C'est en te voyant grandir que ta mère s'était un jour demandé pourquoi avait-elle dû te garder. C'est vrai quoi, dans le meilleur des mondes elle aurait pu te refiler à quelqu'un dans le besoin, une femme stérile ou n'importe quoi. N'importe qui mais pas elle. Par manque de bol sans doute tu n'étais pas venu au monde seul, un frère s'était tapé l'incruste à l'accouchement et face à lui, tu ne faisais pas le poids. Lui, c'était Jim. Jim Taylor, ton jumeau qui ne te ressemblais pas. Ton jumeau qui avait eut le chance de naître doté d'une intelligence hors du commun et d'une soumission naturelle et à toute épreuve. C'est clair que toi, avec tes épis sur la tête et tes petits regards lubriques, t'avais un peu fait l'effet d'une bombe sur leur joli domicile à ton arrivée. Incapable de te taire, d’obéir et d'apprendre, tu avais vite passé tes journées à l'école buissonnière, préférant les cigarettes aux stylos bic et les jolies filles aux professeurs. A seize ans, tu avais décidé d'arrêter les frais et avait quitté définitivement l'établissement. La nouvelle était mal passée, très mal passée. Mais bon, sur le coup, c'était des économies que tu leurs faisais faire à tes vieux, ils auraient au moins pu te remercier merde. A 100 balles l'école privée, voilà quoi. Jim de son côté s'en sortait mieux qu'on n'aurait pu l'imaginer. Brillant, sensible, c'était l'enfant modèle, celui qui fait son lit et débarrasse la table après manger. Pourtant, malgré vos différences, tu ne pouvais t'empêcher de l'aimer, ce con. Jim, c'était un bout de toi. Plusieurs fois même, t'avais réussis à l'emmener dans tes galères, à la saouler sur le toit et à cracher sur les voitures au petit jour. Dans ces moments là vous n'étiez plus Jim le petit parfait et son frangin bon à rien. Dans ces moments là, vous n'étiez que vous, simplement vous. Les étiquettes ne valaient plus rien et vous étiez heureux. Enfin, tu le pensais.
C'était vers cette époque que tu avais commencé à hacker. D'abord des petits trucs, comme l'ordinateur de ton père, puis des trucs plus gros. Tu faisais ça tout seul, tard dans ta chambre et ne parlais jamais de tes magouilles à personne. Pour une fois, t'étais discret, vraiment discret. Et puis Jim avait commencé à aller mal, à se renfermer, encore et toujours dans sa coquille. T'avais beau lui tendre la main, rien n'y faisait. Tu mettais ça sur le compte de la fatigue, ce genre de conneries, mais lorsqu'il s'était enfilé une demie boîte de tranquillisants, il t'avait paru évident que non, la fatigue n'avait rien à voir là dedans. Bim, gros coup dans ton estomac. Ils avaient pu le sauver à l'hôsto, mais évidemment on ne te l'avait pas rendu ton frérot. Bien sûr, il avait le droit aux visites, là où il était, mais vu son état, on avait pas voulu qu'il rentre à la maison. On, s'était tes parents. Les biens gentils M. et Mme. Taylor, les pauvres parents de Jim et Simon Taylor.


Quand tes parents t'ont foutu à la porte, à ta majorité, tu as dû arrêter tout ça, te bornant seulement à trouver où dormir, manger et passer ton temps libre. Trimbaler ton vieil ordinateur au fond de ton sac, le branchant aux prises que tu trouvais n'était pas une solution. Tu avais besoin d'un endroit où crécher, un endroit sûr où tu pourrais te brancher en paix. Pendant plusieurs années tu t'étais mis à traîner dans les bars, profitant de tes conquêtes pour dormir dans un lit, te liant d'amitié avec n'importe qui dans le seul espoir de ne pas passer la nuit sur le pavé. C'était le soir de ton anniversaire que tu avais rencontré Cora.
Cora, c'était une avocate, enfin c'est ce qu'elle t'avait dit. Elle avait monté son propre cabinet et habitait un petit appartement dans un quartier miteux de New York. Célibataire, elle passait ses soirées dans un bar à tenter t'attirer ses voisins dans son lit. Désespérée ? Elle l'était. Son manège fonctionnait, souvent, il lui permettait de ne pas passer la nuit trop seule, mais au petit matin ils disparaissaient bien vite, ne laissant derrière eux qu'une vague effluve d'alcool et une place froide à côté d'elle. T'avais jamais été difficile toi et quand elle t'avait parlé de son appart' et son métier, tu t'étais jeté sur l'occasion.Tu lui avais la totale à cette femme, et tu étais resté. T'avais passé quoi, un an chez elle ? Tu bossais la nuit et dormais le jour, mangeait les restes et ne te réveillais qu'à son retour. Elle t'embêtait pas Cora, elle te posais pas de questions. Bien sûr quelques fois elle criait, rentrait un peu alcoolisé, mais tu n'avais qu'à murmurer quelques mots à son oreille d'un air désabusé et elle se calmait. On ne peut pas dire que tu l'aimais, la Cora, vous ne partagiez pas de grandes discutions et votre seule distraction commune était de vous envoyer en l'air sur le sofa. C'est ainsi que c'était écoulée ta trentième années. Lorsque tu étais parti sans un mot, tu t'étais à nouveau trouvé dans la galère. C'est à ce moment que Gabe et Layn étaient rentrés dans ta vie. C'était des hackers eux aussi, mais contrairement à toi, ils avaient le matos idéal. Le courant était vite passé et vous aviez commencé à bosser tout les trois. Ca marchait bien au début, vous gagniez pas mal de blé. T'avais pu grâce à ça te payer quelques trucs, envoyer un cadeaux à ton frère et faire des choses que tu t'étais jusqu'ici refusé.



Ça fait maintenant deux mois que t'es ici, dans la cohorte. Ils t'avaient récupéré alors que tu n'y croyais plus putain. T'étais dans un état lamentable alors, le visage brûlé par le soleil, les mains bandées et des valises sous les yeux. T'avais soif, t'avais faim. T'avais mal aussi, un peu. Comment avais tu réussis à survivre ? Comme tu l'avais toujours fait : t'incrustant dans les petits groupes que tu rencontrais, les dépouillant un peu, profitant au maximum de leurs ressources. Espèce de rat. T'avais aussi croisé quelques Hosts, au passage, mais aucun d'entre eux n'avait réussit à s'en sortir en un seul morceau. ( et s'en vouloir t'offenser, ce n'avait pas toujours été grâce à toi. ). Pourtant, t'avais tenu. Tu t'étais accroché à la vie comme un chien à son os et tu t'en étais sorti comme un chef. T'avais rejoins cette cohorte et dressé ta tente, tu t'étais installé là, revendiquant haut et fort ton inutilité profonde. En arrivant tu avais décidé de prendre le prénom de ton frère, en son souvenir et sûrement un peu à cause de ton passé, on n'sait jamais.

Quand les autres s'étaient mis à tousser, tu t'étais simplement écarté, quand il avait fallut sortir pour dévaliser des supermarchés, t'avais étrangement disparu de la circulation. Par contre, quand à leur retour on avait fait la distribution, tu t'étais précipité, bousculant au passage quelques personnes. Un vrai rat.

- BONJOUR JE M'APPELLES LAUW ET JE SUIS ACCROC AU MULTICOMPTES.
- BONJOUUUUUUR LAUW !