Une main posée sur son ventre rond, la vie se manifesta sous mes doigts. Un coup de pied, puis un deuxième, histoire de me rappeler qu’elle était belle et bien là et que d’ici deux mois, elle viendrait pousser son premier cri. Joyce. J’en ressens encore chaque sensation, chaque picotement au bout des mains, le regard tendre et vivant d’Elizaveta sur moi, nos sourires échangés…

« Elle a l’air aussi hyperactive que son père.
- Tant qu’elle n’est pas aussi bête que lui, ça devrait aller. »

Elle m’ébouriffe les cheveux comme à son habitude pour me dire que j’suis qu’un idiot de dire des âneries pareilles. Je dépose un baiser furtif sur ses lèvres. Cinq ans que je les embrasse et elles ont toujours cette même douceur enivrante…

Les sons s’épaississent, ma vue s’éteint. Brume. Mélange des couleurs comme sur la palette d’un artiste défoncé à la coke.  

Et les hurlements ce sont fait stridents, violents, puissants. La panique, les bruits sourds. La meute dehors qui tente tant bien que mal d’échapper a … à quoi ? J’en sais foutrement rien putain. J’sais juste qu’il y a un truc pas clair qui s’passe dehors et qu’on doit se tirer d’ici au plus vite. Il faut que je mette à l’abri Elizaveta et notre enfant. Elle se tient le bas du ventre, portant le poids d’une vie avec peine en me regardant de ses grands yeux verts hallucinés. J’y vois toutes les questions à laquelle j’peux pas répondre. Je l’attrape par la main et la guide hors de la maison.

« Attends ! Atlas ! »

Le chien rapplique en aboyant. Avant même qu’elle ne l’appel, il est déjà sur nos talons à nous suivre dehors. Et c’est une apocalypse. Le ciel sombre qui annonce la fin d’un monde, la population en pleure, les enfants hurlent après leur parents, qui eux, slaloment entre les bagnoles déjà en route pour fuir n’importe où mais le plus loin d’ici. J’atteins la mienne où Elizaveta s’y réfugie, Atlas montant par l’accès conducteur afin de se glisser derrière. Démarrer. Maintenant, embraye. Tu sais que vos putains de vie sont en danger par une espèce d’invasion que tu comprends pas. Quel merdier putain.

« Qu’est-ce qu’il se passe Taylor ?!
- J’en sais rien. On s’tire c’est tout. »

Oui, c’est tout. Si j’veux te voir vieillir avec moi, j’ai pas d’autre choix. Si j’veux voir Joyce me dire dans quinze ans que j’suis qu’un pauvre con parce que j’veux pas la laisser sortir avec ses copines, j’ai pas l’choix. Et j’appuie sur l’accélérateur comme un putain de taré. Garder son sang froid, l’armée t’as au moins servi à ça. J’me demande même si Eric et Jack on réussit à se tirer eux aussi. Je sais même pas où je vais, l’important c’est juste de partir et je sens Eliza’ qui s’accroche à la poignée comme elle s’accroche à la vie.

Et j’ai rien vu venir.

Black Hole. Sifflement strident. Aboiement du chien aux oreilles. Les bruits sont étouffés et la douleur se repent dans mes muscles à la même vitesse qu’un jet de morphine. Lent, mais fatale. Putain … j’ouvre les yeux et les traits se brouillent. J’suis où bordel ?

Les pièces du Puzzle s’emboitent à une vitesse vertigineuse et avant même que je ne prenne conscience de quoi que ce soit, je sens qu’on tire mon grand corps douloureux, hors de quelque chose. La bagnole. Un accident ? J’ai rien vu v’nir, j’me souviens juste de ce froissement de tôle, puis un cri abominable tant il exprimait la peur. Mes talons raclent le bitume et j’entends des voix d’hommes affolés.

« Ell.. e…. mor… Plus ri… pour… »

Et c’est comme si un élan d’adrénaline survient pour me gifler mes neurones. Mon corps s’agite avec ma conscience. Lâchez moi bande d’enculé. Ma femme, où est ma femme merde. Allez Taylor, ouvre les yeux bordel de merde. Lève-toi et va voir si elle va bien. T’es infirmier, tu pourras sûrement lui procurer les premiers soins. Les sons me reviennent et je sens la douleur se localiser aux côtes, ma jambe droite mais aussi à mon crâne qui me donne l’impression d’être compresser. Je vois à cinq mètres de moi la voiture qui ressemble à une boule de papier d’alu’ …

« Putain.. Elizaveta ! »

Je me débats, je jette le mec qui me tenait par les aisselles pour m’éloigner de l’accident. Casse-toi putain. Laisse-moi aller la voir, j’suis sûre qu’elle est entrain de m’appeler, qu’elle attend que j’la sorte de cette merde avec la gamine dans son ventre. Je m’écrase la gueule contre le bitume, une douleur me terrassant comme une merde. Dites moi qu’elle va bien, qu’elle n’a rien. Mon cœur explose à chaque pulsion et moi je meurs à chaque seconde de me dire qu’elle … Non putain.

« Reste ici non de dieu ! C’est dangereux, y a d’l’essence partout putain ! »

Ils me rattrapent, à deux cette fois. Atlas est derrière moi entrain de gueuler comme ça n’est pas permis. La foule continue de courir en hurlant.

« Putain mais allez la chercher merde ! Elizaveta ! »

Je me débats comme un diable et ils sont désormais trois. J’en ai rien à foutre de la douleur, j’veux juste la voir. La prendre dans mes bras et la sortir de là bas. Mes oreilles n’arrêtent pas de siffler et mon crâne menace de fondre sous l’intensité de la souffrance. Ils me traînent et mon corps n’est qu’un putain de vers de terre qui se tortille pour se tirer de leur poigne de fer. Vous comprenez pas merde ! Ma femme est là bas, ma fille aussi ! Dégagez putain de bordel !

Boule de feu. Explosion violente. La tôle explose, le corps de ma femme avec…

Et j’ai hurlé. Hurlé toute mon existence pour qu’elle s’éjecte de ce cœur en charbon. J’ai vomis la vie, je l’ai jeté, je l’ai renié, je l’ai piétiné. Je l’ai détesté. Ma femme, ma fille. Ma vie entière venait de prendre fin sous mes yeux. Et je continue d’hurler, de me débattre. Hurlé son nom, leur nom. En chialant comme un putain de demeuré. Mais un demeuré qui avait l’impression qu’un poids lourd lui compressait l’existence.

Et mon prénom en écho. En fond de scène. Insoutenable répétition.

« Taylor ! Putain réveille toi merde ! Qu’est-ce que t’as à gueulé comme ça ! »

Sursaut violent et j’ai à un mètre de moi la gueule d’Eric avec ses grands yeux gris quine comprennent rien. J’ai le corps en sueur, les mains tremblantes dont l’une se passe par réflexe sur mon visage pour me faire ramener à cette chienne de réalité.

« Allez bouge ton cul, faut qu’on remballe. On a déjà perdu assez de temps comme ça. »

Pas un mot. Juste cette angoisse latente au fond de la gorge et des entrailles. Mon regard s’attarde sur les alentours. Plaine, arbustes, ma conscience se calque doucement sur le présent. La cohorte. C’était qu’un putain de cauchemar mon vieux… Un putain de cauchemar qui a prit vie il y a 14 mois.

Eh bah, dans mon monde à moi, y a que des poneys ! Ils mangent des arc-en-ciel et font des caca papillons ! Sinon appelez moi Jess 8) Jess bond ! Je fais du rpénounet depuis ... 7 ans je crois ! Et vous êtes tous une équipe d'amour, donc j'suis contente d'être là !   A part ça, parait que j'ai un moi "con" dans chaque disney