« Margarita ? Va voir ce que veut Nona » soupira sa génitrice en continuant de s’occuper de la soupe qui mijotait sur le feu. La gamine poussa un soupir de contrariété mais ne chercha pas à discuter. Autant Sa génitrice pouvait se montrer câline et aimante par moment, autant quand elle vous avait dans le nez : vous passiez un très sale quart d’heure. Abandonnant ses cousins au salon, elle se dirigea vers la chambre ou ils s’entassaient à sept. Sa grand-mère, alitée, agitait sa clochette sans discontinuer.
« C’est bon, Nona, j’t’ai entendu. » « C’est toi Julia ? » « Nah. » « Ah, c’est toi… Le repas est prêt ? » « Bientôt j’crois. » « Tu crois ? » « Bah ouais, j’en sais rien moi ! Ca cuit ! » « Sur un autre ton jeune fille ! Ton père est trop coulant avec toi. » « Roh tais-toi l’ancêtre » marmonna la gamine de presque huit ans. « Qu’est-ce que tu marmonnes encore hm ? Comme ta mère, toujours à comploter contre moi ! » « On complote rien, Nona, recommence pas avec ça ! Si on voulait t’tuer, on aurait qu’à arrêter d’te filer ces médocs qui nous coutent un bras ! » « J’suis certaine que vous m’donnez pas mon traitement ! » « Saleté d’vieille folle… » « Qu’est-ce que tu dis encore ? » « J’te demandais si tu voulais qu’j’aille voir où en es Moma avec ta soupe » « Je sais bien qu’c’est pas c’que t’as dis ! Espèce de petite avorton ! Tu n’vaux pas mieux t’ton père ! Toujours à préparer des mauvais coups, toujours dans ton coin à nous observer avec une rare insolence ! Attends que j’attrape ma canne… » « Essaye de m’toucher avec et tu vas voir où c’est que j’vais t’la fourrer moi ! » la défia la môme en la fusillant de ses grands yeux noirs. « Espèce de petite insolente ! »
Margarita évita le verre que la vieille bique venait de lui lancer dessus et qui se brisa contre le mur peu épais de la chambre. Elle referma la porte en vitesse, un sourire carnassier aux lèvres, pendant que sa grand-mère continuait de s’égosiller en polonais, sa langue natale.
« Qu’est-ce que tu as encore fait ? » « Elle disait des vilaines choses, Moma… » minauda la gamine qui avait bien vite ravaler son air réjoui, pour arborer une moue intimidée. « Quel genre ? » « Sur papa et… » « Vieille pomme pourrie ! Dire que je me décarcasse pour cette folle à longueur de journée ! »
Margarita n’écouta pas le reste du discours qu’elle connaissait e  toute manière par cœur depuis le temps qu’elle l’entendait. Elle préféra retourner auprès de ses cousins qui avaient certainement trichés en son absence et regardé ses cartes. Pas grave, elle récupèrerai ses bonbons à la prochaine main… La triche, c’était son grand truc à elle.  

« Hey Gabby  ! » L’intéressée s’immobilisa au milieu du couloir du lycée et posa un regard morne sur le boutonneux face à elle. « J’ai terminé ton devoir. Il mérite un B je crois. » « Tu crois ? C’est ton expertise de génie ? » « Euh ben… Ouais… » « J’ai besoin d’un B. » « Tu l’auras, c’est certain. »
La jeune femme le toisa encore un moment, avant de lui arracher le petit dossier des mains et de le fourrer dans son sac en laissant échapper une exclamation agacée. Elle s’apprêta à reprendre sa route mais réalisa que le garçon lui faisait toujours face.
« Et hem… Tu vas régler mon problème alors ? » « J’ai dis que j’le ferai non ? » « Oui mais… Enfin c’est à dire que… » « Tu m’prends pour une sale michtonneuse ? » « Non ! Non, non, bien sûr que non, c’est juste que… » « C’ets juste que rien du tout, crétin. Dégage de mon ch’min ! Et pour ton info, ce sont mes amis qui m’appellent Gabby. T’es pas d’ceux là. Et file-moi ton bonnet. »
Elle le lui arracha elle-même du crâne et s’éloigna à grands pas.

Elle plaqua le garçon au torse nu contre le tronc d’arbre, passant sa langue fraichement percée sur ses lèvres, avant de la glisser dans la bouche de son partenaire. Enfin de son contrat… Il cessa de geindre pour son dos et se laissa gagner par l’excitation qu’elle provoquait.
« J’savais qu’t’étais une chaude, Rita » haleta le connard en commençant à glisser ses mains sous sa chemise à carreaux large pour agripper sa poitrine et la malaxer tout sauf délicatement. *Non mais quel loser…* « J’y peux rien, tu m’rends dingue Bobby… » « Mais… J’m’appelle pas Bobby… » « On s’en fout » trancha la brune aux mèches roses, enfilant une fois encore sa langue dans la bouche de Connard, laissant échapper des râles de plaisir pendant qu’il la tripotait comme un sagouin. En réalité évidemment, elle ne prenait pas le moindre plaisir, c’était juste pour couvrir le raffut que faisaient ses cousins en approchant. Ces derniers en place, elle se décolla du garçon, arborant une moue provocatrice, portant ses mains à son chemisier. « Tu vas où poupée ? » « Nul part… » minauda-t-elle en commençant à le déboutonner soigneusement pour s’assurer l’attention du crétin qu’ils s’apprêtaient à pigeonner.
Et en quelques secondes, la situation échappa totalement au contrôle du grand costaud qui avait pour habitude de martyriser ses camarades de classe. Ses cousins lui immobilisèrent les bras et l’un d’eux commença à le saucissonner au tronc à l’aide d’une corde qu’ils avaient emmenée avec eux. L’autre essaya bien de se défendre, mais ils étaient cinq, sans compter Rita.
« Vous savez qui j’suis ? » « Ouais, ouais, on sait » soupira la jeune femme en s’approchant une fois assurée qu’il était convenablement entravé « J’sais qu’t’es une couille molle qui aime racketter des mômes et qu’à aucune notion du fric. T’es même pas si beau. …Ou si bien monté que ça » réalisa la brune en attrapant la paquet du garçon entre ses mains. « Sale poufiasse ! Tu vas me l’payer ! J’vais t’renvoyer dans ton pays ! » « T’es drôle. C’est ici mon pays, connard. J’suis née à Connersville » s’agaça Rita en resserrant sa prise sur les parties génitales de l’adolescent qui commença à couiner lamentablement. « Bon, j’vais pas y aller par quatre chemins, tu m’as fais perdre assez de temps. J’veux qu’tu rendes son blé à Trevor et qu’tu t’excuses de l’avoir enfermé dans le local à poubelle. J’veux aussi qu’tu m’mettes en contact avec le type qui t’files des téléphones à revendre. C’est mon business maintenant, ok ? Tu prends ta retraite. » « Va t’fai…AAAh ! Lâche-moi putain ! Salope ! » « TU PARLES A UNE DAME FILS DE PUTE ! » lui hurla-t-elle au visage en serrant les doigts.
Et comble du ridicule, après un dernier couinement, le crétin s’évanouit. Rita resta sciée devant son visage cramoisi, observant ses yeux s’agiter derrière ses paupières à demie closes. *Non mais quel loser…*

La serveuse jeta un œil par la baie vitrée du bouge miteux où elle bossait comme serveuse, cuisinière, employée de caisse, comptable et femme de ménage... Le rêve américain. Mais des connards avaient apparemment décidés qu’ils avaient droit à leur part du gâteau et était en train de foutre un bordel pas possible dehors. Ils avaient entendu des explosions, vu des images effrayantes à la télévision avant que ce soit le noir complet sur toutes les chaines. « Et qu’est-ce qu’on fait tu crois, Gabrielle ? » « Qu’est-ce qu’on fait ? J’en sais rien Jo ! J’ai pas fait Alien Supp’, j’ai même pas eu mon diplôme ! Si j’l’avais, j’bosserai certainement pas pour un macho illettré dans ton genre ! » « Mais ils vont les foutre dehors quand même ? » « Qui ça ? » « Les flics ! » « T’as déjà vu un flic du coin faire correctement son boulot ? » « Bah l’armé alors ! On a quand même la bombe atomique ! » « Et tu crois qu’on va l’utiliser sur notre propre territoire ? Non mec, j’te l’dis… On est foutu… » chuchota Gabrielle en reportant un instant son regard sur la vitre couverte de poussière. « j’me tire d’ici. J’vais chercher mes cousins » décréta la jeune femme avant de s’écarter dans l’idée d’aller chercher ses affaires dans le vestiaire pour mettre son plan à exécution.
Mais elle a à peine fait quelques pas que la vitre explose dans son dos, projetant son verre sur elle, en même temps que quelques gravats et une tonne de poussière. Jo, qui venait de la remplacer devant la vitre, n’aura pas la chance de s’en tirer avec quelques coupures et hématome comme elle. A la place, il reçoit un large et aiguisé morceau de verre en pleine gorge. Le temps que Gabrielle se redresse, sonnée et à demi sourde, son plan cul et patron sera mort, baignant dans son sang.

« C’est quoi ton nom ? » « Bobby. » « Bienvenue à la Cohorte, Bobby. L’endroit le plus sûr et le plus crade du monde ! Moi c’est Jamie. Ca c’est Betsy. » « T’as filé un nom à ton vélo ? » s’amusa la brunette en l’observant des pieds à la tête, les bras croisés sur sa poitrine. « Pourquoi pas ? » « C’est bizarre, non ? » « Nah, j’crois pas. M’enfin c’est possible… En tout cas, y a une rumeur qui circule sur le fait que j’sois bizarre. Mais j’serai toi, j’my fierai pas trop. » « Pourquoi ? » « Parce que les mecs qui balancent ces rumeurs… Ils sont un peu bizarres » lui confia le grand blond en lui adressant un clin d’œil.
Il lui tendit ensuite un morceau de la pomme qu’il était en train de s’éplucher et elle l’attrapa en lui rendant son sourire. Ok, ça allait peut-être pas être si terrible de vivre ici après tout…

:jamie: