« C'était un matin pâle et livide. L'un de ces matins où les ruines de l'âme feraient de l'ombre au soleil...»

  La veille, Leo m'avait ramenée à la maison. Nous avions fêté la fin de notre première année de médecine, avec tous les étudiants, et quelques professeurs, les plus cools. C'était une bonne soirée, vraiment. Nos parents sont restés dans leur maison, à Boston. Cela faisait également un an pile poil, que nous les avions quitté. Mais on avait laissé derrière nous un ventre plein. Un nouvel arrivant. Fille, garçon ? Aucune idée encore. C'était la surprise. Leo est mon frère jumeau. Mon double. On adore se chamailler, et on est inséparables. Leo est sanguin. Pourtant, on se dispute vraiment très rarement. C'est mon meilleur ami. Quand je fais une bêtise, il prend tout sur son dos, et vis versa. On a les mêmes amis, les mêmes endroits fétiches. La seule chose qui nous différencie, ce sont nos études. Lui, il étudie l'architecture, comme notre mère. Moi, la médecine.
Cette nuit là, je ne me suis pas faite bercer. La soirée avait été mouvementée, mais très sympa. Même si je n'avais pas beaucoup bu (je ne bois presque jamais), j'avais été assez joyeuse pour en profiter pleinement. Et il valait mieux pour moi, car à cet instant là, je ne savais pas encore qu'il s'agirait de notre dernière fête entre humains...
 Le lendemain, je me suis levée, et la maison était vide. On dormait chez nos parents pour la nuit. Ils dormaient quand on est rentrés, et le lendemain, mon frère et eux semblaient être partis faire quelques courses. Je ne me souviens plus réellement de ce qu'il s'est passé, mais je sais que depuis ce matin là, après l'avoir aperçu de l'autre côté du trottoir, criant mon nom, puis disparaissant derrière l'explosion, je n'ai plus jamais revu mon frère. Je me souviens aussi avoir passé trois jours dans la maison de mes parents. Ils avaient changés, ils semblaient être des automates. Et c'était le cas. J'ai passé trois jours en présence d'extraterrestres, qui faisaient semblant d'être mes parents, pour mieux me posséder à mon tour. Mais quand ils dormaient, tous les deux couchés sur leur lit, j'ai vu leur cicatrice, dans la nuque, et j'ai rapidement compris. Cette nuit là, je me suis enfuie, pour ne plus jamais faire demi-tour.

   Un mois. Un mois que je marchais, sans m'arrêter. J'agonisais. Il faisait chaud, j'étais malade. Je me rappelle m'être écroulée sous un pont abandonné, près d'une rivière. Et je me rappelle aussi avoir vu le visage de mon frère. C'était lui, il m'avait retrouvé.
  On est restés ensemble pendant plusieurs semaines, lui c'était les muscles, et moi le cerveau. On a réussi à survivre assez longtemps pour nous adapter à ce nouveau monde. Notre routine était devenue celle-ci : fuir, se cacher, et fuir encore. Le soir était notre seul moment de répit, et encore. Nous faisions des efforts pour trouver des endroits sûrs, afin de nous assoupir chacun notre tour. Parfois, on discutait, et on se posait des questions. Ma mère était encore enceinte. Notre petit frère, ou notre petite sœur vivait-elle encore ? Est-ce qu'il ou elle serait un Host elle aussi ? Nous n'en avions strictement aucune idée. La seule chose que nous savions, était que notre corps humain, et notre âme, étaient désormais les deux choses les plus importantes à conserver. Malgré tout, on arrivait parfois à nous détendre, et à rire ensemble. On s'amusait, on déconnait, et on se racontait nos souvenirs, on parlait de tous ceux qu'on avait perdu de vue depuis l'invasion, et de la chance que nous avions de nous être retrouvés après ce drame.

Un matin, mon cerveau eut un déclic. Je n'avais pas vérifié une chose. Aveuglée par la confiance que j'avais toujours eu envers mon frère. Sa nuque. Et s'il avait une cicatrice ? Non. S'il avait été un des leurs, il n'aurait pas joué à tout cela. Il n'aurait pas tous ces souvenirs, il ne me protègerais mais de cette manière, il ne me suivrait pas. Il ne m'aurait pas sauvé. Mais un Host...Est-il capable de tout cela ? Durant une journée entière, tiraillée par le doute et la douleur de perdre mon unique appui, j'ai fais semblant d'être normale. On a trouvé refuge, ce jour là, dans une vieille ferme abandonnée, quelque part dans le Texas. Alors qu'il m'a prit dans ses bras, le soir, j'en ai profité pour promener mes doigts dans ses cheveux, puis de descendre jusqu'à sa nuque. J'ai senti l'entaille. Longue, droite, parfaite.

Je me suis enfuie. Quelques mois plus tard, agonisante, la cohorte m'a trouvé. Ils m'ont sauvée. Je me suis vite adaptée à cette nouvelle vie en société. J'aide aujourd'hui les médecins. Pensant chaque jour à mon frère, à mes parents, à mes amis. A moi, seule humaine encore en vie, autour de tous ceux que j'ai connu depuis ma naissance.

Mais la chose qui m'a fait le plus souffrir, était d'avoir perdu celui à qui j'ai donné mon coeur pour la première fois. Josh. Mon petit-ami depuis toujours. On se connaissait depuis la maternelle. Du moins...Il me connaissait depuis la maternelle. Au lycée, il s'est enfin décidé à m'avouer ses sentiments. Les débuts ont été difficiles. A vrai dire, je le trouvais mignon, mais je sortais déjà avec un garçon. Le quaterbake du lycée. Et également son ennemi juré. Pourtant il s'est battu, au sens propre comme figuré. Car quand ce cher quaterbake a trop forcé sur l'alcool, Josh était là. Depuis cette soirée là, je suis tombée sous son charme, me rendant compte que si un garçon devait être le bon, c'était lui. On ne s'est jamais séparés depuis. Enfin...Si. Comme tous les couples, mais on ne faisait que se remettre ensemble. On était liés. Amoureux, sans réellement nous en rendre compte. Après le lycée, on est restés ensemble. Je lui ai offert ma première fois. Et je ne m'imagine pas ressentir quelque chose d'aussi fort avec quelqu'un d'autre. Mais lors de l'invasion, je l'ai perdu de vue. Il a disparu, comme tous les autres. Je sens au fond de moi qu'il est encore vivant, encore humain. Du moins, j'ose le croire...

Salut ! Voilà finalement le DC de Lucy Anderson  ! Je suis toute excitée à l'idée de pouvoir Rp dans peu de temps..Youhouuu ! ♥