Le soleil se couchait petit à petit, il arrêtait sa longue course au sud du pays. Le vent gagnait en puissance, la fraîcheur revenait, la nuit allait être rude. La voiture continuait de rouler, le pot d'échappement couinait légèrement, la boîte de vitesse était pratiquement morte, les rétroviseurs pendaient sur les côtés. Asbjörn tenait le volant fermement avec sa main droite et prenait le rétroviseur de la main gauche pour savoir s'il était toujours poursuivi. Son bras gauche était recouvert d'un liquide rouge, du sang, qui se finissait jusqu’à ses doigts et qui coulait sur la portière de la bagnole. Son œil droit restait fermement, le sang qui s'écoulait de sa plaie au front, l'empêchait de bien voir. Il manqua plusieurs fois de se prendre quelques fossés où des blocs de pierre qui n'auraient pas manqué de l'envoyé dans le décor. Son œil valide lui permit de se rendre compte, qu'il était enfin seul, qu'il pouvait s'arrêter quelques minutes pour bander ses plaies. As savait pertinemment qu'il n'était pas dans un état dramatique, mais il ne savait pas s'il avait ce qu'il fallait dans son coffre. Il roula encore pendant une dizaine de minutes et décida de s'arrêter en apercevant une propriété abandonnée. Garé en face de la maison qui commençait doucement à se délabrer, il tituba avec de lourdes respirations jusqu’à son coffre, il l'ouvrit difficilement avec sa main droite et fouilla pendant cinq bonnes minutes dans ce foutoir. Le blessé réussit à trouver un rouleau pour bander ses plaies et du désinfectant. Une fois assis, sur le rebord de son coffre, il s’attabla à nettoyer ses blessures avec une bouteille d'eau, du désinfectant et du coton, une fois fait il banda sa blessure au front en s'entourant le haut de la tête et se banda l'épaule gauche pour stopper le sang de coulait. La nuit était tombée, aucune lumière ne parsemait les alentours. Avant de renfermer son coffre, il agrippa un carton qui semblait vieux comme le monde et entra dans la demeure délabrée. Il inspecta les alentours pour être sûr d'être bien seul, il avait trop perdu pour la journée. La maison semblait vide, personne ne devait être venu depuis bien longtemps. Tout était en vrac, les meubles s'étalaient par terre, les lampes étaient brisées sur le sol, les murs gardaient des traces de violence. Le jeune homme se traîna jusqu’à un canapé qui faisait le centre de la pièce, poussant délicatement les objets qui jonchait le sol, As s'affala et posa le carton à côté de lui. La fatigue commençait à le gagner, il jeta un dernier coup d’œil à ses plaies et s'approcha de son carton. Il l'ouvrit délicatement et extrait une multitude de photo de ce dernier. Il tria ses photos dans l'ordre et commença petit à se remémorer de vieux souvenirs.

« A mon fils, Asbjörn né le 30 Juillet 1995. »

La photo montrait un bébé qui venait juste de naître, les cheveux bruns déjà présent, les yeux fermés, dans les bras de sa mère. Cette dernière avait le sourire aux lèvres, les larmes qui coulaient, son mari se tenait juste à côté dans la même émotion. La photo rappelait une époque révolue, une époque où la vie était possible, où on pouvait imaginer le bonheur. Aujourd’hui c'est une bien autre histoire. Il déposa la photo à côté de lui et pris la suivante. Elle représentait la famille au complet devant une maison resplendissante. Le jeune homme devait avoir deux ans, les parents avaient bossé dur pour s'offrir leur première maison. La mère travaillait en tant que serveuse dans un restaurant et le père en tant que journaliste sans frontières. La photo était parfaite, la neige recouvrait les trois quarts de la maison, Oslo était encore vivable. As déposa la photo et regarde celle d'après. Elle a été prise quand il avait sept ans, elle montrait la famille au grand complet. C'était une semaine avant que le père soit envoyé en Irak. Utilisé comme otages, il ne survit pas plus de deux mois, avant d'être assassiné suite aux multiples attaques des opposants. La photo commença doucement à se froisser entre les mains puis il la mit de côté. Les photos qui suivaient étaient flou ou à moitié calciné. La dernière photo, représentait la mère et son fils devant un ciel qui s'embrasait suite à l'attaque des aliens, c'était le jour de la grande attaque. Le jour où sa mère fut capturée. Ses pensées se bousculaient dans la tête, il assembla toutes les photos, mit le feu à plusieurs et enflamma plusieurs partis du canapé. Le brasier commença à gagner en puissance, les photos brûlaient et se replier sur elle-même, la chaleur monta d'un coup. Le garçon sortait de la pièce, les yeux rouges, difficilement il agrippa la poignée de sa portière et l'ouvrit d'un coup sec pour s'immiscer dans sa voiture. Il se posa sur le siège et enclencha le contact. Après plusieurs manivelles, le moteur gronda. Asbjörn fit une marche arrière et sortir de la propriété. Sur la route, les larmes coulaient, avec comme fond le brasier qui ne cessait d'illuminer le ciel.