Il fut un temps où ma vie était normale; du moins aussi normale que pouvaient le permettre les guerres pour lesquelles Hale et moi avions pris les armes tant de fois. Le risque, la peur, l'adrénaline qui parcoure les veines lorsque l'on frôle la mort, c'était notre quotidien à tous les deux. Assise à mes côtés, elle refait sa queue de cheval d'un air distrait, me jetant un rapide coup d'oeil. Elle ressemble à Ann, normal puisqu'elle est sa soeur, je détourne le regard, tentant de faire le vide dans mon esprit. "Y parait que ça craint vraiment là bas" sort le plus jeune de nous tous, feignant des grands airs pour ne pas montrer qu'il crève de peur. Sans doute s'était-il engagé dans l'armée sans savoir ce qui l'attendait, dommage pour lui. "Pas plus que dans le New-Jersey en tout cas" répond dans un rire un type que je crois reconnaître vaguement. L’atmosphère ses détend à peine. Bourlingués dans un tas de ferrailles qu'on ose appeler "fourgon", nous restons silencieux, attendant sans impatience notre arrivée à Ghazni où notre mission nous serait confiée. On avait eu droit à quelques mois de répit, trop courts à mon goût, puis notre patrie nous avait appelés à nouveau. Je laissais alors derrière moi une femme et un fils nouveau né, tout ça pour aller "sauver" un tas de gens qui ne demandaient rien. L'Afghanistan... une belle saloperie oui.

Pourtant cette guerre là que nous pensions déjà terrible n'était en rien comparable à celle qui nous attendait.


Le nez en l'air, je traîne des pieds sur le sol rocailleux, guettant un mouvement, un bruit, un signe quelconque qu'on nous suit ou qu'on nous observe comme j'en ai l'intuition depuis quelques heures. Rocky trottine à mes côtés, la langue pendante, un jappement plaintif s'échappant parfois de ses babines. On a faim, soif, froid; les adjectifs ne sont pas assez nombreux pour décrire l'état dans lequel on erre depuis plusieurs jours. La cohorte me manque, le confort de mon duvet miteux me manque… même Hale - et ça me tue de l'avouer - me manque atrocement. Mais l'idée que Charly est là quelque par, peut-être toujours en vie, nous pousse à continuer malgré la fatigue et la résignation.

Tout avait basculé le 14 juin 2012. Ce jour là, on nous avait rapatriés en catastrophe mais nous étions arrivés trop tard pour sauver quoi que ce soit. Ce jour là j'avais perdu Ann, ma maison, ma famille, ma vie. 6 mois étaient passé depuis. Chaque jour passé ici m'éloignait un peu plus de la cohorte au moins autant que mon espérance de vie s'en trouvait réduit. En m'éloignant trop je risquais de ne plus jamais les retrouver, et si cette idée en aurait fait renoncer plus d'un, je refusais de rebrousser chemin.

Je récupère le calepin dans la poche avant de ma veste et raye la date du 20 décembre, le seul moyen que j'ai trouvé pour ne pas devenir dingue : compter les jours. Aujourd'hui je coche ma troisième semaine de recherches infructueuses, "une belle perte de temps" dirait sans doute Hale. Mais bon c'est pas comme si je l'avais jamais écoutée celle là.

Je parcours le monde des forums sous le pseudo de marleen (ou des fois june), j'ai 23 ans, je fais du rp depuis quelques longues années déjà. Sur Invaders j'incarnerai Aaron ! Mon rôle ici est purement graphique puis que je suis chargée du design du forum et de sa com' en général (vidéos, éléments graphiques etc etc). En cas d'absence de Hale (Gigi) je serais là pour répondre à vos questions et faire en sorte que votre périple sur le forum se fasse dans les meilleures conditions possibles ! Au plaisir de vous croiser sur le forum ! ❤