6 mois avant l'attaque - Ochsner Hospital, NEW ORLEANS.Le rythme binaire de l'électrocardiogramme résonne dans le bloc silencieux, battant la cadence de ses gestes minutieux alors qu'il tente de garder sa patiente en vie. En vain. Dans ses yeux d'où se reflète la lueur d'un néon blafard, on peut lire la fatigue des nuits de garde; celles qu'il enchaine depuis plusieurs jours sans s'accorder une once de repos. Peu à peu, la musique de l'appareil se mue en un son continu, sonnant le glas d'une fin imminente et précipitée.
"Heure du décès, 3.27 am". Son regard se pose sur ce corps sans vie allongé sur sa table d'opération, dans un soupire déçu, il abaisse le masque de papier qui cache ses lèvres. L'infirmière tire un draps sur le visage de la jeune femme, le faisant disparaitre définitivement. Jessica Malrowe était morte ce soir, laissant derrière elle une famille, un mari, un tas d'années qu'elle aurait dû vivre, écourtées d'une balle en pleine poitrine qui l'avait fauchée ce soir en plus de la vie de douze autres humains. Elle emportait son secret dans la tombe, celui qu'ils partageaient tous deux, celui de tous leurs semblables. Elle n'avait pas mérité ça.
Il retire ses gants maculés de sang, les jette négligemment et quitte la salle d'un pas pressé. Dans la pièce voisine, un humain blessé hurle à la mort, harnaché sur son lit d'hôpital, il repousse d'un geste brusque une externe qui tente de panser ses plaies. Ce soir, cet homme qui a causé la mort d'une dizaine de personnes aura droit au même traitement que Jessica, mais lui s'en sortira indemne.
4 mois après l'attaque - sud de l'Ohio.
Parsemé de bris de verre, le liquide doré se répand progressivement sur le parquet brunâtre. Il l'observe un instant poursuivre sa lente course jusqu'au tapis, bercé par les effluves d'alcool qui émane des vestiges. Brisant le silence, des pas résonnent dans le couloirs, approchant. Alerté par le fracas, un homme entre dans la pièce, passant brièvement l'encadrement de la porte. "Tout va bien monsieur ?" Accompagné d'un soupire, Wade répond d'un ton irrité
"ça va ! vous pouvez disposer" accompagnant ses mots d'un geste désinvolte. Il n'a vraiment pas envie d'être dérangé.
D'un regard sombre, un rictus amer déformant ses lèvres, il fixe sa main dont les doigts s'animent dans un cliquetis métallique avant de l'abattre violemment contre le bois laqué de la table. Il enrage. Il n'est plus bon à rien, pas même à tenir un simple verre comme n'importe quel idiot saurait faire. Plus d'implantations, d'opérations, de soins même les plus primaires, ce à quoi il avait consacré toute sa vie depuis son arrivée sur Terre lui était désormais interdit. Ce jour là, il y a près d'un mois maintenant, cet humain l'avait rendu inutile, futile auprès des siens. Depuis ne subsistait en lui que la rage, la douleur et la frustration.
6 mois après l'attaque - michigan.Un hurlement étouffé résonne dans ce paysage glacé et désert, rompant le silence de mort propre aux mâtinés d'hiver. "On en fait quoi de celui là ?" demande le bleu, observant avec une certaine crainte l'humain solidement harnaché qui lui fait face. Le regard furieux, il se débat, s'agite, rumine sa colère, en vain. L'observant en coin, Wade fait quelques pas autour de lui, posant ses yeux semblable à deux billes froides sur son prisonnier. Cet homme fera sans aucun doute un très bon soldat de plus une fois implanté.
"On l'embarque quelle question" grogne Wade, levant les yeux au ciel. D'un signe de tête, il fait signe à ses hommes de le charger dans le fourgon.
Salit salut les coquinous !