il s'agit d'expliquer ceci ou cela. J'ai cru entrapercevoir ce que je n'osais pas voir, j'ai cru reconnaître ce qui m'avait oublié et, dans l'hésitation grandissante, j'ose à peine reposer les yeux sur ce qui m'a agité, peut-être effrayé à l'idée qu'il n'y avait rien eu, finalement. Main crispée sur ce qui s'apparente à une tige de métal, ma respiration haletante claque dans l'air, à la manière d'une fouet fatigué. Vibrante, ma gorge se dessèche toujours plus, alors que je sens monter en moi cette angoisse qui fleurit au fond de mon estomac, sans se soucier des dégâts qu'elle peut causer. Il en faut peu parfois, bien peu pour me mettre dans tous mes états et, de tous les autres de ce monde perdu, j'imagine qu'il est le plus doué pour ça, pour le meilleur mais surtout pour le pire. Refermant les paupières de nouveau, j'essaye de me dire que ce n'était qu'une illusion, que je n'ai pas vu cette silhouette qui m'a été étrangère pendant tant d'années, que ce n'est pas lui, assoupi à quelques pas de moi, qu'il s'agit seulement de mon esprit malade qui me joue des tours. Suis-je capable d'autant d'auto-persuasion, de forcer mes pensées à emprunter un chemin qu'elles refusaient jusque là ? Il faut croire que non et, quelque part, je crois n'y avoir jamais vraiment cru. Espérer est une chose, vouloir croire en de jours meilleurs également, mais quand il s'agit de refouler des pensées trop présentes, d'oublier des mots inscrits sur son âme au fer rouge, la donne est toute autre, et je suis loin d'être le plus parfait des menteurs, malgré ce que certaines personnes peuvent penser. Je suis certain de ce que j'ai cru voir, certain de ce que mes yeux ont capté, tout comme je suis certain de l'origine de cette douleur poignante au creux de mon corps comme de mon coeur. S'il n'y avait pas cette jambe meurtrie que j'ai bien du mal à bouger, je pense que j'aurais fui. Non, en fait ne ne crois pas, j'en suis même certain. On aura beau mettre al fuite sur le compte des lâches, elle reste quand même la meilleure solution dans de bien rares situations et, face à un adversaire aussi coriace que celui qui partage cet air avec moi, il n'y a pas vraiment d'autre alternative. Une confrontation ? Il faudrait être fou pour y penser. Encore plus fou pour vouloir la provoquer. Après tous les damages qui ont été fait, toute cette douleur accumulée, il reste à peine de quoi panser mes plaies, et je suis loin d'être paré à un deuxième round. Pourtant, aussi masochiste que cela puisse paraître, quelque part j'ose espérer. J'ose espérer qu'il s'est inquiété pour moi, pour ma santé, pour mon être, ne serait-ce qu'un peu, ne serait-ce qu'au détour de quelques secondes. A moins qu'il ne soit là uniquement pour le plaisir de me voir souffrir ? Après tout, ce serait une belle revanche à ses yeux, j'imagine... Bouche entrouverte devant ces pensées meurtrières, je baisse rapidement les yeux vers cette jambe qui me fait défaut, cette patte blessée tout juste bonne à être jetée, comme la quasi-totalité de ce corps qui est encore le mien. A y regarder, elle a l'air d'avoir bénéficié de quelques bons soins, et pourtant le moindre mouvement m'arrache un râle plaintif loin d'être agréable. Je suis bien loin de pouvoir sortir d'ici, encore plus loin de pouvoir courir loin de cet être qui m'a fui. Me cacher ? Impossible, vu comment les choses se sont effondrées. Même pas une seconde. Ou peut-être deux. Le temps prend un malin plaisir à s'écouler à la vitesse qu'il le veut, dans des moments comme celui-là. Tantôt trop rapide, tantôt trop lent, je n'arrive ni à attraper les secondes qui file autour de moi, ni même à les compter. L'angoisse semble s'être jointe à la fièvre, au fond de mon ventre, et je voudrais presque souhaiter être mort plutôt que de m'être réveillé. Les cauchemars sont source de souffrance, oui, mais cette réalité l'est encore plus, avec le lot de problèmes qui l'accompagne. Il aura suffi d'un nom. De quelques lettres. D'une silhouette aperçue du coin des yeux. Là ? Pas là ? Loin d'être assuré, encore moins rassuré, ma bouche n'est décidément pas résolue à se fermer et, animé par je ne sais quel geste vagabond, j'en viens à relever légèrement la tête vers cet égal qui me fait face. Mon coeur claque, mon coeur cogne. Accrochée à lui, j'entends mon âme hurler à l'agonie, crier au désespoir et à la folie. Un regard, juste un, c'est tout ce qu'il me faut. Des sourcils froncés tristement, une voix aussi brisée qu'à l'intérieur, une hésitation qui emplit tout cet espace en un instant. Dire son nom serait donner une consistance à cette image, et offrir une réalité à cette apparition, et pourtant mes lèvres hésitent à le prononcer. Juste un mot, et toute cette comédie sera finie. Juste un mot, et le cauchemar sera évanoui. «... Ca... Cael ? » Et juste une réponse de ta part, pour me maintenir en vie.
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MessageSujet: Re: Don’t be scared if you know, help me to explain myself. (Nevael)   Don’t be scared if you know, help me to explain myself. (Nevael) EmptyLun 13 Mai 2013 - 18:55

Ils reviennent. Ils claquent, frappent, arrachent tout ce qui peut me rester de dignité. C'est comme ça, les souvenirs ne se contrôlent plus, surtout quand viennent les larmes qui annoncent une fin proche. Lumière dans l'obscurité, petite bougie lancée, seul dans un univers que je n'arrive pas à comprendre, ils passent et trépassent sous mes yeux. Une gamine adorable, elle avait les cheveux bruns, les yeux malins, une peau pâle comme la neige. Elle est sortie, sans revenir. Dévorée dans sa totalité ou seulement transformée, je ne saurais le dire. Pourtant, c'est en posant mes yeux sur les pierres que je me rends compte que tout tombe un jour, tout se fracasse sans rien pouvoir dire. Que sont devenus les Byrne ? L'un s'entête à survivre, les parents ne doivent plus être de ce monde, quant au deuxième du nom et bien, et bien. C'est un point d'interrogation en suspend dans le vent, il me fixe avec un air vicelard et ricane. Il s'amuse de moi, il sait qu'au fond, rien n'est comme je le désire, comme je le veux. Parce qu'il est là, son sang coule dans mes veines, sa vie équivaut à la mienne. Coeur serré, yeux rivés sur le reste d'un plafond, c'est vivre sa propre mort. Les portes de l'enfer ce sont ouvert nous, nous n'avons fait que plonger la tête baissée. La confiance n'existe plus, elle est sûrement quelque part, cachée dans une côte, derrière un organe, elle joue à cache-cache, mais tant que l'horreur subsistera la main tendue sera toujours considérée comme fausse. Dans ce cas présent, il y a deux catégories qui me viennent à l'esprit. Ceux qui marchent, ils arrivent même à courir, regardent droit devant eux, ils savent qu'ils crèveront un jour, mais qu'importe. Ils marchent, encore et encore jusqu'à ce que le dernier souffle s'échappe. Puis, il y a ceux qui n'ont pas la force. Ils voient les proches tomber, ils voient le sang couler, l'effroi se glisser dans leurs yeux. Ceux-là préfèrent oublier, préfèrent rejoindre ceux qui tenaient à leurs pauvres coeurs fragiles. Les pendus, les jetés, les malmenés de la vie, ou au contraire, les archétypes parfaits des familles américaines. La belle maison, le joli jardin, le chien qui attrape le bâton. Ce n'est plus qu'un vague souvenir seulement visible sur des pancartes maintenant mortes. Une fois, il m'est arrivé d'en fixer une, sans savoir où je voulais en venir, ni pour quelle raison. Ma voix intérieure me souffle qu'il en a été de ma survie, de me donner un petit espoir. Ce petit truc que des personnes perdent bien facilement. Je ne me considère pas comme un idéaliste, encore moins un optimiste. Je ne suis pas quelqu'un de grand, juste quelqu'un qui a peur de l'horloge, celle qui sonne le dernier jour, la dernière heure, la dernière seconde. Il m'est souvent arrivé de me demander ce qu'il en était de cette sensation, se faire enlacer par cette dite faucheuse. Est-ce que les souvenirs nous reviennent en un flash ? Si j'ai faillis une fois la frôler du bout du doigt, cette idée a bien vite été chassée par un sourire, par des yeux larmoyants et un courage qu'il fallait trouver au plus profond de son coeur. Pinçant ma lèvre inférieure, j'y repense. Dans les nuits et les journées peu reposantes, on a le temps de réfléchir, de cogiter sur le bien et le mal, jusqu'à même se dire qu'un loup est aussi doux qu'un agneau. On perd la tête, voilà tout. Ais-je déjà perdu la mienne ? J'aimerais à dire que oui. Pourtant, elle est là, sur mes deux épaules. Parait qu'au pays des siphonnés, rire est monnaie courante, plus besoin de causer, suffit de laisser toute sa peine, toute sa joie sortir d'un coup. Des années d'hilarité, pure et dure. Ce doit être beau, ce doit être bien. Combien de temps passé sans avoir eu la force de rire ? Il doit venir de la sincérité, je crois que la mienne s'est effilochée. Fragile, craquelée sous des chaussures pointues, je suppose qu'elle n'a plus vraiment de raisons d'exister. Nous ne sommes que des zombies, jetés dans une cambrousse, témoin de jeux vicieux, pour qu'un vieux bonhomme sur qui la foi de tous repose se marre, se bidonne dans ses jolis nuages. Depuis qu'ils sont arrivés, depuis qu'ils nous sont tombés dessus, il m'est arrivé de prier, une fois ou deux. Pour la peau de mes parents, pour ceux qui vivent dans mes pensées comme dans un livre imaginé. Puis, il y a mon frère. Personne ne pourrait à dire combien de fois ses traits ont traversés mon esprit, pendant combien de temps j'ai hurlé intérieurement pour me maudire, et combien de fois mes larmes ont coulés en imaginant sa carcasse dévorée par des corbeaux. Certaines personnes nous paraissent immortels, la possibilité qu'ils ne soient plus est limitée, si ce n'est inexistante. A mes yeux il pouvait tout affronter comme se laisser à terre pour très peu. Sans nouvelles, sans attaches, je ne considère pas cette dévastation comme une nouvelle vie, une chance offerte. C'est une leçon, une morale à retenir. Laquelle ? Aussi bête soit-elle, chérir les instants aussi anodins soient-ils, ne plus prétendre à la colère, seulement à une quelconque paix. Le calme, le vrai. Si tout cela était vrai, l'homme ne serait pas ce qu'il est à ces jours, c'est la haine qui le pousse à faire des changements. C'est ma rage qui a provoqué ma destruction. La faiblesse nous fait parfois agir avec hâte, sûrement trop. Cette scène, je l'ai répété dans ma tête, plus d'une centaine de fois. Dire pardon, enlever cette rature à la craie d'un coup sec, pour ne retrouver qu'un beau tableau noir. Mais, tout ce qui se passe dans les rêves ne sont que des rêves. Voilà pourquoi ils existent, parce qu'ils ne sont pas faisables. Je crois n'avoir jamais volé, encore moins avoir eu une queue de poisson pour visiter des abysses profonds. Malgré tout, si réaliser cette scène peut à me le rendre, alors je veux bien m'arrêter de m'illusionner, ne plus dormir, explorer les nuits d'encres, avoir toujours ce feu qui me poussera à avancer. Je n'ai plus peur en sa compagnie. Pourtant, maintenant, cette boule dans mon estomac, ne veut plus partir.

Tout se répète, se veut un peu morose, sûrement plus que fade et les rapaces ne cesseront certainement jamais de tourner autour de nos yeux. Ils veulent les attraper, ils veulent nous les prendre pour que la souffrance se stoppe. Elle passe par un regard, un seul coup d'oeil. Les arbres morts, la pluie tombante, l'orage au loin. Une scène d'un film d'horreur des années cinquante. C'est vrai pourtant. Alors pourquoi ? A quand mon tour ? A quand le leur ? Quand sonneront les tambours, quand la panique submergera de nos peaux et ne fera qu'une bouchée de nous. Ce sera sûrement un jour comme un autre, comme ceux qui sont bons, qui présagent un calme, le chant des oiseaux, les fleurs qui s'ouvrent. Tout se finira de la même façon que ce début, une catastrophe, une infamie, une erreur. Pourquoi nous ? Et pourquoi pas ? Un rire sec m'échappe des lèvres. Des sons lointains viennent à déranger cette humeur mélancolique qui me ronge directement de l'intérieur. D'ici et de là, ça cause, ça parle, ça aide du mieux qu'il peut, comme un attroupement. Sûrement un nouveau arrivant, une autre personne blessée, une femme à moitié dévorée ou bien une gamine entrain de pleurer. Si je m'attends à une scène comme une autre, c'est mon coeur qui cesse de battre. J'aime à croire que je ne suis plus vivant, que ce ne sont que des mauvaises blagues que des diablotins cachés aiment à me faire. J'ai cessé de respirer, j'ai cessé de vivre l'espace d'un instant. Ils avancent, le corps entre les bras, le plic-ploc répétitif d'une blessure qui dégouline et s'étale sur le sol. Vite, vite, dépêchons avant qu'il ne trépasse. Le doux tintement de l'air s'écrase sur mes joues. C'est faux, c’est vrai, c'est faux. Mais c’est surtout vrai. Elle est sortie, comme ça, venue de nulle part alors que ma main s'est accrochée à une épaule. « Qu'est-ce qu'il a ? » Silence radio, la jeune femme me fixe avec ses yeux clairs d'un air perdu. Perte de patience, explosion d'un Cael qui n'y croit pas. « RÉPONDEZ-MOI BORDEL ! » L’énervement qui grimpe, qui sûrement un jour causera ma perte. Je ne sais pas ce que ses collègues baragouinent, bien vite pourtant, il échappe à ma vue. Mes pas suivent la cadence, la porte se ferme sous mon nez. Je n'ai pas le droit de regarder, pas le droit de m'intéresser. Je pousse, je frappe, je crois que même mon genoux s'est laissé aller. Tout s'écoule avec la plus grande lenteur, les secondes paraissent minutes, les minutes m'écrasent en tant que des heures. Tout panique, tout s'enflamme au fond. Je crois même que mon corps tremble. Il ne peut pas être moi, il ne doit pas mourir. Pas sans que j'ai pu le sauver, pas sans que j'ai pu avoir à faire à ses yeux sombres. Non, pas maintenant, pas tout de suite. Ni aujourd'hui, ni demain. Son existence coule dans la mienne, le battement de ma machine se fait entendre contre ma peau. C'est lui, c'est moi. Nous deux à l'unisson. Quitte à mourir, autant le faire ressentir, quitte à partir, autant y amener ce qu'il faut. Comme des clous plantés dans mon âme, ils ne s’enlèvent pas, font que je ne vais que m'enfoncer, que le sol me retient et que surtout, mes pupilles vont éclater à force de fixer avec impatience cette porte. Les sons me paraissent plus forts, comme cette vilaine canalisation d'eau qui n'hésite pas à faire part de sa présence, comme les pas au loin, comme les oreilles au fond des murs. Je ne vois pas, je ne sais pas, pourtant j'entends. Les scénarios s'arrachent sous mes ongles, m'échappent un peu plus. Des questions qui fusent, mais qui sûrement n'auront jamais de réponses. A qui se fier ? A quoi bon ? Attendre, encore et toujours. Ce maître mot qui aura fait de ma vie une désolation. Il veut me faire souffrir comme j'ai pu le faire il y a de cela maintenant bien longtemps. Je ne saurais dire la date exacte, tout est flou, parfois même j'hésite quant à mon âge. Les dates se mélangent seulement pour ne donner qu'un gros bazar bon à jeter. Les marionnettes du monde, utilisées pour faire rire la galerie, parfois toucher au plus profond, mais ne jamais faire de la peine. Après tout, rien ne sert de pleurer pour son prochain, autant passer par la case alcool. Elle fait oublier, elle peut pitoyable. Je n'ai pas peur du ridicule, je ne veux juste pas perdre cette attache. Mes souvenirs, mes sourires, mes moments qui resteront à jamais gravés dans les parois de mon pauvre crâne. Elle s'ouvre, laisse place à cette vérité, ma vérité, celle qui entre mes doigts glissent depuis ce jour où tout a explosé. Allongé, serein, ses boucles sombres tombent sur le coussin avec fureur, sa respiration tout juste audible et ses yeux clos. Sourire niais, corps relâché de toute crainte. Je ne sais pas si je me suis écroulé ou si la fatigue m'a fait m'assoir, en tout cas, sans que j'y comprenne quoi que ce soit, je suis là, les jambes en tailleurs, regarder, détailler un fantôme apparu sous mes prunelles. Spectre d'antan, espoir vain. Mon front s'est écroulé entre mes mains et le noir m'est tombé dessus comme une évidence. Mon coeur a lâché, mon coeur a explosé, infâme bouilli coincé entre des côtes. Plus rien, seulement une enveloppe corporelle qui ne fait que patienter. Encore, et encore, quitte à ce que l'éternité se fasse sentir, quitte à ce que les mots ne s'entendent plus. Il y a ce moment précisément dans la vie où le sablier cesse de couler, où l'apparence ne change plus. Il est comme dans mes images, dans mes peintures. Enroulé dans un aura sombre, qui pourtant, à l'intérieur dévoile une violente lumière. Celle que je n'ai pas accepté, celle que je n'ai pas aimé, je l'ai détesté, et seul le présent peut à me dire si elle m'enrage toujours autant. Et les ombres dansent, dansent, des heures durant, autour d'un feu bleu aux couleurs d'un état d'esprit maussade. Elles dansent, encore, dansent, dansent. Dansent.

Cric, crac, boum. Quelque chose est tombé, un objet lourd qui dans le feu de l'action m'a fait rater un bond. Tout parait irréel, tout est flou et pas des moindres. Je ne sais pas si c'est ma tête qui s'entête à ne pas vouloir le voir, ou bien s'il en est seulement de cette protection que je me suis faite au fil des jours. Elles fixent le sol mes prunelles, n'osent pas se bouger. J'entends gigoter sous la couverture, même un peu marmonner, plaindre légèrement, mais passez pour que je puisse décoder. Taillé dans la pierre, je n'ai pas bougé d'un poil, je n'ose pas pour le moment affronter mes propres erreurs, mes propres défauts. Nous en sommes tout deux, à croire que notre mère n'a pas eu la chance de faire de bons enfants parfaits. Je suppose qu'elle imaginait les grandes écoles, les garçons unis dans une passion commune. Il n'y en a pas, si ce n'est qu'il tenait ma vie entre ses mains, qu'il a décidé de m'offrir une chance, pendant que moi j'ai préféré lui retirer ses espoirs. Parce que je ne comprenais pas, que je ne comprends toujours pas et que je ne comprendrais certainement jamais ses agissements. L'hurlement d'un loup qui saigne, qui agonise et qui pourtant par fierté, continuera de mordre, de gueuler parce qu'il ne peut en faire autrement. Quitte à se vider de son sang, de mourir sous les pires tortures, son chant se fera entendre au delà des montagnes, des collines et du ciel. Nous ne sommes qu'une moitié d'un seul. On ne fait de mal à deux frères sans en prendre les conséquences, bien pires lorsque l'un plante un couteau dans le dos à l'autre. Trahison ou décadence, mots similaires, pourtant si différents. Fragile, lointain, c'est inaccessible, c'est gris, ce n'est plus rien de bien grand en fin de compte. Si je m'attends à un silence plus que gênant, c'est malgré tout un seul prénom, un seul tremblement qui vient à casser ce miroir qui me confrontait face à mon propre reflet. «... Ca... Cael ? » Je suis là. Je serais toujours là. Non, je ne suis pas là. Je n'existe plus, je ne devrais même pas exister. juste bon à me balader dans des ruelles, je ne suis qu'un fantôme laissé à l'abandon. Je ne sais plus ce que je suis, ce que je vaux, dans quelles circonstances nous vivons. Pitoyable, déplorable. Ne suis-je donc qu'un gamin bon à pleurer dans les jupons de sa mère ? Plus tôt, j'aurais hurlé que non, mais la remise en doute peut revenir bien vite. Je suis le grand, je suis le fort, je suis celui qui casse des nez sans compter, je suis le grand frère, celui qui protège le plus jeune et qui continuera de le rassurer, qu'importe la scène odieuse qui peut se dérouler derrière lui. Il maintient le mystère, le rideau sur ce qui est vrai. Je me sens libre et enchaîné à la fois. Comme l'adolescent timide face à son premier rendez-vous, mon visage se redresse, tout en passant sous mes deux mains. Celles-ci maintenant posées sur ma bouche, tout parait plus clair, plus net. C'est presque apeuré, pauvre oisillon jeté trop vite de son nid. Il ne sait pas voler, il ne saura peut-être jamais. Jouet cassé jeté dans les ordures, sans même avoir eu l'idée de le réparer. Est-il lui aussi mort dedans ? Là où tout peut saigner sans que quelqu'un le remarque ? A en juger par son regard, je crois que oui. Solennel, c'est un calme olympien qui règne. Une personne normalement constituée se jetterait sur son proche sans porter attention au reste. Alors, pourquoi est-ce que je ne le fais pas ? Parce que quelque chose n'est plus comme avant, parce que mon regard a changé, le sien aussi. La politesse voudrait que je lui demande comment il va, ce serait stupide, et surtout peu approprié. La simplicité pourtant, permet parfois d'apaiser les maux. « Crétin. » Qui peut dire que je manque de profondeur ? Je ne sais quoi ajouter. Je ne peux l'enlacer comme si notre vie n'avait pas changée, comme si la terre ne venait de trembler sous nos pieds. Oui, elle s'est cassée, oui, elle nous a séparé, et oui, elle a tout changé, sans vergogne. Elle prend, elle donne, c'est un mélange égal en tout bon procédé. Elle m'a donné la chance de vivre, mais pour la bonne cause a préféré m'enlever mon frère. C'est choisir, vivre ou mourir. Son choix a été le mien, c'est un pacte fait sur le sang, pour la vie, jusque dans la tombe. « Idiot. » Et si j'avais pu lui arracher la tête, je pense que j'aurais pu le faire. En quoi est-ce sa faute ? En rien. C'est l'émotion qui grimpe, qui me fait agir le plus naturellement possible, et surtout avec ce goût ferreux dans le fond de la gorge. C'est pas le mien de sang, c'est le sien qui coule, qui tape contre mes muscles et me fait déglutir. Je crois que je tremble, je crois que tout mon corps réclame quelque chose. J'ai la dégaine d'un épileptique. Mes poings se serrent un peu, alors que dans un mouvement lent, je me redresse. Passant mes mains dans mes poches, sourcils froncés. Je veux tout relâcher, laisser la pression se tirer. Comme un coup de feu. Pan. Suffit d'un seul pour la cervelle sorte, disparaisse, et il suffit de pas grand chose pour que les larmes salées dégoulinent dans un océan d'amertume. « Tu veux vraiment causer ma mort. C'est ça l'plan ? » Je ne bouge plus, tétanisé. Ce n'est qu'un condensé de souvenirs, de sentiments qui forment quelque chose de sale, de moche, de laid. Pourtant, c'est magnifique à la fois. Gamin sans repères, perdu dans l'immensité d'écumes perdues. Dans la mer je n'y vois plus qu'un naufragé désespéré. J'en vois deux. Leurs mémoires, leurs promesses.
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Don’t be scared if you know, help me to explain myself. (Nevael)

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