Seulement éclairé par la cendre rouge de ta cigarette, tu ne bouges pas. Il doit être près de trois heures du matin et tu es assis dehors. Tu n'arrives pas à dormir. Ça fait longtemps que tu ne dors plus. Tout près de la porte, tu peux entendre les autres soldats souffler, ronfler et grogner. Soudain, on te tapote l'épaule. Levant la tête, tu découvres Logan.
"T'as du feu ?" Il s'accroupit à tes côtés et tu lui allumes sa cigarette.
"Merci." Il s'assoit à côté de toi.
"Tu sais j'suis désolé pour t'avoir chambré au début parce que t'étais... enfin tu vois ce que je veux dire." Tu acquiesces en un sourire. Désolés, ils le sont tous. Cela fait maintenant une semaine qu'ils ont arrêté. Te voir sauver l'un d'entre eux, risquant ta vie pour lui semblait avoir été la clé pour gagner leur respect et leur sympathie.
"C'est rien, t'inquiètes." Tu écrases le mégot de ta cigarette et le jette au loin. T'envoyer à l'armée, t'entourer d'hommes avait décidément était une merveilleuse idée de la part de ta mère. Sans doute pensait-elle que la dureté du travail te rendrait plus viril et te ferais lui ramener des filles à la maison. Raté. Tu avais arrêté depuis bien longtemps de lui présenter des petites amies choisies au hasard.
"Mais t'es... 'fin, t'es vraiment gay ?" Tien il est subtil comme garçon lui, tu devrais penser à lui faire rencontrer ta mère, ça lui plairait ! Ça t'as toujours fait rire de voir les gens galérer à trouver leurs mots par rapport à ça. Ce n'est pourtant pas un sujet tabou, des comme toi il y en a des tonnes.
"C'est pas une maladie, tu sais." Il rit nerveusement. Mince, tu aurais dû lui faire croire que l'homosexualité s'attrape quand on est entouré de garçons, ça aurait pu être drôle !
"Ouais je sais. T'en veux une ?" Il te présente son paquet et tu prends une.
"Tu viens d'où au fait ? On pas eu trop l'occasion de parler jusqu'ici." En effet, et pourtant, ça fait maintenant plusieurs années que vous bossez ensemble.
"Connecticut. Et toi ?" Tu tournes légèrement la tête vers lui et allume ta cigarette.
"New York." Vous restez silencieux un long moment, jusqu'à ce que vos cigarettes s'éteignent.
"C'était courageux ce que t'as fait pour Jason, j'aurais jamais eu les couilles de le faire." Tu baisses la tête. Ce n'était pas courageux, c'était inconscient. Tu n'avais pas réfléchis sur le coup, tu avais vu la grenade et t'y étais allé. C'était tout flou autour de toi, tu n'voyais rien avec la poussière et n'entendais rien à cause des cris. Tu t'étais jeté sur lui, le poussant loin de la zone d'impact. La déflagration avait été terrible, tu avais été sourd quelques secondes, totalement déboussolé par l'explosion. Quand vous aviez réussit à vous mettre à couvert, tu avais perdu connaissance. Tu t'étais réveillé un bandage sur le crâne, Jason sur le lit à côté. Tu avais demandé une cigarette et on t'avait fait sortir de là.
"J'ai eu de la chance surtout, ( tu ris )
une seconde de plus et on sautait tous les deux."Tu regardes ta montre. 3h38.
"J'devrais aller me coucher. Ca va être rude demain." Tu lui tapes l'épaule avant de te relever. Logan te salue de la main et tu rentres à l'intérieur. Une fois dans ton lit tu fermes les yeux. Tu as beau être fatigué, éreinté même, y'a toujours ces mêmes images qui te reviennent, ces souvenirs terribles qui te hantent. Les bruits des cris et des détonations, tu les entends toujours, où que tu sois.
Ça hurle. Les explosions te vrillent les tympans. Tu vois le sang, partout des corps s'entassent, des morceaux d'hommes éparpillés ici et là. La chaleur est insoutenable et la sueur glisse sur ton front. Tu cours. Tu es essoufflé. Et puis on te secoue. T'ouvres les yeux, terrorisé. Tu trembles, ton front est brûlant de fièvre. Tu ne comprends pas tout de suite ce qui se passe et repousses l'homme avec violence. Tu es encore dans ton cauchemar, ta réalité est brouillée.
"Maxxie, Maxxie, calme toi c'est que moi." Ta respiration est saccadée et il reste près de toi jusqu'à ce que tu te calmes. Il te faut quelques minutes pour réaliser que tu es chez toi. Tu es rentré depuis quelques semaines maintenant, c'est finit.
"Désolé" Tu t'apprêtes à parler encore, mais le type te fait taire. Il t'embrasse. Le pire dans tout ça, c'est que tu n'as aucune idée de son nom. Tu ne t'en souviens plus. Il avait du te le dire hier soir mais avec les coups que tu avais dans le nez, cette information ne t'était pas semblé d'une importance capitale. Il te pousse en arrière, pose ses lèvres sur les tiennes, encore et encore. Ton rythme cardiaque à peine calmé s'emballe en quelques secondes.
"Ça va mieux ?" "Hmm" Tu le sens respirer contre ta peau et l’attires contre toi. Tu n'as jamais vraiment eu l'habitude de ramener des inconnus chez toi, mais hier, tu te sentais seul. Trop seul. L'avantage des déploiements, c'est que tu étais entouré, toujours. Tu avais des choses à faire, des amis à qui parler.
"On a encore quelques heures avant que je partes au boulot..." Il murmure à ton oreille. Tu souris avant de le renverser sur le côté.
POUR QUAND PAPOU AURA FAIT SA FICHE ET TOUT