Bonjouuuur, bonsouaaar, bon appétit  -sait-on jamais- Je me présente, Anna, 16 ans, lycéenne sous le charme complet de ce forum   je l'ai découvert via partenariat et j'espère bien y trouver des gens aussi fous et à l'humour aussi douteux que le mien    j'ai craqué pour ce super scénario et j'ai déjà hâte de rp avec vous   

Si vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas à demander     
 

Juin 2012 « J’étais vraiment sur les nerfs, tu vois, avec nos emplois du temps et surtout les cours, c’est pas toujours simple de se coordonner et de trouver du temps à passer ensemble, cette situation commençait vraiment à m’exaspérer, tu comprends ? Alors aujourd’hui, en allant le voir, j’ai tenté de le lui faire savoir. Je le connais depuis tellement longtemps tu sais, ce n’est pas qu’un simple ami, c’est carrément une extension de ma personne. J’ai tellement été habituée à sa présence que de le voir si peu, eh bien, comment dire, ça en devient dérangeant. Je sais pas si tu comprends exactement ce dont je veux parler, mais c’est assez compliqué entre nous et… bon, allez, faut que j’arrête de tourner autour du pot comme ça ! Tu veux tout savoir, hein ? Très bien, comme dernièrement, on s’est à nouveau disputé, mais cette fois, ça c’est terminé différemment… disons, que, ahem… ses lèvres sont plus douces que je ne l’imaginais. Ouuuuuiiiii, je l’ai embrassé ! Bon, c’était bref et je suis partie comme une voleuse mais je t’avoue que j’en avais terriblement envie. Et je crois bien que c’est une des seules fois où je suis parvenu à lui clouer son bec, à ce Dougie. » Enchaînant les phrases, les entrecoupant d’interjections, accompagnant les gestes aux paroles, j’étais lestement allongée sur mon lit à débiter ma tirade, un souris indéfectible sur les lèvres. J’éprouvais toujours un peu de rancœur envers mon voisin et sa présence réduite en ville mais ma colère s’était apaisée depuis. J’allais papillonner comme ça toute la soirée, c’était joué d’avance. Rien qu’en repensant aux évènements récents, je lâchais un gloussement et enfouie ma tête dans mes mains. Mais qu’est-ce qui me prenait ? La seule fois où j’avais été dans un état pareil, c’était parce que les potins du journal local annonçait la venue imminente de Johnny Depp en ville. Je devrais être énervée contre Dougie, rien que pour ne pas avoir accompli ce qu’une part de moi attendait depuis tant d’années. Au lieu de ça, me voilà toute jubilante et excitée, affalée sur ma couette en satin, à raconter ma vie privée à mon chien. Le canidé en question était un beau labrador sable un peu âgé, répondant au doux nom de Butch. Assis sur le postérieur, face à moi, je ne pourrais vous dire avec exactitude s’il me comprenait et avalait mes confidences comme une poignée de croquettes ou bien s’il était simplement fasciné par l’abat-jour coloré qui pendait au-dessus de ma tête. Quoi qu’il en soit, notre attention à tous deux fût très vite reportée sur le ronronnement d’un moteur se garant dans l’allée. Mon père venait de rentrer, semble-t-il.

Se prénommant Adam, ayant fraîchement passé le cap des quarante-cinq ans, divorcé depuis trois, ancienne carrière de militaire jusqu’à sa reconversion dans une société de sécurité de laquelle il est devenu co-directeur, mon père occupe une place importante dans ma vie ; après tout, on dit bien que ce sont les papas les premiers amours des petites filles. Ajoutez à ça le fait qu’il soit un peu parano, papa poule et totalement dingue des nouvelles technologies alors que complètement dépassé par les tubes musicaux actuels –il est plus Rolling Stones que David Guetta dira-t-on. Qu’obtient-on de tout ce melting pot ? Un père pas toujours à l’aise dans sa condition malgré son humour à tout épreuve et qui, sans doute, préfèrerait parfois se retrouver à suivre des ordres sans contester plutôt que d’acheter tampons et cire épilatoire pour sa fille. Il n’empêche, nous tenons l’un à l’autre. Il m’a toujours soutenue, comme tout bon père respectable. Il m’a aussi poussé à suivre mes rêves et à donner le meilleur de moi-même dans ce que j’entreprends –ça n’a pas toujours été concluant au passage. Mais il faut dire que notre relation se base plutôt sur une confiance et un soutien aveugle que sur des mamours et câlins indénombrables. J’aime être enlacée, mais nous ne sommes pas les êtres les plus démonstratifs de cette planète. Ce genre de comportement refroidit parfois certains de mes amis, mais ça n’enlève en rien à l’affection que je leur porte. Je vous avoue aussi que je suis une grande nostalgique, je conserve précieusement mes souvenirs les plus beaux et les plus chers dans un petit coin de mon crâne et une vague de sentiments forts et étranges m’emporte toujours quand je m’imagine quitter Harrisburg et ses environs. Je pense alors à tout ce que je pourrais perdre, tous ceux que je pourrais perdre. Certaines personnes voient ceci comme étant une peur du risque ou une phobie du changement, je me dis plutôt qu’il s’agit d’un attachement profond à ses racines. Chacun sa version. Descendant lentement les escaliers, Butch sur mes talons, je passais une main dans ma crinière de feu avant de rejoindre la cuisine où mon père sirotait paisiblement une tasse de café. « Salut p’pa ! Alors, ta journée ? » En effet, j’aurais bien du mal à me défaire de ma routine.


13/14 Juin 2012 Tumulte. Panique. Effroi. Ces mots dansaient dans mon esprit, s’entrechoquaient, se mêlaient entre eux. Je les percevais, les entendais, les répétais mais c’est comme si leurs sens m’étaient devenu inconnus, incompréhensible. J’étais perdue, confuse. Je ne parvenais pas à saisir le fondement de la situation. Tout allait bien, j’étais tranquillement larvée sur le canapé à regarder un film d’action avec mon père quand tout s’est vu être chamboulé. Ils sont arrivés d’on ne sait où, on ne sait comment, encore moins pourquoi. Ils sont humains, en ont l’apparence du moins. Cette soirée reste floue dans ma mémoire, comme irréelle. Je ne voulais pas y croire, je ne veux pas y croire. La tête froide, armés de ses réflexes d’anciens militaires, mon père a pris la décision immédiate de quitter la ville. S’éloigner le plus possible de la menace, disait-il, quelle qu’elle soit.  Nous étions dans le garage de la maison, il faisait des allers retours incessants entre la voiture et des étagères, des armoires, des boîtes. Je ne comprenais pas ce qu’il faisait, j’étais comme statufiée de peur et de panique. L’incompréhension me paralysait et je me tenais simplement là, debout, l’air hagard, les cheveux en bataille. « Monte dans la voiture, Nora ! NORA ! LA VOITURE ! » Seule la voix pressée de mon géniteur me permis de retrouver mes esprits. Instinctivement, j’empoignais ma besace et m’installais sur le siège passager. La suite se déroula plus rapidement encore. A peine avais-je eu le temps d’attacher ma ceinture que le 4x4 faisait déjà une embardée pour s’engager sur la route. Je posai mon regard sur le visage d’Adam. Ses traits étaient crispés, son regard ferme et déterminé. Les mains sur le volant, il prenait les virages avec une aisance mesurée. Son calme dans une pareille situation m’étonnait tout comme elle me rendait fière de lui. A ce moment, je l’imaginais parfaitement bien, sur les terres arides des zones désertiques du Sahel, à commander des groupuscules de soldats, à garder son sang-froid et à assumer les responsabilités qu’on lui conférait. Mon attention fût alors reportée sur les alentours. Au travers de la vitre, je percevais l’agitation des habitants, certains étaient dehors, courraient dans tous les sens, paniqués, incapable de comprendre ce qu’il leur arrivait. A dire vrai, j’avais moi-même énormément de mal à suivre. Mon père accéléra, et bientôt nous roulions sur une petite route à moitié déserte, à la périphérie de la ville. Ma ville. Que se passait-il ? Qu’allait-il se passer ? La reverrais-je ? Puis, une pensée plus profonde encore m’assaillit, illustrée d’un visage que je ne connaissais que trop bien. Douglas. Où était-il ? Qu’allait-il advenir de lui ? « Papa…papa ! Et Doug ?! » A nouveau, les idées se mêlaient dans ma tête. Tumulte, panique, effroi, désastre, aliens, perte, amour. « Calme-toi Nora, calme-toi. On peut pas faire demi-tour. On le retrouvera, je te le promets. » Pitié, pitié, Dougie, dis-moi que tu es en vie, sain, sauf et en sécurité.


Août 2012 « Qui êtes vous ? » La voix placide, impassible de la quinquagénaire me glaçait le sang. Très chaleureuse, cette femme. Alors que nous nous apprêtions à répondre, sous la menace évidente des canons de ce groupuscule, un homme plutôt grand et bien bâti s'approcha de nous, l'air serein mais déterminé. Je ne décelais aucune crainte dans ses prunelles, plutôt de l'envie, de l'espoir. Je vous laisse deviner le degré d'intimidation qui pouvait se lire dans les miennes. « Ne bougez pas. » nous intima-t-il alors. Une dizaine de fusils braqués sur moi, encerclée de toute part, comme si j'allais détaler à travers tout l'Oregon ! Je suis peut-être rapide en course, mais tout de même. D'un geste bref, simple et rapide, il effectua une pression sur la base de ma nuque, comme s'il cherchait à y trouver quelque chose, un signe quelconque. Mon père restait immobile et calme, sa respiration était régulière. J'avais un peu plus de mal à réguler la mienne ; j'étais plutôt méfiante et faut dire que l'idée qu'un type inconnu me tripote l'arrière du cou, un glock 9mm dans l'arrière du jean n'était pas prête de me rassurer. L'intéressé poussa soudainement un soupir de soulagement et ses muscles se décontractèrent. « Ce sont des nôtres. » La tension auparavant palpable s'apaisa immédiatement. « Qui êtes vous ? » répéta la femme aux cheveux grisonnant. Même si elle me paraissait austère, je ne pouvais nier qu'elle avait quelque chose de particulier, c'était peut-être dû à sa beauté dure et froide, malgré son âge apparent. « Je m'appelle Adam Aldrin, et voici ma fille, Nora. Nous sommes originaires d'Harrisburg, Pennsylvanie et avons fuit depuis juin les...envahisseurs ?  » « Bienvenue au club. » marmonna une voix inconnue. La femme ne relava pas cette dernière remarque et jeta à un œil à l'homme qui nous avait ausculté il y a quelques instants. A en juger par la posture en retrait des autres, j'ai pu conclure qu'il s'agissait du leader du groupe. Il prit justement la parole : « Tout comme vous, nous cherchons à éviter les aliens. Nous avons réussi à former un petit groupe de survivants, notre campement actuel se trouve à moins de cinq kilomètres d'ici, près de... » Il stoppa net, absorbé par l'observation soudaine d'un détail qui ne devait pas avoir marqué son attention auparavant. Je tentais de suivre son regard qui s'était posé sur la plaque militaire de mon père qui pendait autour de son cou. « Nous campons près de Malheur Lake et sommes en manque d'hommes vaillants pouvant nous aider à survivre. Ça vous intéresserait, captain ? »

« Raconte-moi, Adam, si vous êtes originaire d'Harrisburg, qu'est-ce que vous foutez maintenant dans l'Oregon ? » « C'est tout bête, répondit mon père. Je sais pas ce que sont ces trucs qui prennent possession de nos corps, et je sais pas non plus jusqu'où ils sont allés, je pensais qu'en s'éloignant le plus possible on trouverait.. » « Une zone pas encore infestée. C'est bien pensé. Mais semblerait que ces putains d'aliens ait pris d'assaut les USA de part en part... » Nous marchions depuis une bonne demi-heure, dans la seule clarté de la lune et des étoiles. Le sentier était plutôt sinueux et je me basais uniquement sur les pas de mes prédécesseurs. Depuis trois semaines, la marche était notre moyen de locomotion, à mon père et moi. Faire le plein de la voiture ne posait pas de problème mais les plaquettes de freins ont fini par nous lâcher en traversant le Wyoming et il était hors de question de rendre visite à un garagiste. On évitait tout contact avec le genre humain depuis l'attaque, on ne se réapprovisionnait que rarement et avec tous ces exercices, j'ai perdu du poids mais gagné en muscle. Pas de quoi avoir une carrure d'athlète mais mes amies auraient été jalouses de me voir dans un maillot de bain comme ça... «  [...] toujours bien d'avoir quelqu'un qui sait manier correctement une arme. Et toi, Nora, c'est quoi ta spécialité ? » Je mis quelques secondes à comprendre que c'est à moi que le leader s'adressait. Je tentais de reprendre contenance en passant une main dans les cheveux et j'annonçai, d'une voix plus ou moins assurée « Je suis étudiante en psychologie... » « Woaw, c'est clair que la psychanalyse, ça va tous nous sauver. » Je ne sais pas qui avait lancé cette pique mais j'ai perçu très clairement le son d'une tape sur le dos de quelqu'un. Fais un effort Nora, vends-toi. Montre-leur que tu peux leur être utile. « Je suis assez débrouillarde, j'm'en sors pas mal en cuisine, j'peux faire des efforts et - » « Elle pourra toujours donner un coup de main pour la nourriture et surveiller les deux enfants qui nous accompagnent. » trancha la quinquagénaire qui, je l'avais appris plus tôt, se nommait Jane. Je ne répondis rien et jetai un œil à mon père. Il gardait un visage fermé mais je compris qu'il était rassuré d'avoir trouvé des compères non-extra-terrestre quand il me prit tendrement la main et me susurra : « Ça va aller. On va y arriver. »


Juillet 2013« Aaaah, j’ai l’impression de plus jamais finir cette corvée de lessive… » « T’en fais pas, Nora, on est au trois quarts de la bassine, ça va aller ! » « Avoue quand-même que c’est pas très pratique, sans machine à laver… » « Oui, je le conçois, on retourne à des techniques on-ne-peut-plus…ancestrales, mais vois le bon côté des choses, c’est pittoresque ! » Je ris de bon cœur à la remarque de mon amie. Un an que nous sommes en vadrouille, on a bien le droit de rire de notre condition, non ? Il faut dire que les temps n’ont pas toujours été simples, mais on s’y fait. Et je préfère cent fois vivre de boîtes de conserves volées et dormir dans une couverture de survie plutôt que d’être possédée. On ne raconte pas des choses très gratifiantes sur les hosts, et franchement, je ne préfère pas vérifier. Je m’inquiète déjà bien assez des expéditions de réapprovisionnement auxquelles participe mon père. Il est d’ailleurs parti pour l’une d’elle il y a quelques jours avec d’autres hommes du groupe. Ils sont sensés rentrer sous peu, et j’ai du mal à contenir mon excitation. Comme si ce geste était devenu un automatisme, je frotte et brosse en alternance tee-shirt et chemises, en essayant de les défaire de leur crasse si déjà on ne peut leur rendre leur blancheur. Ça ne me gêne pas particulièrement de faire la lessive, généralement, nous sommes deux à trois à nous y coller et même si on échange quelques paroles, le silence domine. C’est un moment propice à la réflexion, et encore plus à la nostalgie. Elle m’envahit souvent ces derniers temps. Ma vie d’avant me manque. Elle nous manque à tous, c’est vrai ; après tout, qui préférait vivre dans un merdier pareil ? Mais dès qu’on croise des humains, même au loin, je ressens toujours un pincement au cœur et espère profondément que l’un d’eux n’est autre que Dougie. De même, lorsqu’on bouge et qu’on s’approche de trop près des aliens, je suis soulagée de constater à chaque fois que mon meilleur ami ne se trouve pas dans l’autre camp. Même si ça me fait mal de l’admettre, je préfèrerais le savoir, au pire des cas, mort plutôt que possédé. Inspirant une longue goulée d’air pour faire passer le nœud que j’avais dans l’estomac, je balayais toutes ces idées par une seule pensée, une seule conviction : On se reverra un jour, Doug. Soudain, des bruits de clameur et de moteur de voitures résonnent dans l’air. Nous relevons la tête. « Ils sont revenus. » Je jette un œil à mes collègues, les questionnant du regard. « Vas-y ! » m’enquièrent-elles. Les remerciant d’un sourire, je laisse tomber la chemise que je tenais en main et me précipite vers les arrivants. Près d’une dizaine des membres du groupes se pressaient autour de nos soldats et je dû jouer des coudes pour parvenir jusqu’à eux. Mon père n’était pas présent. Suffisait d’attendre, il devait simplement être en train de décharger. Après une petite minute, je cherchais toujours son regard marron mais ne put le trouver. A défaut, je rencontrais celui de Jeremy Gallagher qui s’avançait vers moi. « Ecoute Nora, je suis désolé. La seconde voiture, celle de Mike et ton père… on les a cherché toute la journée et toute la nuit. Impossible de les trouver. Navré. »

Fin de l'année 2013 « Nora, qu’est-ce qu’il se passe dehors ? » Debout, devant une fenêtre aux vitres brisées, j’essayais de trouver la raison de l’agitation du groupe en ces derniers instants. L’obscurité n’aidant pas, j’ai finalement abandonné l’idée pour retourner au fond de la bicoque, près des plus jeunes du groupe. Nous avions élu résidence à Orla, cette fameuse ville fantôme totalement abandonnée et tombant en ruine, il y a un peu plus d’un mois. Les quelques maisons, pour la plus part en bois, manquaient au mieux d’isolation, au pire de murs ou d’un toit, nous servaient d’abris et je vous avoue que malgré le désordre et la désolation des lieux, à côté d’un bivouac dans une forêt, c’est carrément le pied. Déblayant quelques débris du pied sur mon chemin, je me dirigeais sur le vieux matelas posé à même le sol où étaient allongées les têtes blondes dont j’étais chargée. Le sommier sentait le rance et les ressorts sortaient de partout, mais c’était déjà mieux que le béton dur. Me pelotonnant à côté d’un petit garçonnet d’onze ans, je tentais de réguler ma respiration. Ne pas laisser transparaître ton appréhension. « Je sais pas ce qui se passe, rien de bien grave je suppose. Vous en faites pas. » Mais ils n’étaient pas dupes, je le savais bien. La crainte était palpable dans cette pièce mal éclairée. Les esprits divaguaient, s’imaginant tous les scénarios possibles. Et si quelqu’un était blessé ? Si les traqueurs avaient repéré notre camp ? Ça pouvait tout aussi bien être une fausse alerte, tentais-je de me rassurer.  Je passais une main légère sur les cheveux des enfants, comme pour les rassurer d’un simple geste. Simplement éclairés par une lampe de camping posée au pied du matelas, leurs visages semblaient suinter d’inquiétude. Il fallait les apaiser. « Vous voulez que je vous lise une petite histoire, pour passer le temps ? » N’attendant pas même leur réponse, je m’extirpais lentement de leur étreinte pour fouiller dans mon sac à la recherche d’un livre quelconque. De temps à autres, lorsqu’il en avait l’occasion, mon père me rapportait quelques choses de ce genre. Je m’arrêtais dans mon geste à cette pensée. Les larmes me vinrent aux yeux en pensant à son image. Depuis près de six mois, je n’avais plus aucune nouvelles de lui. Sur notre chemin pour Orla, nous n’avons croisé aucune trace d’Adam ou Mike, ni même de la JEEP. Le groupe les considérait comme morts, même si je préférais penser qu’ils étaient simplement portés disparus. L’admettre décédé, c’était avouer la perte du seul membre de ma famille qui importait encore. Quant à ma mère, depuis le divorce, elle nous a quitté pour s’en aller vivre d’amour et d’eau fraîche avec son amant à la noix, quelque part en Espagne, ce serait vous mentir de dire qu’elle ne me manque pas, mais disons que nous feignons respectivement l’indifférence et c’est mieux comme ça. Me ressaisissant,  je retournais me blottir entre les enfants. « La Belle et la Bête. » lus-je à voix haute. « Vous avez certainement vu le Disney, non ? Eh bien, c’est la version conte, c’est dommage, il n’y a pas Gaston et son torse velu ! » Cette référence a parût les apaiser et sur ce, je commençais la lecture, tentant de la ponctuer de notes d’humours pour alléger l’ambiance. Soudainement, on ouvrit la porte à la volée, nous faisant sursauter comme un seul homme. « C’est bon, tout s’est calmé. » nous prévint l’intrus. « Qu’est ce qui s’est passé ? » m’enquis-je de demander, m’étant à nouveau relevée pour me diriger vers la porte branlante. « Quelque chose d’inattendu. Un autre groupe de survivant vient d’arriver !  »

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