WHERE IS FLYNN ?

Feat John Flynn

Jane avait rejoint la cohorte depuis quelques mois. Toujours en mouvement, jamais immobile. La seule chose solide depuis la fin de l'humanité. Pourtant, Jane n'avait pas toujours été une soldat. Elle avait un lourd passé de contrebande. Contrebande qu'elle avait partagé avec John, son collègue d'infortune. Ils se connaissaient bien tous les deux, trop bien même. Jane avait voulu partir. Elle était une femme forte et le fait de dépendre de quelqu'un n'était pas pour la  mettre à l'aise, surtout en ces temps troublés. Elle avait commencé à ressentir des choses étranges. Des choses qui la rendaient faible. Et tout ce qui rend faible est mortel quand on doit se protéger des hosts.

Toute l'horreur de la guerre et des massacres qu'elle avait vu l'empêchait de dormir, elle ne faisait que sommeiller et se réveiller en sueur, les yeux exorbités, tentant d'oublier ce qu'elle venait de voir. Mais c'était tout bonnement impossible. Le fait de rejoindre la cohorte ne l'a pas empêché de continuer ses petits trafics loin de là. Mais elle le fait en douce, sans se faire repérer. On ne sait jamais. Le mode de vie de la cohorte était un mode de vie nocturne. On se dissimulait la journée et on ne sortait que la nuit tombée pour trouver vivres et munitions. Chacun glanait ce qu'il pouvait, il n'y avait pas de bouche inutile dans le groupe. Les soldats protégeaient tout ce petit monde. Et en tant que soldat, Jane était la meilleure. Elle avait reçu un entraînement rigoureux avant l'apocalypse. Elle avait vécu l'enfer, ce qui se passait à présent n'était qu'une rigolade. Si l'on peut dire.

Violentée, torturée, elle savait ce que c'était de souffrir. Cela l'avait endurci, l'avait poussé à devenir un roc. Inébranlable et impossible à faire bouger lorsqu'elle avait une idée en tête. Mais une personne et une seule avait réussi à la toucher. John. Elle s'en était voulu de l'abandonner. Mais elle le devait. Ils avaient comptés l'un sur l'autre pendant de longs mois mais cette faiblesse la mettait mal à l'aise. Elle n'était pas faite pour cela. Elle soupira, s'étirant alors que son tour de garde allait se terminer. Elle guettait la relève, ayant hâte d'avoir quartier libre. Elle bailla quand soudain son supérieur vint la relayer. Elle le salua et se hâta de filer, son arme sur l'épaule.

Elle attrapa précautionneusement une petite bouteille d'eau dont elle s'aspergea le visage histoire de se laver un peu. Les denrées étant rares, surtout l'eau, on économisait au maximum. Les pensées de Jane ne cessaient de retourner vers son compagnon d'armes. Elle était une impulsive et en quelques secondes, sa décision était prise. Les carcasses des voitures et les bâtiments éventrés donnaient une note irréelle au paysage de désolation qui s'étalait devant ses yeux. Elle avait prévenu qu'elle allait en reconnaissance et on l'avait laissé faire. Elle savait où se situait leur ancienne planque, dans quel quartier il était. Si elle voulait trouver John, il était forcément là-bas.

Et soudain, elle aperçut une silhouette au loin. Son cœur accéléra douloureusement et elle lui emboîta le pas. Elle ne cherchait pas spécialement à se cacher, elle savait qu'il avait déjà repéré sa présence. Arrivé près de décombres, il fit soudain demi-tour et la braqua de son arme. Ils plongèrent un long moment leur regard dans celui de l'autre et aussi soudainement qu'il l'avait menacé, John rangea son arme et se détourna d'elle, continuant sa marche comme si de rien n'était. Mais il demanda tout de même ce qu'elle faisait là. Jane le suivit à nouveau et rétorqua :

Je suis venue te voir.

Il avait dégagé les décombres qui dissimulaient l'entrée de leur planque. Il l'invita d'un signe de tête à rentrer, ce qu'elle fit. Elle contempla les lieux avec un sourire nostalgique. Rien n'avait changé ou presque. Elle l'observa avant de reprendre :

Je dois dire que cet endroit m'a beaucoup manqué.

HJ : avec mes plus plates excuses pour ce retard pharaonesque, cela ne se reproduira plus !

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.