Évidemment, c'est le genre de truc qui n'arrive qu'à toi. Oh non, tu n'es pas foncièrement idiote, juste une sale manie de ne noter que les choses qui te semblent importantes. Uniquement à toi, bien-sûr. Alors pourquoi t'étonnes-tu encore ? Alors oui, t'as envie de lui balancer ton poing dans la figure. C'est des choses qui arrivent. Tu auras tout le temps de le faire... A l'ouverture du magasin. Dans exactement six heures. Plus que six heures à tuer, tu y crois ? Mais franchement, personne à la présence d'esprit de venir pointer son nom plus tôt, non ? Non. Ne rêve pas Cobalte, qui serait si idiot de faire ça. Travailler dans un magasin, c'est ingrat. Tellement que même toi, tu ne t'es pas permise de faire ce boulot à la sortie du lycée. Vois le bon côté des choses, il y a de la soupe.
Mais pas de micro-onde.
Au moins, tu sais que la faim ne sera pas un motif de décès. Ou alors tu t’étoufferas avec la nourriture. Comme dans le film là, Seven. Ils penseront à un remake. Quelle ironie...
"Silver retrouvée, morte, tuée par la nourriture dans un magasin."
Quelle ironie. On te prendrait pour une voleuse et une gourmande. Quoique c'était plus de la gourmandise là. Bon. Tais-toi. Mange tes chips, il vaut mieux pour toi ou sinon tu vas piquer une crise de colère. Et dieu seul sait qu'on te disait patiente. Qui est cet imbécile ?
Tu te prends la tête dans les mains, désespérée. Tu ressemblais de plus en plus à Zachary. Il ne faisait pas merveille en terme d'influence, lui.
Et puis ce fut à ce moment là que tu te redressas, manquant de faire tomber la nourriture que tu étais en-train d'avaler peu de temps auparavant.
Il y avait un bruit. Il y avait quelqu'un. Ce n'était pas possible. Tout bonnement impossible. Pour la simple et bonne raison que tu avais fait le tour du magasin 10 fois. Que tu avais appelé. Crié. Hurlé jusqu'à en perdre la voix. Et que seuls les échos de tes cris t'avaient répondu. Encore, les échos, il n'y en avait pas eu des masses. T'étais même pas capable de te donner un peu de compagnie. Non, fallait que tu sois véritablement seule. Alors à moins qu'il y ait un gérant du magasin qui ait été étreint par une pulsion subite de hamburgers en pleine nuit, il n'y avait pas trente-six mille solutions.
Des voleurs.
Hormis le fait que c'était un fait existant avant l'invasion. Aujourd'hui, ça s'est raréfié. La seule autre explication plausible était les hommes.
Évidemment, c'était encore une fois pour sa pomme. Comme si le fait que tu ais échappé à la mort de peu à cause d'une stupide humaine qui ne savait pas tirer ne suffisait pas. Heureusement que Wa...
Ton corps se tend.
Voilà la solution. Wade.
Frénétique, tu attrapes ton téléphone en croisant les doigts pour qu'il te reste encore un peu de batterie après l'avoir éteint durant quelques heures. Initiative prise pour pouvoir appelé la police au départ, geste très peu concluant puisque tu avais du patienter. Tu envoies rapidement un sms au traqueur avant de t'enfouir dans la rangée la plus basse du rayon, dans un coin sombre. Ramenant tes jambes contre ton torse et serrant ton mobile entre les mains, tu attendais. Encore.
En espérant que cela ne soit pas la fin.
Tu connaissais trop bien les humains. Ce sont tous des sauvages.

Le brouhaha du pub laissait peu de place à la conversation, ce qui n'était pas plus mal car ni Sean ni Wade n'étaient du genre causant dans leurs genre. Assis côte à côte, occupés à regarder les environs du bar, une serveuse à la silhouette boulotte vient leur apporter leurs verres remplit au deux tiers d'un liquide ambré à l'odeur prononcée. Wade allume une cigarette puis lève son verre en direction de son ami, l'invitant à trinquer. "A notre récolte fructueuse mon vieux !" Un tintement de cristal bon marché plus tard, il porte le breuvage à ses lèvres, faisant un bref récapitulatif de sa journée. Cinq humains : trois femmes, un homme, un enfant comme butin. C'était pas mal, pas mal du tout même, il était rare ces temps ci de faire d'aussi bonnes prises. "C'est vraiment dommage que tu veuilles pas nous rejoindre tu sais" articule-t-il la clope au bec, soufflant la fumée après l'avoir gardée quelques instants dans sa gorge. Sean fait bande à part, c'est regrettable car tous deux travaillent bien ensembles; mais il n'a pas vraiment envie de rejoindre le groupe, ils en ont déjà parlé. Une mélodie criarde retentit alors, brisant la tranquillité qui s'était installée entre de nos deux compères. Fouillant dans la poche de sa veste, il sort son téléphone qui lui indique un nouveau message. Cobalte, tiens, il ne lui avait pas reparlé depuis l'affaire Fantine. Écrasant sa cigarette sous la table, il se relève. "Les affaires reprennent ! Tu veux venir où ça fait trop tard pour toi le mioche ?" achève t-il dans un ricanement acerbe, portant son verre à ses lèvres pour le boire d'une traite, le reposant devant lui dans un claquement sonore. Il aime bien se foutre de lui, parce qu'il est ici depuis moins longtemps, et puis parce qu'ils sont comme ça tous les deux.

"Ils sont cinq ou six d'après ce qu'elle raconte." marmonne-t-il en vérifiant le contenu du message qui lui avait été envoyé quelques minutes plus tôt. A trois seulement, ça n'allait pas être simple, mais seul Frank s'était montré disponible à cette heure ci. En voiture, ils y seraient en moins de temps qu'il ne faut à Ed pour gnutgnuter Hale, deux trois minutes tout au plus. "Armés il semblerait." une moue ennuyée parcoure ses lèvres. Il n'aime pas ça, les humains font n'importe quoi avec les armes, il n'est pas rare de les voir s'entretuer pour des conneries.

On y voit pas à 2 mètres tellement il fait noir, et en plus ça gèle. Les conditions ne sont pas vraiment idéales pour traquer une proie mais peu importe. Il attrape son flingue par mesure de sécurité, s'assurant également que son taser - l'outil idéal pour immobiliser un humain sans l'abimer - est bien à sa place accroché à sa ceinture. "Tu passes par là ? et je fais le tour, ok ?" dit-il, désignant d'un geste la direction à prendre. Il voulait trouver Cobalte aussi, qu'elle ne se trouve pas dans la merde par mégarde. Il passe une porte, marchant en silence à l'affut du moindre bruit. Mais ce n'est qu'une fois dans le supermarché qu'il entend du mouvement quelques rayons plus loin. Ils ont même pas posté de sentinelles... visiblement ils avaient à faire à des voleurs des bacs à sable ce soir. Au fond, c'était sans doute pas plus mal.

« Je suis avec Wade, t'en fais pas on va se charger d'eux. » Tu avais relevé la tête et un pli s'était formé sur ton front. T'étais perplexe, oui. Ça restait un Host. Chose logique puisque tu avais appeler à l'aide. T'aurais préféré que ce soit les humains qui déboulent ? Non, la seule chose qui t'inquiétait, c'est que tu n'étais pas une Host à part entière. Non, t'étais ce que l'on pouvait appeler une bâtarde, dans un certain sens. Rien de réjouissant. T'as vu le décor ? C'est juste une accumulation, fallait pas t'attendre à ce que l'on te serve sur un plateau Wade qui t'aurait pris dans tes bras, t'aurait rassuré et qui n'aurait pas avouer ton statut à tout le monde... L'image de Wade qui t'étreignait te fit frisonner. Sans rire. Wade. Certes, c'était un gentil garçon, mais c'est pas le garçon que tu mettrais dans son lit. Faudrait être idiote. Ou idiot. Tu ne connaissais pas ses penchants. Qui sait, c'était peut-être un gay anonyme.
Un rire s'éleva avant même que tu n'es le temps de mettre ta main devant ta bouche. Guettant un son, quelqu'un qui aurait pu remarquer ta présence, seul un cri parvient à tes oreilles. Ils avaient été découverts. Une boule d'angoisse prit place dans ta poitrine. Non, non, tu ne voulais pas que ça se passe ainsi Ce n'était que des hommes, non ? Des sauvages. Des incapables. Non ? Brusquement, tu te releva, ignorant le coéquipier de Wade. Tu voulais voir ce qu'il se passait, essayer de les aider au lieu de rester planté au rayon Chips en compagnie de l'autre. Tu ne voulais pas être lâche. Et être capturée, surtout. Doucement, tu t'engageas dans le rayon d'à côté et saisit la première chose qui te vint à la main. Baissant le regard, tu raffermit ta prise autour du balai. On allait te prendre pour une ménagère. Une jeune ménagère, mais l'idée restait la même.
T'aventurant plus loin, ayant totalement omit celui qui était censé t'avoir sauvé la vie, ton visage obliqua rapidement vers la droite. Et c'est là que tu les remarquas. Les hommes. Et que tu compris combien tu avais pu être naïve. T'étais frêle, petite, et seule. Et toi, tu voulais t'attaquer à eux.
Une masse informe se trouvait sur le sol. Un host ?
Coupant ta respiration, une colère sourde montait. Ce n'est rien, t'avait toujours le balai.
Jamais tu les laisserais partir.