| |
Ils étaient tellement fiers de toi, hein ? Toute ta famille, cousins au second degré, au premier degré, assez contents d'avoir dans la famille quelqu'un de plus qui avait réussi. Parce que dans ces grandes lignées françaises prétentieuses, l'échec est rayé de l'arbre familial. Drôle comme c'est proche des Blacks dans Harry Potter, hein ? Te ramasser, rater ta vie, ça n'aurait que confirmé à la moitié grincheuse que tes parents avaient eu tort de te ramener, de t'introduire dans cette sphère. Leur prouver qu'un gamin étranger a effectivement dans le sang l'incapacité à entreprendre quoi que ce soit de satisfaisant. C'était hors de question, rapport à ta fierté bien entendu. Puis à celle de tes parents, un peu. Surtout la tienne en fait. T'étais pas encore au sommet de la pyramide mais être diplômé de St-Cyr c'est déjà un indéniable bon début. En tout cas c'est ce que je pense. C'est ce que pensaient tes parents, ainsi que la moitié de la famille donc, cousins et cousines plus ou moins éloignés compris. Et c'est ce que tu pensais aussi, après tout ils avaient une raison d'être fiers de toi. Oh, espèce de petit connard prétentieux. Tu sais ce que tu méritais ? Certainement pas un diplôme. Un bon coup de pied dans le derche, oui. Te ramener à la réalité. Te rappeler que oui, militaire tu l'étais, tout du moins sur le papier - officier, officier grands dieux j'avais failli oublier - mais que tu ne connaissais rien de la guerre, rien que ces entraînements pitoyables et ces stratégies et ces cartes et ces pions insignifiants qu'on envoyait au casse-pipe sans seconde pensée. Inexpérimenté et méprisable. Méprisable et méprisant. Tu l'étais, sans aucun doute. Tu l'es peut-être toujours en fait. Un peu moins je suppose, les évènements forgent le caractère. La guerre forge le caractère. T'aurais pu la faire chez toi cette guerre, aux côtés de types que tu connaissais, mais non il a fallu que tu ailles combattre à des milliers de kilomètres de chez toi. C'était une idée de ta mère ça. C'est toujours une idée de ta mère.
| |
"Tu m'appelles au moins une fois toutes les semaines, hein ?"
"Oui maman."
Oui maman. Je viens d'écrire, juste écrire ces deux mots et sans au une indication vous avez déjà imaginé le ton mi exaspéré mi soumis qui les a prononcés. Parce que c'est comme ça qu'on parle à une mère énervante et collante.
"Je comprends pas pourquoi t'avais besoin de partir cinq semaines quand même, c'est long et ça va pas aider ton cursus."
"C'était ton idée maman."
Les idées et envies d'une mère. Même à vingt-six ans on ne peut pas y échapper.
"Trouve-toi une copine mieux que les précédentes là-bas au moins."
"Comme si ça allait arriver..."
Protestations de l'autre côté de la ligne auxquelles tu coupes court, et l'échange qui touche à sa fin. Apparemment un océan entier ne protège pas des idées d'une mère. Dieu bénisse les nouvelles technologies tiens. Une copine, bah bien sûr. On y croit. Les quelques idiotes que tu as jamais ramenées chez toi - je suis de mauvaise foi, il y en avait deux ou trois de potables - ne t'ont jamais duré bien longtemps, jamais vraiment intéressé. C'est pas ici que ça va changer, même si tu es dans les mythiques Etats-Unis qui, très franchement, ne t'ont jamais passionné. Il y a beaucoup de choses qui ne te passionnent pas à vrai dire. Je ne m'aventurerai pas à en faire une liste pour les simples et bonnes raisons que j'ai mieux à faire et que personne n'en a rien à foutre.
SPOON.
Quelques lignes pour vous présenter, vous, le monsieur ou la madame derrière le personnage ! nous dire votre âge, ce que vous aimez dans la vie, depuis combien de temps vous rpez (oui ce mot n'existe pas) et comment vous avez connu le forum ! ♥