Vous savez, moi je sais toujours pas pourquoi. Pourquoi on s'est retrouvé dans une merde pareille, pourquoi Jason a changé du tout au tout, et pourquoi il m'a dit qu'ils arrivaient... Et aujourd'hui encore je sais pas ...

Bref, on reprend depuis le début ! Je suis originaire de Denver, USA. Enfin si tu sais pas ça, tu pues, mais bon en s'en fout, hein ? J'ai toujours eu un caractère de cochon, et j'étais la casse-cou de la famille, le genre à me casser les dents sur le goudron parce que j'ai raté ma figure de skate. Oh, quand je repense au facture d’orthodontie, j'ai mal à la place du porte-monnaie... J'avais un frère. Il s'appellait Jason. Lui c'était le plus peureux de la famille. Quand il sentait du vent dans son écharpe, c'était la panique fallait en racheter une autre, il allait se choper la gastro, qu'il disait... Je me souviens de tellement de conneries sorties tout droit de sa bouche, que quand j'écris ces mots ça me fait sourire... On était une famille très proche, malgré que j'ai continué mes études de psycho à New York et lui à Stanford pour je sais plus quoi faire...

Puis les années passent, on s'en rend pas compte, on se prend le nez avec le frangin, on fête noël, le nouvel an... Tout passe vite, et voici venu l'année 2012. Mon frère, en début d'année était effrayé par ce chiffre : il disait Elle, c'est bientôt la fin du monde! Moi je rigolais, et j'en rigole encore... Enfin non j'en rigole pas j'en pleure ! Je suis rentrée pour les vacances d'été, en... avril je crois. J'avais envie de prendre l'air, loin des études le temps d'un week-end. Mais lorsque j'ai revu mon frère, j'ai cru qu'il avait eu un accident, c'était un vrai légume et il avait une cicatrice énorme sur la nuque, à chaque fois que je la voyais, j'avais mal pour lui... Je grimaçais en lui demandant si ça allait. Il me disait oui t'inquiète pas. Et à ce moment là, je tilte. Comment ça ne t'inquiète pas ? D'habitude c'est un hypocondriaque mon frère, il a peur de tout, et il aime faire sa victime. C'était pas normal... Après je l'ai observé, j'ai cherché à comprendre. Il se regardait dans le miroir en se tâtant les joues comme s'il se découvrait une nouvelle fois sa bouille, il ne faisait attention à rien, avait du mal à répondre à des questions simples. Parfois il restait des journées entières au même endroit du parc pour observer les gens passer avec de grands yeux... On aurait dit un psychopathe, je vous jure... Un Hanibal Lecteur en puissance...

Le 14 juin on se rejoint dans un restaurant, histoire de passer du temps entre frère et soeur, tranquillou. Je lui propose de s'assoir à côté de moi. Il me regarde avec de grands yeux, des yeux vides d'émotions tu sais... Ce mec, ce n'était pas Jason. Comment pouvait-il avoir changé du tout au tout ? On l'avait remplacé ce n'était pas possible... Oui, ça faisait longtemps que je l'avais compris depuis avril oui, mais jamais je n'avais osé penser une chose pareille... Mais là en le regardant, ça me paraissait évident. Je lui ai même demandé s'il était malade, il m'avait dit que non. Il ne fallait pas s'en faire... Pff, tiens ça c'est sa formule de politesse favorite : t'inquiète. MAIS SI QU'ON S'INQUIETE... Toute la famille s'inquiète !  C'était comme si on m'avait remplacé mon Jason par autre chose. Quelque chose de bizarre et innocent, immature, curieux et malfaisant. Oui je ne me sentais pas bien en sa présence, j'avais un mauvais pressentiment... UN GROS PRESSENTIMENT. Je lui offre finalement un verre, puis deux, il ne boit pas, du moins pas beaucoup. Les seules choses qu'il dit c'est : quelle heure il est ? On reste là hein ? Quelle heure il est ? A chaque fois qu'il me le demandait je le renvoyais chier. Attends, on est en famille, on prend notre temps tranquille. Et il me repose encore une fois la question : il est l'heure. Je m'apprêtais à le renvoyer dans les orties encore une fois quand je me rends compte que c'est plus une question mais une affirmation, et j'ai à peine le temps de demander pourquoi que j'entends une énorme explosion et que j'ai le réflexe de me planquer derrière le bar en l'embarquant avec moi... Comme dans les films en l'attrapant par le col.

Le verre éclate, le bruit est insupportable, et ta vue est totalement troublée... Tout ça dure quelques minutes, avant qu'enfin ça se stoppe... Je redresse alors la tête, tout doucement, et je tente de raccommoder ma vue à l'environnement... Je perd une bonne dizaine de seconde à rouvrir mes yeux doucement, mais franchement, ce que je vois, j'aurais préféré que ça reste dans les films. La lumière baisse et je distingue des cadavres gisent sur le sol, sûrement propulsés par l'explosion et certains entaillés par le verre des fenêtres, de la cendre tombe du ciel et quelques survivants lèvent le bout de leur nez... J'aurais jamais cru voir ça un jour, mais franchement, c'était l’apocalypse... Jason avait raison pour cette date là. Enfin, juste pour l'année, mais pas pour le mois... Quand tu marchais sur le sol, tu sentais le verre craquer sous tes talons. Je m'étais approchée de la rue et j'avais observé autour de moi, et j'ai eu la plus grosse trouille de toute ma vie, cette image continue de me hanter ... Sur les vingtaines de bâtiments environnants autour de nous, autour du petit restaurant de fortune que j'avais choisit comme lieu de rendez vous, presque tous s'étaient couchés... Je déglutis encore en y pensant... J'étais pleine de cendres et de poussières comme tout ceux qui ... qui se relevaient au fur et à mesure pour voir le paysage ultime... Je me souviens de cette peur, qui me tiraille encore l'estomac aujourd'hui. C'était paralysant, c'était... atroce. Mes mains cachaient ma bouche en ô de stupeur... Des gens me rejoignaient et pleurait... Je me mordais la paume pour voir si c'était vrai... Mais le pire, c'est pas ça, c'est mon frère.

Il finit par s'approcher de moi, m'entourant de ses bras. Sur le coup, j'ai cru qu'il allait venir pleurer avec moi, que nos larmes nettoient nos visages poussiéreux, mais d'un coup je me suis fait portée sans aucune raison, mais quand je dis porter, c'est style je t'étouffe et ensuite je te porte correctement et pas les quatre fers en l'air comme je le fais maintenant. Je finis par hurler de peur et de douleur tellement il me sert fort et je lui dis de me lâcher car il commence franchement à me faire super peur. Il me répond pas. Je hurle au secours, je demande à l'aide, et BOOM... Je vois mon frère s'effondrer sur moi, la tête en avant. Je m'extirpe de la prise, je marche à quatre pattes pour reprendre mon souffle après la panique, puis je me retourne vers mon frère... Enfin vers sa flaque de sang, qui m'a tâché le jean au niveau des genoux. Je me met encore à hurler. Un flic, arme sortie s'approche de moi pour me rassurer, il me répète que c'est fini mais je ne veux rien entendre, je le traite de meurtrier, je lui dis de me laisser tranquille sinon je le tue, enfin je le menace quoi, puis quand il cherche à me rassurer par la force, me prenant par les épaules je lui fout un coup de boule, je me tiens le nez en sang, et je me met à courir dans le paysage apocalyptique. Je le fuis. Je fuis tout. Je fuis l'humanité. Entre mon frère qui voulait me ... me faire je ne sais quoi et ce flic à la gachette facile, j'en ai assez vu. Je... J'ai même pas réfléchit... J'ai réagit comme un animal apeuré... Pendant un moment j'ai cru que j'avais entièrement rêvé, j'ai cauchemardé de tout ça... J'ai cru. La bonne blague. Je me réveille chaque jour et je vois toujours le même paysage post-apocalyptique. Les villes ont beau changer, la vision reste la même : morte. J'ai quitté tout ce que j'avais, j'ai pris un manteau, un pull, de la bouffe, et je me suis barrée. J'ai pris peur, j'ai paniqué et maintenant je vis en ermite. J'ai toujours aussi peur de la vie, et ça, de cette attaque... De tout. J'ai peur de tout. Je me sens comme Jason maintenant, et je me fous plus de sa gueule.

Bien sûr qu'il m'arrive de pleurer, même tout les jours. Qui ne pleurerait pas ? Je sais rien de ce qui est arrivé à ma famille, mais je m'en fous. Enfin... Je m'en fous pas, ça me tracasse, mais j'ai la certitude qu'ils ne s'en sont pas sortis vivants à vrai dire... Mais tout ce qui m'importe maintenant c'est que je reste loin de ce monde atroce. Si j'avance une théorie, je dirais qu'un robot aurait remplacé mon frère, mais je t'avoue que je sais pas du tout pourquoi, comment et dans quel but. Je sais rien de ce qu'il se passe, et ça fait un an que je fuis la vérité, et que je cherche à l'esquiver. Un an, que je suis en autarcie totale avec le monde, à tel point que je sais même pas ce qu'il s'est passé dans les autres villes. Dis toi, j'ai si peur que je me suis même inventé un nouveau nom de famille...

Bref. C'était l'histoire de ma vie écrite sur un bouquin retrouvé dans une maison abandonnée. J'adore ma vie.

Ah et si celui qui lit c'est celui qui m'a prise pour une poupée sexuelle, j'espère que tu sens toujours pas tes couilles, cordialement L.

Moi, mon nom c'est failara, j'adore les castors et les pandas roux et je suis fan de rp, de ciné, de bd et de jeux vidéos ! ça fait plus de cinq ans que je fais du rp, et j'ai découvert ce forum grâce à ses partenariats. PS : je vous aime ♥